mercredi 30 novembre 2011

Courir à sa perte?

Aujourd’hui, je vous parlerai d’un mot qui est régulièrement utilisé de façon incorrecte lors de discours à caractère financier, et qu’on entend aussi dans d’autres contextes, parfois correctement, parfois incorrectement : le verbe encourir. Par exemple, si vous écoutez les nouvelles et qu’on dit d’un criminel que sa peine encourue est de deux ans, mais qu’on dit ensuite au sujet du gouvernement qu’il doit justifier les dépenses encourues, quelle(s) utilisation(s) est (sont) correcte(s), à votre avis?

ENCOURIR
«v. tr. LITTÉR. Se mettre dans le cas de subir (qqch. de fâcheux). → mériter (cf. s’exposer à). Encourir une amende, des peines très sévères.»(1)

«v. tr. (LITT.) S’exposer à (quelque chose de fâcheux). Encourir une amende, un châtiment.
FORMES FAUTIVES
*encourir. Anglicisme au sens de engager (une dépense).
*encourir. Anglicisme au sens de contracter (une dette).
*encourir. Anglicisme au sens de subir (une perte).»(2)

Ainsi, on constate qu’il est incorrect d’utiliser le verbe encourir au sens de «contracter une dette», «engager une dépense» ou «subir une perte». Ce qu’il faut retenir, ce que lorsqu’on utilise le verbe encourir, il doit y avoir l’idée de s’exposer à quelque chose aux conséquences désagréables, ou risquer un danger, une peine. La dépense, la dette ou la perte sont certes des événements fâcheux, mais ce sont plutôt leurs conséquences qui amèneront des désagréments.

On pourrait ainsi dire :
La perte que j’ai subie m’a fait encourir le blâme de mes pairs.
J’ai encouru la honte de ma famille après leur avoir avoué l’énorme dette que j’avais contractée
.

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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mardi 29 novembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Lu dans la chronique Voix publique de Josée Legault, dans l’édition du 3 novembre 2011 du Voir. «Prenons le PLQ [Parti libéral du Québec]. Il n’a plus de ‘‘libéral’’ que le nom. Sous Jean Charest, un pur produit du sérail Mulroney, il a pris de airs résolument conservateurs.»

SÉRAIL
«n. m. (ANCIENN.) Palais du sultan ottoman.»(1)

«n. m. 1. Palais du sultan, dans l’Empire ottoman. – LOC. FIG. Être né, élevé dans le sérail; être, faire partie du sérail : appartenir à une élite, un milieu influent fermé, par naissance ou cooptation(a) (→ happy few, initié). 2. VX ou ABUSIF Harem. – Femmes du harem.»(2)

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(a) COOPTATION
«n. f. Nomination d’un membre nouveau, dans une assemblée, par les membres qui en font déjà partie.»(2)
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 28 novembre 2011

L’hors du temps…


Parce que l’originalité et la créativité tiennent souvent dans de petits détails qui passent facilement inaperçus…

Vu dans le film Cashback.

samedi 26 novembre 2011

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
Lu dans une nouvelle insolite le 3 novembre dernier sur le site Les nouvelles Sympatico.ca. «Richard Kapinga, un comptable de 42 ans, se voit reprocher d’avoir eu la somme de 404.120.778,07 kwachas (2,4 millions de dollars) entre le 5 et le 22 septembre sur deux comptes lui appartenant et le bureau ACB suspecte que l’argent ait été ‘‘acquis par corruption’’, car la somme est disproportionnée par rapport à ses émoluments d’environ 300 dollars par mois.»

ÉMOLUMENT
«n. m. 1. VX Avantage, profit revenant légalement à qqn. ◊ MOD. DR. Actif que recueille un héritier, un légataire universel ou un époux commun en biens. 2. AU PLUR. Rétributions des actes tarifés d’un officier ministériel. → honoraires. ◊ PAR EXT. (ADMIN.) Rétribution représentant un traitement fixe ou variable. → appointements, honoraires, rémunération, salaire, traitement.»(1)

«Nom commun masculin
(Justice) Honoraires des officiers ministériels.
(Droit) Part des bénéfices de la communauté revenant à chacun des deux époux.
(Administration publique) Ensemble des sommes que touche un fonctionnaire quand, à son traitement fixe, soumis à une retenue pour pension civile, viennent s’ajouter des indemnités, des allocations non soumises à cette retenue.»(2)

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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) Wiktionnaire

vendredi 25 novembre 2011

Sainte-Catherine

En cette journée du 25 novembre, qui est le jour des catherinettes, je m’éloigne un peu de mes billets étymologiques habituels, et me penche sur l’origine de la fête des vieilles filles qu’est celle de la Sainte-Catherine.
Catherine [d’Alexandrie] serait née vers 290 dans une famille noble d’Alexandrie, en Égypte. Dotée d'une grande intelligence, elle acquit rapidement des connaissances qui la placèrent au niveau des plus grands poètes et philosophes du moment. Une nuit, elle vit en songe le Christ et décida de lui consacrer sa vie, se considérant comme sa fiancée. Le thème du mariage mystique est commun dans l’Est méditerranéen.

