lundi 30 avril 2012

Recyclage de slogan


Qui d’entre vous se rappelle que le slogan «Pour le meilleur et pour le prix» était, jadis, celui du détergent à lessive Sunlight? (Malheureusement, je n’ai réussi à trouver aucune preuve de mon souvenir…)

Je trouve quand même étrange qu’on réutilise ainsi un slogan qui a été si populaire. Bévue de marketing?

dimanche 29 avril 2012

Entendu – no 25

Quand : Le samedi 28 avril 2012.
Où : Sur les ondes de Radio-Canada, au Téléjournal de 18h.
Contexte : Dans une discussion entre Pascale Nadeau et le reporter Louis-Philippe Ouimet, à propos des manifestations étudiantes, Pascale Nadeau demande :

«Les manifestations se poursuivent de plus en plus bel. Il y en aura d’autres ce soir aussi?»

Quand ça continue «vraiment beaucoup»! ...Un beau mélange entre de plus en plus et de plus bel.

samedi 28 avril 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
«Les onomatopées étaient censées représenter les fredons decontractés des joueurs de jazz marquant le rythme : ‘‘dza, zou, dza, zou!’’…»(1)

FREDON
«Nom commun masculin (Vieilli) Espèce de roulement et de tremblement de voix dans le chant.»(2)

«subst. masc. [1.] Vx. Ornement mélodique improvisé par le chanteur pour agrémenter le chant. […] (Quasi-)synon. roulade. P. anal. Chanson, refrain de chanson. […] [2.] Air chanté à mi-voix, sans articuler les paroles[.] P. ext. Son, bruit indistinct. […]»(3)

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(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 87.]
(2) Wiktionnaire
(3) Trésor de la langue française informatisé, sur le site Centre national de ressources textuelles et lexicales; sous l’entrée «fredon»

vendredi 27 avril 2012

Diapositive, impôt et ponte

Parce que c’en est la saison et qu’on est à quelques jours de la date limite pour remettre notre déclaration, je me suis demandé quelle était l’étymologie du mot impôt. Vous serez sûrement, comme moi, surpris d’en découvrir l’origine!
PONDRE famille du latin sinere, sinus qui a pris à l’époque classique le sens de «permettre», mais signifiait à l’origine «laisser, placer», sens conservé
1) dans le participe passé employé comme adj. situs «placé», le subst. situs, -ūs «situation», d’où le bas latin situatus et latin médiéval situare
2) le composé desinere «laisser là, cesser, finir»
3) le composé ponere (issu de *po-sinere), positus «poser, déposer», d’où positio, -onis «action de mettre en place», «position», auquel se rattachent plusieurs verbes préfixés, ainsi que leurs dérivés en -positus, -positio : anteponere «placer devant»; apponere «placer auprès de»; componere «placer ensemble, concerter»; deponere «déposer, mettre à terre»; disponere «placer en séparant», «mettre en ordre»; exponere «mettre dehors», «mettre en vue»; imponere «placer sur», «donner une charge à quelqu’un», «lui faire endosser un mensonge», d’où bas latin impostor et impostura «imposteur» et «imposture»; interponere «placer entre»; post-ponere «placer après»; praeponere «placer devant», «mettre à la tête de»; proponere «placer devant les yeux, exposer», «annoncer»; superponere «placer sur»; supponere «mettre dessous», «substituer».(1)
Pondre est donc issu du sens «‘‘déposer ses œufs (en parlant des oiseaux)’’; éliminé par poser au sens général : ponĕre; l’expression ponere ova est déjà attestée au Ier [siècle]»(1).

