[L]es mots dû à s’emploient de façon tout à fait justifiée avec le verbe être (parfois sous-entendu) dans le sens de «causé par» ou «attribuable à», l’expression dû à ne doit pas être employée comme locution prépositive pour signifier «à cause de, en raison de, du fait de, par suite de», «à la suite de» ou «grâce à».On peut souvent tenter de remplacer l’expression qu’on soupçonne d’être inadéquate par une autre, pour en justifier ou non le caractère correct.
Exemples :
- Le retard de l’avion est dû aux tempêtes qui sévissent sur la côte.
- Cette méprise due à l’inexpérience du jeune employé ne se reproduira pas.
Exemples fautifs :
- Dû au mauvais temps, tous les vols sont retardés.
- Sa voiture a dérapé dû aux freins trop usés.
- Dû à l’embouteillage sur le boulevard Laurier, je suis arrivée en retard.
- Dû à des changements de dernière minute, il a fallu rédiger un nouveau contrat.(1)
La locution adjectivale dû à est bien française. Par exemple, il est tout à fait correct de dire : Le retard est dû à un problème technique. Si on peut la remplacer par attribuable à ou imputable à, la locution dû à est bien choisie. En revanche, la locution dû à est considérée comme un calque de l’anglais lorsqu’elle a une valeur adverbiale. Autrement dit, lorsqu’on peut la remplacer par en raison de, à cause de ou compte tenu de, la locution dû à est un anglicisme.(2)Une autre façon de vérifier la légitimé de l’utilisation de dû à est de se poser la question suivante : est-ce que dû possède un antécédent nominal? Pour trouver l’antécédent, il suffit de se demander : qu’est-ce qui est dû?
Si je me réfère aux exemple présentés ci-dessus, on peut se demander, pour les deux exemples corrects :
- Qu’est-ce qui est dû aux tempêtes? → le retard.
- Qu’est-ce qui est due à l’inexpérience? → la méprise.
Par contre, si l’on regarde le deuxième exemple fautif :
- Qu’est-ce qui est dû aux frein trop usés? → On ne peut pas répondre : la voiture. C’est plutôt le fait que la voiture ait dérapé qui est l’antécédent ici, et il ne s’agit pas d’un nom mais bien d’un verbe (en fait, de toute une proposition, ici). On peut ainsi considérer l’emploi de dû à comme fautif dans cet exemple.
En espérant que ces explications aient su vous éclairer.
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(1) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française
(2) BERTRAND, Guy. Le français au micro.
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