Le paragraphe suivant décrit la fin de Catherine telle que rapportée par l’hagiographie chrétienne : L’empereur de Rome, Maximien, venu à Alexandrie, y présidait une grande fête païenne. La jeune fille saisit cette occasion pour tenter de l’amener à se convertir au christianisme, mais cela ne fit que soulever sa colère. Pour la mettre à l’épreuve, il lui impose un débat philosophique avec cinquante savants, mais au grand dépit de l’empereur, elle réussit à les convertir. Maximien les fait exécuter et pourtant propose le mariage à Catherine qui refuse avec mépris. L’empereur ordonne alors de la faire torturer en usant d’une machine constituée de roues garnies de pointes. Par un miracle divin, les roues se brisent sur son corps, et les pointes aveuglent les bourreaux. Obstiné, Maximien ordonne alors qu’elle soit décapitée.(1)


Elle finira décapitée le 25 novembre 307 et deviendra la seule Sainte du paradis à posséder trois auréoles : la blanche des vierges, la verte des docteurs et la rouge des martyrs.
[…]
La tradition de Sainte Catherine remonte au Moyen Âge. À l'époque, les filles de 25 ans qui n’étaient pas encore mariées revêtaient des tenues et des chapeaux extravagants et se rendaient en cortège devant une statue de Sainte Catherine pour la parer de fleurs, rubans, chapeaux ... Elles coiffaient Sainte Catherine dans l’espoir de trouver un mari!(2)


Par sa virginité, sainte Catherine est le symbole de la pureté (le nom vient d'ailleurs du grec katharos qui veut dire «pur», mot d’où vient aussi le nom des Cathares.
[…]
Si elles respectent la tradition, le 25 novembre, ces célibataires doivent se mettre un couvre-chef comportant les couleurs jaune (symbole de la foi) et verte (symbole de la connaissance), en rappel de l’ancienne tradition qui voulait que des jeunes filles coiffent la statue de sainte Catherine à Paris, ce jour-là.(3)
Maintenant, nous connaissons l’origine de cette fête. Toutefois, qu’en est-il de la tradition de manger de la tire cette journée-là?
On raconte que Marguerite Bourgeoys, notre première institutrice nationale, aurait concocté cette friandise pour attirer les jeunes Amérindiens à l’école... peut-être un 25 novembre, jour de la fête de sainte Catherine. Est-ce la vérité ou simplement une belle histoire? Ce qui est sûr, c’est que cette journée, jusqu’à un passé pas si lointain, était célébrée chaque année dans toutes les écoles du Canada français. Outre qu’on s’y amusait, cette fête était également l’occasion pour les écoliers de manger de la tire. Et le plaisir ne s’arrêtait pas là, on profitait également de l’occasion pour en confectionner à la maison où la préparation de cette friandise et, surtout, la fameuse étape d’étirement devenaient prétexte à la fête et peut-être aux rapprochements entre catherinettes (nos jeunes filles de 25 ans et plus qui n’avaient toujours pas trouvé mari) et jeunes gens disponibles.

Mais, au risque d’ébranler la légende, on trouve une tradition semblable aux États-Unis où la coutume de se réunir pour confectionner le taffy, de la même manière, et peut-être dans le même but qu’ici, est également rapportée; ces soirées étaient appelées taffy-pull ou taffy-pulling. Qui plus est, on dit qu’elles subsisteraient encore dans le pays de Galles. Peut-on penser que cette coutume aurait été apportée ici par les Britanniques?(4)
Ainsi, ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne fête de la Sainte-Catherine, avec ou sans coiffe, et préférablement avec de la bonne tire Sainte-Catherine.

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(1) Wikipedia
(2) Joyeuse-fete.com
(3) Expressio.fr
(4) Office québécois de la langue française

Autres sources à consulter :
Insecula.com
Maisonsaint-gabriel.qc.ca

jeudi 24 novembre 2011

La faute du jeudi – catégorie ‘orthographe’ ou ‘coquille’

→ «ARRÉT» ←

ARRÊT
«n. m. 3. QUÉBEC Panneau de signalisation exigeant un arrêt. SYN. stop.»(1)

Source de l'image : Wikimedia commons

CORRECTION
ARRÊT


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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 23 novembre 2011

Comment avoir un si haut degré de compétence en français

Lorsque vous lisez un long document, à caractère administratif par exemple, il est fréquent qu’on fasse référence à des passages précis décrits en amont de ce que vous êtes rendus à lire. Comment doit-on référer correctement à ces passages?