Ainsi, vous vous en douterez, cette racine latine nous a donné de nombreux mots, dont, entre autres, ceux-ci :
- pondre, ponter («déposer sa mise, au jeu»), compote («choses mises ensemble», «mélange»), prévôt («préposé»), suppôt («placé sous les ordres de, subalterne»), impôt («(charge) imposée»), dépôt («chose déposé»);
- poste («relais de chevaux» et «courrier du roi»), postillon («cocher de la poste», par métaphore «goutte de salive envoyée en avant»), postiche, posture («position»), composteur;
- exponentiel, disponible;
- apposer, composer («assembler», «trouver un accomodement», «écrire de la musique»), déposer, disposer, exposer, imposer («taxer», «imputer» et «prescrire», puis «impressionner, commander le respect»), imposteur, opposer, proposer («projeter», «exposer»), entreposer, transposer, position, diapositive, supposer («faire une hypothèse»), préposer, postposer, superposition, juxtaposition (de juxta «à côté» et positio);
- situer, désinence (visiblement issu du sens mentionné en 2) ci-dessus), site (de situs).(1)
L’image qu’on peut construire en liant les mots pondre et impôt est, ma foi, plutôt incongrue, certes. Par contre, l’origine métaphorique du postillon fait quant à elle sourire. Tout est ici question de simple «position» après tout, non? :)

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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 26 avril 2012

La faute du jeudi – catégorie ‘grammaire’

→ «ETIQUETTES JAUNE» ←
ADJECTIFS DE COULEUR
1. Les adjectifs de couleur simples s’accordent en genre et en nombre : alezan, beige, blanc, bleu, châtain, cramoisi, écarlate, fauve, glauque, gris, incarnat, jaune, mauve, noir, pers, pourpre, rose, rouge, roux, vermeil, vert, violet…
2. Les adjectifs dérivant d’adjectifs ou de noms de couleur s’accordent en genre et en nombre : basané, blanchâtre, cuivré, doré, mordoré, noiraud, olivâtre, orangé, rosé, rougeaud, rouquin, rubicond, verdoyant, violacé…
3. Les adjectifs composés sont invariables : arc-en-ciel, bleu foncé, bleu horizon, […]
4. Les noms simples ou composés exployés comme adjectifs pour désigner une couleur sont invariables : abricot, absinthe, acajou, acier, agate, […](1)
JAUNE
«adj. et n. m. et f.
ADJECTIF DE COULEUR
Qui est de la couleur du citron, de l’or. […]
NOTE GRAMMATICALE Employé seul, l’adjectif s’accorde; employé avec un nom ou un autre adjectif, il est invariable. Des chapeaux jaune orange, jaune maïs, jaune pâle. […]»(2)

CORRECTION
É
TIQUETTES* JAUNES

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N. B. Si vous sortez votre loupe, vous apercevrez au bas de l’affiche, en tout petit, la phrase suivante : «S’applique uniquement aux articles avec étiquettes jaunes.» Beau manque de cohérence et d’uniformité, vous ne trouvez pas? :)
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* À noter qu’on devrait retrouver l’accent aigu sur l’e initial d’étiquette, même s’il est écrit en majuscules.
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2003). La nouvelle grammaire en tableaux, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 25 avril 2012

Savoir faire son budget… et savoir le dire corretement!

Faute parfois commise à l’écrit, je l’ai récemment entendue à la télé dans une publicité de Brault & Martineau où l’on incitait à acheter à rabais mais en grande quantité (par exemple, cinq électroménagers d’une même marque) : «Il faut juste budgéter

BUDGÉTER
Introuvable ni dans le Multi(1) ni dans le Robert(2). Il s’agit vraisemblablement d’une impropriété pour le mot qui suit :

BUDGÉTISER
«v. tr. Inscrire des sommes à un budget.»(1)

«v. tr. FIN. Inscrire au budget.»(2)

Par contre, le site Wiktionnaire avance, à propos de budgéter, que «[l]e verbe était tombé en défaveur face à budgétiser mais fait un retour en force»(3) et en donne la définition suivante : «Préparer un budget, inscrire au budget.»(3)

Ne nous reste qu’à guetter nos futurs dictionnaires, pour voir si et quand budgéter y fera son apparition. D’ici là, je suggère quand même d’en éviter l’usage.

