vendredi 15 juin 2012

Une preuve est une preuve et est bonne parce qu'elle a été prouvée!

Inspirée de mon titre professionnel officiel, soit correctrice d’épreuves, j’ai été voir qui faisait partie de la famille étymologique du mot épreuve.
PROUVER mot latin comportant un 2e élément -bus, issu de -bhos, peut-être apparenté à la racine *bheu «croître» […]
1) probus, issu de *pro-bhos, littéralement «qui pousse bien droit», latin classique «de bonne qualité» et «honnête, loyal», d’où a) probitas «honnêteté» et les antonymes improbus et improbitas b) probare, approbare «approuver» et «faire approuver»; improbare, reprobare «désapprouver, rejeter»; probatio «épreuve, essai»; probabilis «digne d’approbation», «vraisemblable»
2) superbus, issu de *superbhos, littéralement «qui croît au-dessus des autres», latin classique «orgueilleux», d’où superbia «orgueil»[…].

- prouver (probare), prouvable, éprouver
- preuve, épreuve (dérivés de prouver et approuver, avec la voyelle eu des formes accentuées sur le radical)
- réprouver (reprobare)
- approuver (approbare)
- probable, probabilité (probabilis, probabilitas)
- probation, probatoire, probant (probatio, probans)
- approbation (approbatio)
- réprobation (reprobatio)
- superbe («orgueilleux», «grandiose», «très beau», superbus)(1)
Prouver, éprouver, approuver, réprouver. Probation, approbation, réprobation. Foncièrement, tous liés par le sens de «croître», mais de croître «droit», «de façon honnête», donc «correcte».
Probus est à l’origine du français probe, synonyme d’«honnête».
Probare, verbe dérivé de probus, signifiait «vérifier la bonne qualité, l’authenticité». Il a donné en français […]prouver.
Du nom dérivé proba est issu preuve : ce qui sert à établir qu’une chose est vraie.
Probabilis, adjectif dérivé de probare, signifiait «que l’on pourrait prouver», donc «vraisemblable». C’est l’origine du français probable.
[…]
Éprouver ne vient pas directement du latin. Il fut forgé en ancien français, sous la forme esprover, composée de prover et du préfixe -er, issu du latin -ex. Il signifiait d’abord «mettre à l’épreuve, vérifier». Il en fut dérivé esprove, devenu épreuve, au sens de «ce qui permet de vérifier la valeur d’un homme». Le sens d’éprouver s’élargit : de «mettre à l’épreuve», on passe à «faire l’essai de», puis «faire l’expérience de, tâter de»; c’est l’acception la plus commune aujourd’hui : «éprouver de la peine, de la joie, etc.».(2)
Après ces explications probantes, qu’est-il probable qu’il nous reste à prouver, cette fois? Peu importe les réprobations de gens peu probes; une fois la superbe épreuve réussie, on éprouve enfin de la fierté.

Pour conclure enfin et revenir sur le titre de ce billet, je vous enverrai (ré-)entendre la savoureuse preuve de Jean Chrétien. Même en anglais, c’est [presque...] limpide! :)

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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]

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