CI-HAUT
«Impropriété pour ci-dessus(1)
Les personnes ci-haut mentionnées…
On ne trouve pas l’adverbe ci-haut dans les dictionnaires. Il aurait été plus juste de dire : Les personnes mentionnées plus haut, mentionnées précédemment ou mentionnées ci-dessus. On pouvait également dire : Les personnes susmentionnés. La première syllabe de susmentionné se prononce su ou suss.(2)

Le substantif haut signifie notamment «partie supérieure d'une chose». Par exemple, le haut d’une page, qui désigne la partie qui se trouve en tête de la page, correspond à cette définition. Comme adverbe, précédé de plus, haut peut aussi se dire d’une page ou d’un texte, puisqu’il signifie alors «précédemment dans le texte, dans les lignes qui précèdent». Plus haut, qui équivaut à la locution ci-dessus, a d’abord eu le sens de «précédemment dans le déroulement d’un récit».
[…]
Par contre, la locution ci-haut ne figure dans aucun dictionnaire et est considérée comme un barbarisme. La particule démonstrative ci-, du latin ecce hic, «voici ici», suivie d’un trait d’union ne s’emploie que dans quelques locutions, où elle indique la proximité. Seuls des adverbes qui sont ou qui ont déjà été des prépositions (devant, dessus, dessous, après, contre) et certains participes passés (inclus, joint, annexé) semblent avoir pu former des locutions avec cette particule. La seule exception connue est avec le verbe particulier gésir (ci-gît). Comme la particule ci- est vieillie et qu’elle ne survit que dans ces usages, elle ne devrait pas entrer dans la formation de nouvelles locutions avec des mots de nature différente. On remplacera donc ci-haut par ci-dessus, plus haut, précédemment ou supra.(3)
Si vous avez pris soin de bien lire les explications ci-dessus, vous connaissez maintenant plusieurs synonymes pour remplacer l’expression fautive ci-haut.

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) BERTRAND, Guy. Le français au micro.
(3) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française

mardi 22 novembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Lu dans un article publié le 28 août 2011 dans la section Les nouvelles du site Web Sympatico, au sujet de nouveaux trolleybus climatisés pour la Société de transport de Montréal (STM) en 2017. «On a l’impression que plusieurs projets sont au point mort… C’est vrai qu’il y a des atermoiements concernant le système rapide par bus sur Pie-IX, mais ça n’empêche pas d’avancer.»

ATERMOIEMENT
«n. m. Délai, action de remettre à un autre temps. Des atermoiements constants. NOTE. Ce nom s’emploie généralement au pluriel.»(1)

«n. m. 1. DR. Délai accordé à un débiteur pour l’exécution de ses engagements. → concordat(a), moratoire. 2. PAR EXT. COUR. Action de différer, de remettre à un autre temps. → ajournement, hésitation, tergiversation. ◊ CONTR. Décision.»(2)

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(a) CONCORDAT
«n. m. Accord écrit à caractère de compromis. → convention, transaction. ◊ COMM. Accord collectif passé, dans le cadre d’un règlement amiable, entre un débiteur et ses créanciers afin d’organiser les opérations d’apurement(b) de ses dettes. → atermoiement.»(2)
(b) APUREMENT
«n. m. FIN. Vérification de la régularisation d’un compte après laquelle un comptable, un opérateur est reconnu quitte.»(2)
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 21 novembre 2011

Louez-moi…


Moi, quand je passe devant ce genre d’affiche, j’ai envie de m’agenouiller devant, et de faire de grands signes de bras vers le sol en chantant «Aaaaalleluïa!».

Pas vous? :)

samedi 19 novembre 2011

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
Critique de l’interprétation de Marc Labrèche dans la pièce Frankenstein, en 1992, par Luc Boulanger, republiée dans le Voir du 20 octobre 2011 (pour les 25 ans de Voir). «Du monologue du début jusqu’à la fin, Labrèche entretient un rapport particulier (très intime) avec son public. Il lui parle, le drague, la harangue, lui offre du vin, lui demande de partir, etc.»

HARANGUER
«v. tr. Faire des remontrances longues et insistantes. SYN. sermonner.»(1)

«v. tr. Adresser une harangue(a) à (un groupe de personnes). ◊ FIG. Faire d’ennuyeux discours, de longues remontrances à (des personnes). → sermonner(2)

--
(a) HARANGUE
«n. f. 1. Discours solennel prononcé devant une assemblée, un haut personnage. → catilinaire(b), philippique(c). 2. Dicours pompeux et ennuyeux; remontrance interminable (→ sermon).»(2)
(b) CATILINAIRE
«n. f. LITTÉR. Discours violemment hostile. → philippique(c)(2)
(c) PHILIPPIQUE
«n. f. LITTÉR. Discours violent contre une personne. ◊ CONTR. Apologie.»(2)
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 18 novembre 2011

Abrupt, courroux et cie

Quels est le lien sémantique entre les mots abrupt, courroux, interrompre et rupestre, à votre avis?
ROMPRE
famille du latin rumpere, ruptus «briser violemment», auquel se rattachent :
1) rupes, is- «précipice, roche»
2) ruptio, ruptura «effraction, rupture»
3) abrumpere, abruptus «détacher en brisant»;
corrumpere, corruptus «faire crever, gâter»;
erumpere «faire en brisant», interrumpere «couper en brisant»;
irrumpere «se précipiter dans, forcer l’entrée de…».

