mercredi 9 novembre 2011

Comment donnez un minimum quand on nous demande un maximum

Je suis récemment tombée, en cherchant d’autres informations langagières, sur une capsule de Guy Bertrand, premier conseiller linguistique à Radio-Canada, qui traitait de l’usage des locutions au minimum et au maximum lorsqu’elles sont utilisées avec un verbe comme réduire ou diminuer. Cela m’a rappelé l’ambiguïté à laquelle j’avais l’impression d’être confrontée lorsque je lisais, dans les textes que je corrige, des phrases telles : Nous devrons prendre soin de réduire au minimum nos dépenses pour l’année qui vient.

Ressentez-vous l’ambiguïté, ici? Pour ma part, je pouvais à la fois voir deux interprétations complètement contradictoires, pourtant tout aussi possible l’une que l’autre. D’abord, le sens «réduire nos dépenses au plus bas niveau possible», mais aussi le sens «réduire le moins possible nos dépenses». Voici l’explication, et surtout le conseil de Guy Bertrand à ce sujet.
Le maire a demandé aux citoyens de réduire au minimum leur consommation d'eau.

Bien qu’elle ne soit pas fautive, la phrase ci-dessus présente une certaine ambiguïté. Les principaux ouvrages linguistiques ne s’entendent pas sur l’emploi des locutions au minimum et au maximum avec le verbe réduire. En fait, si on veut mettre l’accent sur l’action de réduire, il faut utiliser la locution au maximum. Réduire quelque chose au maximum, c’est réduire cette chose le plus possible. En revanche, si on veut mettre l’accent sur le résultat, il est préférable d’employer la locution au minimum. Réduire une chose au minimum, c’est réduire cette chose jusqu’à ce qu’on se retrouve avec le plus petit résultat possible. Et si on veut éviter toute confusion, on utilisera la locution le plus possible. Ici, on aurait pu reformuler la phrase comme suit : Le maire a demandé aux citoyens de réduire le plus possible leur consommation d’eau.(1)
Ainsi, bien qu’en soi, certains affirment que «[l]es deux locutions sont […] correctes lorsqu'il y a une idée de diminution»(2), la solution proposée ci-dessus par Guy Bertrand a l’avantage de lever toute ambiguïté, ce qui n’est pas à négliger.

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(1) BERTRAND, Guy. Le français au micro.
(2) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française

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