vendredi 16 décembre 2011

Compagnon et pain

En ce temps de partage que sont les Fêtes, vous seriez-vous douté que le mot compagnon était issue de l’idée de «partage du pain»?
PAIN famille du latin panis «pain», d’un ancien *pasnis peut-être apparenté à pascere «paître». Dérivés :
1) base pas-, pastillus «petit gâteau (sacré)» et «pastille (pour parfumer l’haleine)»
2) base pan-, panarium «corbeille à pain»; panificium «fabrication du pain» et bas latin panifex «boulanger», panificare «faire du pain».

I. BASE pain
1. pain (pan «hostie consacrée»)
2. copain (altération de compain, issu de companio, calque du gothique gahlaiba, de ga «avec» et hlaiba «pain», soit «(soldat) qui partage la même ration de pain que»)

II. BASE -pagn-
1. compagnon (companionem, accusatif de companio «copain»)
2. compagnie (latin vulgaire *compania, dérivé de companio)
3. se pagnoter (argot militaire «manquer de courage», puis «se coucher», dérivé de pagnote «mauvais soldat», issu de l’italien pagnotta «petit pain», sobriquet des soldats qui se débandaient pour chercher leur nourriture)

III. BASE -pan-
1. panier (panarium «corbeille à pain»)
2. apanage (apaner «donner du pain, c.-à-d. de quoi vivre, à son fils ou à sa fille»)
3. pané («recouvert de miettes de pain sec»)
4. panade («soupe de pain trempé», «misère» : provençal panado)
5. panifier (panificare «faire du pain»)

IV. BASE past-
1. pastille (espagnol pastilla, du latin pastillus)
2. pastel («bâtonnet de pâte coloré» : italien pastello, du latin vulgaire *pastellus)(1)
Ainsi, non seulement le compagnon comme le copain partagent-ils leur pain; mais la pastille est elle-aussi issue du pain, avec un sens de «petit gâteau sacré». Il faudra vous en souvenir lors de votre prochain mal de gorge…

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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

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