I. MOTS POPULAIRES
1. rompre (rŭmpĕre);
2. corroucer (*corrŭptiāre, dérivé de corrŭptum «endommager, maltraiter»), courroux;
3. corrompre (corrŭmpĕre);
4. interrompre (interrumpĕre);
5. route (rŭpta «chemin frayé en coupant (dans une forêt)»), routine (sens figuré de «ligne de conduite»);
6. dérouter;
7. déroute;
8. raout (de l’anglais rout «assemblée»);
9. roture (rŭptūra «terre récemment défrichée (pour laquelle on doit une redevance à un seigneur)».

II. MOTS SAVANTS
A. BASE -rupt-

1. corruption (corruptio), corruptible (corruptibilis);
2. rupture (ruptura);
3. éruption (eruptio);
4. interruption (interruptio);
5. irruption (irruptio);
6. abrupt (abruptus «brusquement»).

B. rupestre (rupes «rocher»).(1)
Ainsi, qu’on parle d’interruption, d’irruption ou de route, il est toujours question de «briser violemment» ou de rompre quelque chose : que ce soit le temps, l’entrée ou la forêt. :)

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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 17 novembre 2011

La faute du jeudi – catégorie ‘grammaire’

→«Robin étudie les relations publics à l’UCS…»←

ACCORD DE L’ADJECTIF
«D’une façon générale, l’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il accompagne.»(1)
«L’adjectif qualificatif s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom auquel il se rapporte.»(2)

RELATION
«n. f.»(3)

PUBLIC, IQUE
«adj.»(3)

CORRECTION
Robin étudie les relations publiques à l’UCS…

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2003). La nouvelle grammaire en tableaux, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [GREVISSE, Maurice (1990). Précis de grammaire française, 29e édition. Éditions Ducolot, Paris.]
(3) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 16 novembre 2011

Fournissez-vous un effort minimal pour obtenir les résultats maximums?

Selon si on est dans un extrême ou dans l’autre, on donne son maximum ou on ne fait que le minimum. Peu d’ambiguïté lorsqu’on utilise les substantifs. Mais qu’en est-il des formes adjectivales? Doit-on parler d’un âge minimum ou d’un âge minimal, pour obtenir son permis de conduire par exemple?

MINIMAL, ALE, AUX
«adj. Qui constitue un minimum. NOTE L’emploi de la forme française de cet adjectif est à préférer à la forme latine minimum(1)
«adj. 1. Qui constitue un minimum. (REM. Tend à remplacer l’adj. minimum.(2)

MINIMUM
«adj. et n. m. (pl. minimums ou minima) […] ADJECTIF Minimal. NOTE L’adjectif conserve la même forme au masculin et au féminin, mais prend la marque du pluriel. L’emploi de l’adjectif minimal est préférable.»(1)
«II. Adj. Qui constitue un minimum. → minimal(2)

Les adjectifs maximal et maximum signifient tous deux «qui constitue le degré le plus élevé». Ils peuvent donc, en théorie, être employés dans les mêmes contextes.

Cependant, il vaut mieux n’employer le mot maximum que comme substantif et privilégier l'emploi de l’adjectif maximal à celui de maximum. On évitera ainsi la confusion engendrée par les différentes formes que peut prendre l’adjectif maximum au féminin (une peine maximum ou maxima) et au pluriel (des effectifs maximums ou maxima). L’adjectif maximal quant à lui prend les formes suivantes : un effort maximal, une peine maximale, des délais maximaux, des fréquences maximales.
[…]
Pour les mêmes raisons, on préférera l’adjectif minimal à l’adjectif minimum, ainsi que l’adjectif optimal à l'adjectif optimum.(3)
L’affaire est donc toute simple : privilégier l’utilisation des formes latines, minimum et maximum, lorsqu’il est question du nom commun, et des formes françaises, mininal et maximal, lorsqu’on utilise l’adjectif.

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française

mardi 15 novembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Lors de l’émission Tout le monde en parle, diffusée à Radio-Canada le 16 octobre 2011, l’animateur Guy A. Lepage s’entretient avec Anthony Calvillo, quart-arrière des Alouettes de Montréal, et lui demande : «Vous pensez à quoi quand vous voyez deux gros taupins de 300 livres vous arriver dessus?»

TAUPIN
«n. m. 1. VX Soldat qui pose des mines sous terre. 2. ZOOL. Insecte dont la larve filiforme appelée ver fil de fer ou ver jaune cause de grands dégâts dans les cultures en sectionnant les jeunes racines. 3. Élève qui se prépare à Polytechnique (d’où sortent les officiers de Génie); PAR EXT. Élève de mathématiques spéciales (→ taupe).»(1)

«A. 1. Arg. milit., vx Soldat du génie qui fait un travail de taupe dans les sièges. 2. HIST. Francs(-taupins) Corps de fantassins levés par Charles VII, en 1448, qu'on employait surtout à creuser des mines, des tranchées. 3. Arg. scol. Élève de mathématiques spéciales, se préparant au concours d'entrée des grandes écoles scientifiques (Polytechnique, Centrale, Normale sciences). 4. Région. (Canada). Personne de forte stature, très robuste. B. ENTOMOL. Insecte coléoptère d'Europe, d'Amérique, noir-brun, roux, parfois phosphorescent, au corps oblong, aux élytres pointus, capable de sauter brusquement lorsqu'il se retrouve sur le dos, vivant des racines de plantes, nuisible aux cultures.»(2)

