mercredi 1 décembre 2010

Quand on élide à tort et à travers

Jeudi dernier, je suis tombée sur la faute suivante, dans une vitrine : «presqu’impossible» (voir billet de jeudi dernier).

Cette faute m’a alors fait penser au même problème que pose lorsque. Bien que j’aie réussi à systématiquement me souvenir que presque ne s’élide que devant île, je dois toutefois admettre qu’il m’est arrivé d’être embêtée et incertaine devant des formes telles lorsqu’évidemment ou lorqu’immédiatement.

APOSTROPHER OU NE PAS APOSTROPHER…
Certaines références proposent de restreinte l’utilisation de l’apostrophe, avec lorsque.

«LORSQUE
Quand, au moment où. Cette conjonction marque la simultanéité de deux actions.
NOTE. L’élision se fait devant les mots suivants : il, elle, en, on, un, une, ainsi.»(1)

Le Multidictionnaire(1) est donc catégorique : seuls les mots ci-dessus permettent d’utiliser l’apostrophe avec lorsque. Mais est-ce vraiment si clair?

L’Office québécois de la langue française (OQLF), dans sa banque de dépannage linguistique, ajoute pour sa part les contextes suivants : «devant avec, aussi, aucun et enfin»(2) (et fait fi du ainsi), en acceptant pour ces mots les formes élidée et non élidée, et note au passage que «[c]ertains auteurs et grammairiens autorisent cependant l'élision dans tous les contextes»(2).

D’autres, toutefois, semblent plus clairement affirmer que lorsque s’élide devant tout mot commençant par une voyelle ou un h muet, sans restriction aucune.

«L’élision de l’e est marquée par l’apostrophe :
[…]
3º Dans de, ne, que, jusque, lorsque, puisque, quoique, et dans les locutions conjonctives composées avec que[.]»(3)

«Devant d’autres mots commençant par une voyelle ou une [sic] h muette [sic], l’élision peut se rencontrer, et n’est pas réputée incorrecte.»(4)

Bien nébuleux tout ça. Comme quoi, encore une fois, dans cet état d’ambivalence, on laisse à l’auteur le choix de la règle. Est-ce que l’hypothèse proposant que «[l]a tendance, à l’oral, à lier lorsque au mot qui suit accentue le phénomène de l’élision à l’écrit»(2) est bien réelle, d’après vous? Si oui, on peut alors logiquement s’attendre à ce que presque finisse par subir le même sort que lorsque. Ce qui rendrait notre vitrine de jeudi dernier ‘linguistiquement légale’.

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) Banque de dépannage linguistique de l’OQLF
(3)
[GREVISSE, M. (1990). Précis de grammaire française, 29e édition. Éditions Ducolot, Paris.]
(4) Wiktionnaire

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