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) Wiktionnaire

mardi 24 avril 2012

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
«Le mot zazou est né du swing. Il s’est créé par une sorte de parthénogenèse, en une bulle arrachée au cœur d’une chanson à succès.»(1)

PARTHÉNOGENÈSE
«n. f. (BIOL.) Mode de reproduction sans mâle à partir d’un ovule non fécondé.»(2)

«n. f. BIOL. Reproduction sans fécondation (sans mâle) dans une espèce sexuée.»(3)

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(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 87.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 23 avril 2012

Recette sportive

«sweet citrus & zest = agrumes sucrés et entrain»

C’est simple : si vous avez besoin d’un peu de zest[e] dans une recette, mettez-y à la place un peu d’entrain! Même goût, c’est promis! :)

samedi 21 avril 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
«Par contre le dictionnaire Robert jette le doute sur cette paternité, avec une datation antérieure, 1842, toujours au sens de ‘‘librettiste’’.»(1)

LIBRETTISTE
«n. Auteur d’un livret(a). ⇒ parolier. – Personne dont la profession est d’écrire des livrets.»(2)

«n. (de l’ital. libretto, livret). Auteur du livret d’une œuvre lyrique ou chorégraphique.»(3)

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(a) LIVRET
«n. m. 1. Petit registre ou petite brochure; carnet. 2. MUS. Petit livre contenant les paroles d’une œuvre lyrique; texte mis en musique. 3. DANSE. Brochure donnant l’explication d’un ballet (SYN. argument).»(3)
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(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 84.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

vendredi 20 avril 2012

Quand on remet sa démission, obtient-on une mission?

L’ayant récemment remise, je me suis demandé de quelle racine provenait le nom démission. Vous constaterez comme moi, à la lecture de ce qui suit, que la famille étymologie est nombreuse, et que la racine est fort productive!
METTRE famille du verbe latin mittere, missus, à l’origine «laisser aller, lâcher», puis «envoyer».

1) formes nominales
a) missio «envoi» et manumissio, littéralement «action d’envoyer avec la main», «affranchissement des esclaves»;
b) missilis «qu’on peut lancer», neutre sibstantivé missile «arme de jet»;
c) latin ecclésiastique missa, part. passé fém. substantivé, dans la liturgie ancienne «renvoi (des cathéchumènes après les lectures, avant le début du saint sacrifice proprement dit)»

2) verbes préfixés et leurs dérivés en -missio
a) admittere «laisser venir vers»;
b) commitere «mettre plusieurs choses ensemble» (d’où commissura «jointure»), «metre aux prises»; «mettre en chantier», «mettre à exécution»;
c) demittere «faire tomber» ou «laisser tomber»;
d) emittere «envoyer au dehors»;
e) intermittere «laisser au milieu », «ménager des intervalles»;
f) omittere «laisser aller loin de soi»;
g) permittere «lancer d’un point jusqu’à un autre», «laisser aller librement»;
h) praetermittere «laisser passer», «laisser de côté»;
i) promittere «assurer, promettre»; compromittere «convenir de s’en remettre à l’arbitrage d’un tiers»;
j) remittere «renvoyer», «rendre», «concéder»;
k) submittere «envoyer dessous», «soumettre»;
l) transmittere «envoyer de l’autre côté».(1)
Ce qui nous donne, entre autres, les mots suivants :

- mettre, permettre, promettre, remettre, soumettre, transmettre, entremettre, admettre, commettre, démettre, compromettre, omettre, émettre;
- mets, messe, message, promesse;
- mise, entremise, remise, compromis, commis, promis, soumis, permis;
- intermittent, comité;
- pemission, rémission, prémisse, commission, mission, missile, démission, émission, omission, soumission, transmission, admission, missive, missel;(1)

C’est ainsi qu’on peut allègrement constater la productivité des préfixes associés à certains verbes.

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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 19 avril 2012

La faute du jeudi – catégorie ‘anglicisme [ironique*!]’

«Un funambuliste qui voulait traverser…»

FUNAMBULISTE
Introuvable.