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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) Trésor de la langue française informatisé, à l'entrée taupin

lundi 14 novembre 2011

Escorte mobile


Pour ceux qui se cherchent une escorte… mobile! Étrangement, on ne voit pas, sur le camion blanc, de numéro de téléphone où contacter ladite escorte. Pas pratique...

dimanche 13 novembre 2011

Lu – no 4

Quand : Le 7 novembre 2011.
Où : Sur le site Voir.ca.
Contexte : Lu dans le Voir en ligne, dans un article, daté du 27 octobre 2011, d’Olivier Robillard Laveaux sur le nouvel album de Cœur de pirate.

«On comprend alors que les ballades naïves du premier album homonyme font ici place à plus de mordant, une tendance confirmée par les titres suivants […]»

HOMONYME
«adj. et n. m. Se dit de mots de prononciation identique (→ homophone) et de sens différents, qu’ils soient de même orthographe (→ homographe) ou non.»(1)

Notre journaliste aura plutôt voulu parler de son album éponyme.

ÉPONYME
«adj. ANTIQ. GR. Qui donne son nom à (qqn, qqch.). MOD. Tenir le rôle éponyme d’une pièce, d’un film (ex. le rôle d’Ondine dans la pièce du même nom).»(1)

Un beau paronyme que vient de nous faire monsieur Robillard Laveaux!

PARONYME
«adj. et n. m. DIDACT. Se dit de mots presque homonymes qui peuvent être confondus (ex. conjecture, conjoncture; éminent, imminent).»(1)

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* Exceptionnellement cette semaine, «entendu» devrait plutôt être changé pour «lu».
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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

samedi 12 novembre 2011

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
Entendu à l’émission 75 ans et toujours jeune, diffusée sur les ondes de Radio-Canada le 16 septembre 2011 à 21h. «Son Émilie Bordeleau [en parlant de Marina Orsini qui l’incarnait dans la série Les filles de Caleb], jeune maîtresse fonceuse et pleine de bagou, restera l’un des personnages marquants de notre télévision.»

BAGOU ou BAGOUT
«n. m. (FAM.) Grande facilité de parole. Elle a beaucoup de bagou, un peu trop de bagout. SYN. éloquence; faconde(a); volubilité.»(1)

«n. m. Loquacité tendant à convaincre, à faire illusion ou à duper. → faconde(a), loquacité, volubilité. Avoir du bagout, un bon bagout (→ baratineur).»(2)

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(a) FACONDE
«n. f. (LITT.) Disposition habituelle à parler beaucoup.»(1)
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 11 novembre 2011

En ce 11-11-11 : Armistice

En souvenir de nos vétérans qui ont combattu lors de la première guerre mondiale, et en ce jour de l’Armistice ou jour du Souvenir qui leur est dédié, j’ai voulu connaître l’étymologie du nom de cette commémoration.

«armistice latin diplomatique moderne armistitium formé à l’aide d’un dérivé de sistere ‘‘arrêter’’»(1)

«Du latin arma (‘‘armes’’) et sistere (‘‘s’arrêter’’).»(2)

«ÉTYMOL. ET HIST. − 1680 masc. […] Empr. au lat. médiév. armistitium […] formé du lat. arma (‘‘arme’’) et de statio ‘‘état d'immobilité’’ sur le modèle de interstitium (‘‘interstice’’) solstitium (‘‘solstice’’), justitium ‘‘vacance de tribunaux’’».(3)
«Armistice»... le mot n’est pas si facile à prononcer. Construit sur le modèle de solstice, son étymologie est un peu étrange : il est formé à partir de deux racines latines, arma, «les armes», et stare qui signifie, entre autres choses : «se tenir, se tenir debout», et qu’il faut comprendre ici plutôt dans le sens «se tenir immobile, être à l’arrêt»… C’est donc l’arrêt des armes. Est-ce la paix? Presque… pas encore. Cela veut dire qu’on ne se tue plus, ce qui est déjà beaucoup, que l’on arrête les hostilités, et qu’on va ensuite négocier la paix, signer les traités, etc. Est-ce un synonyme de trêve? Non, car la trêve est souvent comprise comme un moment sans guerre… au milieu d’une guerre. La trêve est provisoire; l’armistice est définitif.(4)
Ainsi, pensez aux deux minutes de silence, à 11h, en l’honneur de ceux qui ont signé, en 1918, l’armistice, ou l’arrêt des armes, et donc, la fin de la guerre.

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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) Wiktionnaire
(3) Centre national de ressources textuelles et lexicales
(4) AMAR, Yvan. Chilton.com

jeudi 10 novembre 2011

La faute du jeudi – catégories ‘grammaire’ et ‘sémantique’

→ «BUREAU DE PRESTIGE A LOUER …
avec Entrée et Ascenceur Privé» ←

La faute de cette semaine est subtile, mais importante quant au sens.

