mercredi 27 juillet 2011

Reliaisons [sic] dangereuses

«Renseignements personnels. À moins que le participant n’ait autorisé l’administrateur ou toute autre entité reliée au concours à le contacter, les renseignements personnels recueillis sur les participants relativement à ce concours sont utilisés uniquement pour l’administration de ce concours et sont assujettis à la politique de [X] sur la protection de la vie privée à [adresse internet] et aucune communication, commerciale ou autre, non reliée à ce concours, ne sera envoyée au participant par l’administrateur.»(1)

On m’a souvent dit, dans le cadre de mon travail de correctrice, que l’utilisation de relier était fautive, sauf lorsqu’il est question de joindre physiquement deux objets (par exemple : Le pont Jacques-Cartier relie l’île de Montréal à la Rive-Sud). Intriguée par autant d’utilisations qui semblent fautives, j’ai voulu aller vérifier ce qu’en disent les ouvrages de référence.

«Le préfixe re- sert à indiquer le retour à un état antérieur, un changement de direction, un renforcement, la répétition, etc. […] Comme l’usage n’est pas toujours fixé, la consultation d’un dictionnaire s’impose, autant pour vérifier la forme du mot que son sens exact.

En effet, il faut éviter d’employer un verbe composé avec le préfixe re- lorsque le sens ne l’exige pas (par exemple, ne pas employer […] relier au lieu de lier […]).»(2)

RELIER
«v. tr. 1. Assembler, lier. Relier les feuillets d’un livre. 2. Faire communiquer. Un pont qui relie deux rives. SYN. faire raccorder, unir.»(3)
«v. tr. 1. Unir, rendre solidaire au moyen d’une attache. → assembler, attacher, lier. 2. Assembler, attacher ensemble (les feuillets formant un ouvrage) et les couvrir avec une matière rigide (→ reliure). 3. TECH. Assembler (les douves d’un tonneau) au moyen d’un cercle. → cercler; reliage. 4. Mettre en communication avec. → connecter, joindre, raccorder. 5. FIG. Mettre en rapport. Relier des idées, des indices.enchaîner, lier.CONTR. Déconnecter, délier, éparpiller, séparer.»(4)

«On peut parfois confondre les verbes lier et relier qui impliquent tous deux l’idée d’un lien ou d’une union, mais qui ne sont pas toujours synonymes pour autant.

Le verbe lier peut exprimer l’idée de ‘‘mettre ensemble’’, celle de ‘‘maintenir ensemble, attacher’’ ou de ‘‘joindre à l’aide d’une substance qui permet la cohésion d’un mélange’’, notamment en cuisine au sens d’‘‘épaissir (une sauce)’’, ou en parlant de matériaux.

Exemples :
- La fleuriste a lié les fleurs séchées à l’aide d’une ficelle.
- Quand on parle une langue étrangère, lier les mots n’est pas toujours facile.
- J’ai lié ma sauce avec de la farine.
- Les pierres du revêtement de cette maison ont été liées avec du ciment.

Le verbe lier peut aussi exprimer des liens moins matériels ou concrets; il peut s’agir de relations affectives ou sociales entre des personnes, ou encore de liens logiques entre des idées ou des faits.

Exemples :
- Leur voyage en Italie les a liés.
- Ils se sont liés d’amitié avec leurs nouveaux voisins.
- Nous avons lié conversation en attendant l’autobus.
- Une fois de plus, ce détective a lié les indices qui incriminent le suspect.
- Les coûts liés au projet ont dépassé ce qu’on avait prévu.

Qu’il s’agisse de liens concrets ou de liens abstraits, le verbe lier semble établir un lien intrinsèque, naturel, c’est-à-dire mettre ensemble des éléments qui sont de même nature, qui forment un tout ou qui sont semblables sous certains rapports.

On utilise également le verbe lier dans le sens de ‘‘fixer, attacher, enchaîner’’ ou d’‘‘astreindre par un engagement juridique ou moral’’, ou encore de ‘‘maintenir, retenir par un lien de dépendance’’. Dans ces emplois, le lien institué par le verbe lier semble être un ‘‘lien forcé’’.

Exemples :
- Elle était liée à une chaise lorsqu’on l’a retrouvée.
- Les partenaires étaient liés par un contrat d’une durée de dix ans.
- Leurs destins semblaient maintenant liés à jamais.

Formé du verbe lier auquel on a ajouté le préfixe re-, le verbe relier partage avec lier le sens d’‘‘assembler, joindre des éléments’’ et le sens plus abstrait de ‘‘mettre en rapport avec’’. Il signifie également ‘‘établir une communication, faire correspondre’’. Les liens institués par relier semblent extrinsèques, c’est-à-dire établis de l’extérieur, orientés vers un but. Dans les contextes où lier et relier sont possibles, une nuance de sens est sentie.

Exemples :
- Une grosse chaîne relie le voilier au ponton.
- Ces deux artères principales sont reliées par un tunnel.
- L’autoroute Transcanadienne relie un grand nombre de villes du pays.
- Notre jeune écolier apprend à relier (ou lier) les lettres de son nom.
- Ses problèmes d’asthme sont en partie reliés (ou liés) à la pollution atmosphérique.
- On peut relier (ou lier) ces événements aux derniers attentats.

Enfin, le verbe relier a développé des sens indépendants du verbe lier, nettement plus techniques. Il peut ainsi signifier ‘‘assembler les pages d’un livre’’ ou encore ‘‘assembler les douves d’un tonneau à l’aide de cercles’’.

Exemples :
- Ce livre a été relié par les services spécialisés de l’université.
- Son travail consistait à relier des futailles pour les vendanges.

Bien que le préfixe re- exprime notamment l’idée de répétition lorsqu’il est accolé à un mot, le sens ‘‘lier une seconde fois’’ du verbe relier est un emploi vieilli qui n’est plus utilisé aujourd’hui.»(5)

CONCLUSION
Si l’on se fie aux informations fournies par l’Office québécois de la langue française (OQLF) (voir segment souligné ci-dessus), il semble alors que notre exemple du début aurait plutôt dû se lire : toute autre entité liée au concours et aucune communication, commerciale ou autre, non liée à ce concours, puisqu’il est question ici d’un engagement juridique (ou commercial).

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(1) Source : http://sympaticocontests.ca/contests/quebecvegas_fr/rules.aspx [lien désuet]
(2) [GUILLOTON, N. & H. Cajolet-Laganière (2005). Le français au bureau, 6e édition. Les publications du Québec.]
(3) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(4) [Le nouveau Petit Robert, édition 2004. Paris.]
(5) Banque de dépannage linguistique de l’OQLF

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