PROUVER mot latin comportant un 2e élément -bus, issu de -bhos, peut-être apparenté à la racine *bheu «croître» […]Prouver, éprouver, approuver, réprouver. Probation, approbation, réprobation. Foncièrement, tous liés par le sens de «croître», mais de croître «droit», «de façon honnête», donc «correcte».
1) probus, issu de *pro-bhos, littéralement «qui pousse bien droit», latin classique «de bonne qualité» et «honnête, loyal», d’où a) probitas «honnêteté» et les antonymes improbus et improbitas b) probare, approbare «approuver» et «faire approuver»; improbare, reprobare «désapprouver, rejeter»; probatio «épreuve, essai»; probabilis «digne d’approbation», «vraisemblable»
2) superbus, issu de *superbhos, littéralement «qui croît au-dessus des autres», latin classique «orgueilleux», d’où superbia «orgueil»[…].
- prouver (probare), prouvable, éprouver
- preuve, épreuve (dérivés de prouver et approuver, avec la voyelle eu des formes accentuées sur le radical)
- réprouver (reprobare)
- approuver (approbare)
- probable, probabilité (probabilis, probabilitas)
- probation, probatoire, probant (probatio, probans)
- approbation (approbatio)
- réprobation (reprobatio)
- superbe («orgueilleux», «grandiose», «très beau», superbus)(1)
Probus est à l’origine du français probe, synonyme d’«honnête».Après ces explications probantes, qu’est-il probable qu’il nous reste à prouver, cette fois? Peu importe les réprobations de gens peu probes; une fois la superbe épreuve réussie, on éprouve enfin de la fierté.
Probare, verbe dérivé de probus, signifiait «vérifier la bonne qualité, l’authenticité». Il a donné en français […]prouver.
Du nom dérivé proba est issu preuve : ce qui sert à établir qu’une chose est vraie.
Probabilis, adjectif dérivé de probare, signifiait «que l’on pourrait prouver», donc «vraisemblable». C’est l’origine du français probable.
[…]
Éprouver ne vient pas directement du latin. Il fut forgé en ancien français, sous la forme esprover, composée de prover et du préfixe -er, issu du latin -ex. Il signifiait d’abord «mettre à l’épreuve, vérifier». Il en fut dérivé esprove, devenu épreuve, au sens de «ce qui permet de vérifier la valeur d’un homme». Le sens d’éprouver s’élargit : de «mettre à l’épreuve», on passe à «faire l’essai de», puis «faire l’expérience de, tâter de»; c’est l’acception la plus commune aujourd’hui : «éprouver de la peine, de la joie, etc.».(2)
Pour conclure enfin et revenir sur le titre de ce billet, je vous enverrai (ré-)entendre la savoureuse preuve de Jean Chrétien. Même en anglais, c’est [presque...] limpide! :)
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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]
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