Pour la simple raison que le mot privé est ici accordé au masculin singulier, cela implique qu’il ne se rapporte qu’à ascenceur (maculin singulier), auquel il lui est accolé. Ainsi, l’annonce revient à dire : «Nous avons un bureau à louer, et ce bureau a un ascenceur privé, mais il a aussi une entrée!» Qui a besoin de spécifier, dans une annonce, qu’un bureau possède une entrée? Imaginez simplement : «Bureau de prestige à louer, avec entrée». Peu probable comme annonce.

Ce qu’on a sûrement plutôt voulu dire, selon toute vraisemblance et à mon avis, c’est que ledit bureau possédait une entrée privée, qui lui est propre. Pour ce faire, il suffisait d’accorder l’adjectif privé à la fois avec entrée et avec ascenceur.

«ACCORD DE L’ADJECTIF QUALFICATIF
L’adjectif qualificatif qui se rapporte à plusieurs noms ou pronoms se met au pluriel et prend le genre des mots qualifiés :
Un livre et un cahier neufs. – Servitude et grandeur militaires.
Si les mots qualifiés sont de genres différents, l’adjectif se met au masculin pluriel :
Une veste et un pantalon neufs(1)

CORRECTION*
BUREAU DE PRESTIGE A LOUER … avec Entrée et Ascenceur Privés

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* Idéalement, on prendrait aussi le temps d’ajouter l’accent grave au A dans A LOUER, puisqu’il s’agit d’une préposition et non du verbe avoir; et on s’assurerait d’enlever les majuscules à Entrée, Ascenceur et Privé, puisque cette utilisation de majuscule à chaque mot est typique de l’anglais et n’a pas lieu en français.

RECORRECTION
BUREAU DE PRESTIGE À LOUER … avec entrée et ascenceur privés
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(1) [GREVISSE, Maurice (1990). Précis de grammaire française, 29e édition. Éditions Ducolot, Paris.]

mercredi 9 novembre 2011

Comment donnez un minimum quand on nous demande un maximum

Je suis récemment tombée, en cherchant d’autres informations langagières, sur une capsule de Guy Bertrand, premier conseiller linguistique à Radio-Canada, qui traitait de l’usage des locutions au minimum et au maximum lorsqu’elles sont utilisées avec un verbe comme réduire ou diminuer. Cela m’a rappelé l’ambiguïté à laquelle j’avais l’impression d’être confrontée lorsque je lisais, dans les textes que je corrige, des phrases telles : Nous devrons prendre soin de réduire au minimum nos dépenses pour l’année qui vient.

Ressentez-vous l’ambiguïté, ici? Pour ma part, je pouvais à la fois voir deux interprétations complètement contradictoires, pourtant tout aussi possible l’une que l’autre. D’abord, le sens «réduire nos dépenses au plus bas niveau possible», mais aussi le sens «réduire le moins possible nos dépenses». Voici l’explication, et surtout le conseil de Guy Bertrand à ce sujet.
Le maire a demandé aux citoyens de réduire au minimum leur consommation d'eau.

Bien qu’elle ne soit pas fautive, la phrase ci-dessus présente une certaine ambiguïté. Les principaux ouvrages linguistiques ne s’entendent pas sur l’emploi des locutions au minimum et au maximum avec le verbe réduire. En fait, si on veut mettre l’accent sur l’action de réduire, il faut utiliser la locution au maximum. Réduire quelque chose au maximum, c’est réduire cette chose le plus possible. En revanche, si on veut mettre l’accent sur le résultat, il est préférable d’employer la locution au minimum. Réduire une chose au minimum, c’est réduire cette chose jusqu’à ce qu’on se retrouve avec le plus petit résultat possible. Et si on veut éviter toute confusion, on utilisera la locution le plus possible. Ici, on aurait pu reformuler la phrase comme suit : Le maire a demandé aux citoyens de réduire le plus possible leur consommation d’eau.(1)
Ainsi, bien qu’en soi, certains affirment que «[l]es deux locutions sont […] correctes lorsqu'il y a une idée de diminution»(2), la solution proposée ci-dessus par Guy Bertrand a l’avantage de lever toute ambiguïté, ce qui n’est pas à négliger.

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(1) BERTRAND, Guy. Le français au micro.
(2) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française

mardi 8 novembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Lu dans un article à caractère insolite sur le site Les nouvelles de Sympatico, le 7 octobre 2011. «Le créateur de la Kalashnikov canarde en justice un distributeur de boissons».

CANARDER
«1. v. tr. FAM. Tirer sur (qqn) d’un lieu où l’on est à couvert, comme dans la chasse aux canards. 2. v. intr. MUS. Faire une fausse note, un canard(a). ◊ MAR. Navire qui canarde, plonge par l’avant et embarque de l’eau.»(1)

«v. tr. Tirer en restant à l’abri.»(2)

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(a) CANARD
«n. m. 4. Son criard, fausse note. → couac.»(1)
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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

lundi 7 novembre 2011

Pourquoi j’aime tant l’automne

Pour le vent qui fait tomber les feuilles, doucement.


