Le préfixe re- et ses variantes ré-, r- et res- servent à former de nombreux verbes et noms, que les dictionnaires ne peuvent pas tous répertorier. Ce préfixe indique souvent la répétition d’une action (refaire, redire, retourner), le retour à un état antérieur (refermer, renouer) ou le renforcement (rechercher, remplir). Les mots formés avec ce préfixe ne prennent pas de trait d’union.Ainsi, d’après ces informations, j’avais encore le choix d’écrire récouter aussi bien que réécouter.
On a la forme re- devant un mot commençant par une consonne ou par un h dit «aspiré».
[…]
On a la forme ré- ou r- devant un mot commençant par une voyelle ou par un h dit «muet».
[…]
On a la forme res- devant un mot commençant par un s, sauf pour quelques exceptions comme resaler et resalir, afin d’éviter la prononciation z, habituelle quand le s se trouve entre deux voyelles.
[…]
La graphie des mots comportant le préfixe re- cause parfois des hésitations, soit parce que deux graphies sont possibles (réécrire et récrire, réapprendre et rapprendre), soit parce que des mots d’une même famille s’écrivent différemment (rouvrir et rouvert mais réouverture, réanimer ou ranimer mais réanimation).(1)
RE-Hmmm… Comment savoir, cette fois, si j’avais affaire à deux sens distincts?
Ce préfixe rend toujours la forme re devant un radical à initiale consonantique : Il rebouchait les flacons de parfum, revissait le capuchon du tube de dentifrice (Troyat). Devant un h, on rencontre tantôt ré, tantôt r, tantôt re : réhabituer, rhabiller, rehausser. Devant une voyelle, on rencontre ré ou r de façon assez anarchique. Tantôt les deux formes sont de simples variantes orthographiques : on a dû ranimer le blessé dans un centre de réanimation, tantôt elles correspondent à des sens distincts : Ils haussent l’épaule pour rajuster la courroie (Sarraute), mais : Les syndicats revendiquent un réajustement des salaires. De même, l’usage général confond récrire et réécrire* : Elle avait réécrit son nom : «Simon» (Sagan). Une fois la pièce écrite, je m’acharnai à la récrire (Cocteau). Étant donné la productivité intense de ce préfixe, qui sert à créer non seulement des verbes, mais aussi des substantifs, de façon très libre, nous ne donnons ici qu’une liste des principaux doublets orthographiques tolérés (ET = sens différents, OU = même sens) : rajuster et réajuster, ranimer ou réanimer, rapprendre ou réapprendre, rapprovisionner ou réapprovisionner, rassortiment ou réassortiment, rassortir ou réassortir, rassujettir ou réassujettir, récrire et réécrire*, réhabituer ou rhabituer, rembarquer ou réembarquer, remployer ou réemployer, rengagement ou réengagement, rengager ou réengager.(2)
[A]vec les mots commençant par a ou é, le préfixe se réduit souvent à r-. Comme, en principe, tous les verbes peuvent se composer avec re-, ré- ou r- pour marquer la répétition, il n’est pas toujours facile de distinguer la forme de préfixe adéquate (sauf pour les mots admis dans les dictionnaires). Ainsi, on dit rapprendre (et non réapprendre), rajuster (et non réajuster), etc., mais on trouve réouverture à côté de rouvrir, réanimation (plus courant que ranimation) à côté de réanimer, récrire à côté de réédifier, etc.(3)Après toutes ces informations, on se retrouve finalement avec beaucoup de contradictions, vous ne trouvez pas?
Conclusion? Eh bien jusqu’à présent, il semble que l’information la plus sûre que j’aie réussie à trouver réside encore des les bons vieux dictionnaires, qui indiquent chacun de façon claire lorsque deux mots sont des graphies équivalentes d’un même sens. Par contre, là encore, des contradictions sont à prévoir. Par exemple, en ce qui concerne les mots rouvrir et réouvrir : le Petit Robert(4) contient le premier mais pas le deuxième; le Larousse(5) donne les deux comme équivalents; le Multidictionnaire(6) indique pour sa part clairement que le deuxième est fautif.
Ainsi, pour répondre à mon questionnement initial, après quelques recherches, je me rends compte que le verbe récouter n’apparaît pas au Multi, ni au Robert, ni au Larousse, mais que je peux trouver réécouter au Multi et au Larousse. J’en déduirai donc qu’il me vaut mieux utiliser ce dernier.
Vous constatez comme quoi que toute cette histoire n’est pas simple. Je ne puis donc que vous conseiller, lorsque vous êtes dans le doute, de d’abord consulter des ouvrages de références (et j’insiste sur «des», puisque, comme vous venez de le voir, tous ne sont pas toujours unanimes), et ensuite tenter d’en tirer une conclusion. Pour certains mots, vous ne serez peut-être pas sûr de votre conclusion, mais pour d’autres, vous tomberez peut-être sur une information claire et non ambiguë. Sur ce, bon courage!
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* Je suis allée vérifier dans le Petit Robert, et l’entrée RÉÉCRIRE renvoie directement à l’entrée RÉCRIRE, tout comme l’indique aussi le Larousse. Le Multidictionnaire présente les deux graphies sous la même entrée. Tout cela semble ainsi démontrer que les deux graphies ont le même sens, contrairement à ce qu’avance ici M. Colin…
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(1) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française
(2) [COLIN, Jean-Paul (2006). Dictionnaire des difficultés du français. Éditions Le Robert, collection Les usuels, Paris.]
(3) [THOMAS, Adolphe V. (2007). Dictionnaire des difficultés de la langue française. Éditions Larousse, Paris.]
(4) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(5) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]
(6) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
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