ABRÉVIER
«Impropriété pour abréger. NOTE. Ce mot n’existe pas.»(1)
«Le verbe abrévier ne figure plus dans les dictionnaires. Ce verbe vieilli est maintenant considéré comme fautif. En français moderne, seul le verbe abréger est reconnu.»(2)
On utilise parfois à tort le mot abrévier pour abréger. En effet, le mot abrévier n’existe plus et constitue maintenant un barbarisme(a).ABRÉGER
Le mot abréger vient du bas latin abbreviare, de brevis «bref». Il signifie en général «écourter», «diminuer la longueur d’un texte, d’un discours» ou «supprimer une partie des lettres d’un mot».
En fait, le verbe abrévier a déjà existé, dérivé lui aussi du latin abbreviare. La forme abréger apparaît en France au XIIe siècle, sous la forme populaire abreger, et concurrence la forme savante abrévier. À partir du XVIe siècle, abrévier perd peu à peu du terrain au profit d’abréger. La forme abrévier semble avoir été relevée pour la dernière fois dans le premier tiers du XIXe siècle, accompagnée d’une remarque précisant qu’elle est peu usitée.
De nos jours, l’emploi fautif de abrévier pour abréger est sans doute causé par une analogie avec le mot abréviation, issu du bas latin abbreviatio et signifiant «texte abrégé».(3)
«v. tr. 1. Rendre plus court. SYN. écourter. 2. Résumer. SYN. condenser; resserrer. 3. Supprimer une partie des lettres d’un mot.»(1)
Attention toutefois à l’utilisation du terme abréviation. Bien que le verbe abréger ait plusieurs sens, comme nous l’avons vu ci-dessus, le nom abréviation lui, ne s’applique qu’aux mots qui ont été raccourcis :
Une abréviation est un mot écrit en abrégé. Pour désigner l’action d’abréger (un mot, un texte, un délai, etc.), on emploiera plutôt le terme abrègement. La graphie abrégement est plus rare, mais acceptable. Mais attention! Pour désigner l’action d’abréger, le terme abréviation ne peut s’employer qu’en parlant d’un mot. On peut donc parler de l’abréviation (ou de l’abrègement) de Mademoiselle en Mlle, mais on parlera de l’abrègement d’un discours (et non de son abréviation).(2)Ainsi, vous pouvez faire autant d’abréviations que d’abrègements, comme bon vous semble, en autant que vous nous disiez savoir abréger, et non abrévier.
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(a) BARBARISME
«Faute grossière de langage, emploi de mots forgés ou déformés, utilisation d’un mot dans un sens qu’il n’a pas. → impropriété, incorrection, solécisme.»(4)
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) BERTRAND, Guy. Le français au micro.
(3) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française
(4) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
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