Pour le soleil qui filtre à travers les feuillages colorés.


Pour les parcs qui prennent une toute autre allure lorsque leur sol est recouvert d’un tapis de feuilles : c’est un beau spectacle pour les yeux, ça sent bon les feuilles, et ça fait crounch crounch sous nos pieds.

Pour tous les arbres rouges, et pour l’Halloween et ses déguisements.

dimanche 6 novembre 2011

Entendu – no 21

Quand : Le 29 septembre 2011.
Où : À l’émission Fidèles au poste présentée sur les ondes de TVA, à 21h.
Contexte : L’animateur présente des archives d’anciennes émissions auxquelles ont participé ses invités. On rediffuse ici quelques extraits de l’émission Je regarde, moi non plus, diffusée de 2001 à 2003, où Varda Étienne devait tester des gadgets sexuels pour pouvoir les commenter.

«Je courais partout dans la maison, je faisais le tour… marathon, j’étais plus capable, …des bouées de chaleur, j’en pouvais plus!»

Un dernier petit conseil alors : n’oubliez pas vos bouffées de sauvetage lorsque vous irez en bateau la prochaine fois! :)

samedi 5 novembre 2011

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
Lu le 9 octobre 2011, sur le blog La vérité (réalite ?) est absurde. «Je n’ai pas très bien compris pourquoi, après avoir signé le charte, versé mon obole et pris mon bulletin, il a fallu refaire une queux [sic] encore plus longue pour glisser mon bulletin dans l’urne et re-signer…»

OBOLE
«n. f. 1. Ancienne monnaie française, valant un demi-denier. ◊ Ancienne monnaie grecque, valant le sixième d’une drachme(a). 2. VX Très petite somme. → sou. 3. MOD. Modeste offrande, petite contribution en argent.»(1)

«n. f. Don modeste. Apporter son obole à sa paroisse.»(2)

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(a) DRACHME
«n. f. 1. ANTIQ. GR. Poids équivalant à 3,24 g. – Monnaie d’argent divisée en six oboles. → aussi statère. 2. Ancienne unité monétaire de la Grèce moderne.»(1)
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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

vendredi 4 novembre 2011

Onde, vaseline, vodka et whisky

À votre avis, qu’ont en commun les mots présentés dans le titre? Quelle est l’idée qui les lie?
Racine indo-européenne *wed-/*wod-/*wd- : idée d’eau.

Le latin utilisait deux mots pour dire l’eau : aqua, d’où est issu le français eau, et unda, qui a donné onde en français. On saisit tout de suite le rapport entre onde et inonder (latin inundare), peut-être moins immédiatement avec abonder, (de abundare «déborder», «couler à flots», – avec le préfixe ab-, «venant de»).

Unda représente la forme *wd- de la racine, agrémentée d’un -n- infixé : *w/n/da.
Cette racine se retrouve dans le nom russe voda, «eau», dont le diminutif vodka désigne un alcool transparent comme l’eau.

Certains boivent la vodka comme de l’eau. D’autres en font autant avec le whisky. Ils ont raison eux aussi. Whisky est en effet la forma anglaise tirée de l’irlandais uisce signifiant «eau». De uisce on remonte à *udesce, et de là à *wd-es-kyo, où, perchée sur ses suffixes, on reconnaît la racine *wd.

Cette racine a fourni à d’autres langues le mot désignant l’eau. Avec un suffixe -r, on la retrouve non seulement en germanique (anglais water, allemand Wasser), mais en grec, où «eau» se disait hudôr.

C’est avec la même forme suffixée en -r que le grec a fait l’élément hudro-, bien vivant en français dans de nombreux mots commençant par hydro-.(1)
Voici, plus en détail, tous les mots issus de cette racine.
ONDE famille d’une racine indo-européenne *wed-, *wod- «eau».
En grec hudôr, hudatos d’où hydria «vase à eau» et le 1er élément de composés hydr(o)- «eau», d’où hudrôps «hydropisie», hudrôppikos «hydropique» et klepsudra, littéralement «voleuse d’eau», «horloge à eau servant à mesurer le temps accordé aux orateurs».
En latin forme à infixe nasal unda «eau mobile ou courante» , diminutif bas latin undula «légère ondulation»; dérivé verbaux abundare, redundare «déborder», «abonder» et inundare «submerger». Le latin uter, utris «outre» semble avoir été emprunté au grec hydria «vase à eau» par l’intermédiaire de l’étrusque.
En germanique, allemand Wasser, anglais et néerlandais water.
En slave russe voda, diminutif vodka.
En celtique, peut-être gaulois *wadana «eau».
En gaélique uisge «eau».

I. MOTS D’ORIGINE LATINE
1. onde (ŭnda), ondée, ondoyer, ondoiement, ondoyant, ondé, ondine;
2. abondance (abundantia), abonder (abundare), abondant (abundans), surabonder, surabondant, surabondance, surabondamment, abondamment;
3. inonder (inundare), inondation (inundatio);
4. redonder (redundare), redondant (redundans), redondance (redundantia);
5. ondulation (undula), onduler, ondulé, ondulant, onduleux, ondulatoire;
7. outre [subst. fém.] (uter, utris).

II. MOTS SAVANTS D’ORIGINE GRECQUE
1. hydropique (hudrôpikos), hydropisie;
2. hydre (hudra);
3. hydrie (hydria);
4. clepsydre;
5. hydraulique (hydraulicus), hydrolicien;
6. hydrique, hydrate, hydrater (base hydr-);
7. hydro-;
8. –hydre, -hydrique, -hydrie.

III. MOTS D’ORIGINE GERMANIQUE
1. water-closet;
2. water polo;
3. vaseline (wasser «eau» + el [de elaion «huile»] + -ine).

IV. MOT D’ORIGINE SLAVE
1. vodka «petite eau», diminutif de voda «eau».

V. MOT D’ORIGINE CELTIQUE
1. whisky (whiskybae), du gaélique uisge beatha «eau de vie».(2)
Il est intéressant de voir ici qu’on a obtenu des mots à consonnances bien différentes les uns des autres, tous issus d’une même racine partagée à travers plusieurs langues.

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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]
(2) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 3 novembre 2011

La faute du jeudi – catégorie ‘orthographe’

→ «… et les instructions d’entretient*, …» ←

ENTRETIEN
«n. m. 1. Action de maintenir en bon état. 2. Conversation suivie avec quelqu’un.»(1)

«n. m. I. 1. VX Moyen d’entretenir; ce qui entretient (un sentiment). 2. Soins, réparations, dépenses qu’exige le maintien (de qqch.). 3. VIEILLI Ce qui est nécessaire à l’existence matérielle d’un individu, d’une collectivité. 4. Fait de maintenir dans l’état actuel. II. Action d’échanger des paroles avec un ou plusieurs personne; sujet dont on s’entretient.»(2)

CORRECTION
…et les instructions d’entretien, …

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Remarque :
Ce genre de faute est plutôt fréquent sur des emballages de produits. Mais lorsque le produit est fait au Canada, je trouve ça plutôt décourageant.
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* À noter que la forme entretient existe aussi, mais il s’agit alors du verbe entretenir, conjugué au présent de l’indicatif, à la 3e personne du singulier : il entretient.
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mercredi 2 novembre 2011

Mot à usage unique? – no 4

Cette semaine, puisqu’il s’agit d’une expression que j’entends souvent dans les nouvelles météo ces temps-ci, je me suis demandé si on pouvait utiliser l’adjectif diluvien(ne) ailleurs qu’à propos de la pluie.

DILUVIEN
«adj. 1. Qui se rapporte au déluge. 2. Torrentiel. Des pluies diluviennes.»(1)

«1. DIDACT. ou LITTÉR. Qui a rapport au déluge. 2. COUR. Pluie diluvienne, très abondante. → torrentiel; déluge.»(2)

Comme notre adjectif semble intimement lié au déluge, allons voir dans quels contextes on peut utiliser le terme déluge. Peut-être cela nous inspirera-t-il…

DÉLUGE
«n. m. 1. Pluie torrentielle qui, d’après la Bible, recouvrit la Terre et noya ses habitants. 2. Pluie torrentielle, grande inondation. 3. (FIG.) Très grande quantité. Un déluge de cadeaux.»(1)

«n. m. 1. RELIG. MYTHOL. Cataclysme consistant en des précipitations continues submergeant la Terre. 2. Pluie très abondante, torrentielle. → averse, 1. cataracte, trombe; diluvien.PAR ANAL. Un déluge de larmes.flot, torrent. Déluge de paroles, de louanges, de compliments.avalanche, déferlement, flux.»(2)

De façon intéressante, déluge semble avoir plusieurs usages, dont certains figurés. Si, en effet, on peut dire un déluge de cadeaux, de paroles, de louanges, de compliments, peut-on penser qu’on pourrait, dans le même ordre d’idées, dire des cadeaux diluviens, des paroles diluviennes, des louanges diluviennes et des compliments diluviens? Malheureusement, c’est moins clair… Mais avouez que l’idée est intéressante!

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mardi 1 novembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Entendu vers 20h05, le 3 octobre 2011, dans le téléroman Yamaska, diffusé sur les ondes de TVA.

– C’est quoi le problème? Je l’ai trouvée la perle rare [une femme de ménage]. En plus, elle est disponible toute la journée du jeudi.
– Jeudi? Non, j’aimerais mieux vendredi…
– Ah! Là là! Tu commences à pinailler. Trouves-en donc une meilleure toi-même!

PINAILLER
«v. intr. FAM. Ergoter sur des vétilles, se perdre dans les subtilités (cf. Chercher la petite bête; couper les cheveux en quatre).»(1)

«Familier. Être pointilleux; chicaner sur des riens, ergoter sur des détails : Il pinaille sur tout.»(2)

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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) Larousse.com