Par contre, l’anglais utilise bien le terme funambulist : «tightrope walker»(1), ayant pour étymologie «From French funambule or its source, Latin funambulus, from funis ‘‘rope’’ + ambulare ‘‘walk’’.»(1)

FUNAMBULE
«n. m. et f. Acrobate qui marche sur une corde tendue. SYN. équilibriste.»(2)

«n. Personne qui marche, danse sur la corde raide. ⇒ arcrobate, danseur (de corde), équilibriste, fildeferiste(3)


CORRECTION
Un funambule qui voulait traverser…

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* L’ironie dans cette faute, c’est qu’on est ici vraisemblablement parti du terme anglais pour créer l’équivalent français, alors que le terme anglais était lui-même issu du terme français.
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(1) Wiktionary
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mercredi 18 avril 2012

Hors français?

Avec les récents galas qui ont eu à la télé, on a pu entendre à quelques reprises l’expression Gala hors d’ondes, pour désigner le gala non télévisé où l’on remet certains prix, gala qui a généralement lieu en après-midi, devant la presse et un public réduit (par rapport au gala de soir, évidemment plus «glamour»).
Aux deux prix (album adulte alternatif pour Metals et DVD de l’année) glanés au gala hors d’ondes de samedi soir, Feist a ajouté celui prestigieux d’artiste de l’année lors de la soirée télévisée, dimanche soir, en direct de la Place Banque Scotia, à Ottawa.(1)

Gala hors d’ondes des Juno – Marc André Hamelin et Malajube récompensés(2)
De plus, une nouvelle télésérie Web a fait son apparition. Son titre? Hors d’ondes, bien sûr.

Mais que disent nos amis linguistes de cette expression?
Les locutions ou les mots formés avec hors prennent-ils ou non un trait d’union? Pour les écrire correctement, il faut se demander si hors forme un nom composé ou s’il fait partie d’une locution adjectivale ou adverbiale.

Les mots formés avec hors prennent un trait d’union s’ils sont des noms. Ils sont alors habituellement précédés d’un article et ils demeurent invariables.

Les noms composés les plus courants formés avec hors sont : hors-bord, hors-concours, hors-d’œuvre, hors-jeu, hors-texte, hors-la-loi, hors-ligne.
[…]
Hors (ou hors de) apparaît aussi dans des expressions figées où il a un sens général d’exclusion. Ces expressions sont des locutions adjectivales ou adverbiales. Dans ce cas, il n’y a pas de trait d’union.

Les expressions les plus courantes formées avec hors sont : hors série, hors texte, hors la loi, hors champ (en radio), hors cadre, hors jeu, hors commerce, hors concours.
[…]
Les expressions les plus courantes formées avec hors de sont : hors de doute, hors de cause, hors de combat, hors de question, hors d’usage (mais hors service), hors d’atteinte, hors de sens, hors de prix, hors d’âge, hors d’affaire, hors de danger.
[…]
Il faut noter qu’un mot formé avec hors peut être à la fois un nom (dans ce cas, il y a un trait d’union) ou une locution (sans trait d’union), selon le sens de la phrase.(3)
Jusqu’ici, difficile de savoir si notre expression est fautive ou non.
Hors d’ondes ou hors antenne?

La locution hors d’ondes est mal construite. En effet, les locutions adverbiales ou adjectivales formées avec hors ne nécessitent pas l’utilisation de la préposition de (ni du trait d’union) : hors champ, hors concours, hors saison, hors catégorie, etc. En outre, c’est la locution hors antenne qu’il convient d’utiliser pour parler des activités qui se déroulent pendant que le micro est fermé ou que les caméras ne tournent pas. Donc, au lieu de dire que les prix ont été remis hors d’ondes, par exemple, il est plus correct de dire que les prix ont été remis hors antenne. Dans certains cas, on peut contourner le problème et dire que les prix ont été remis avant l’émission.(4)
Voilà ici qui est plus clair. Il faudrait donc penser changer l’appellation de ces galas d’après-midi, ainsi que celui de la websérie! Idéalement, bien entendu…

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(1) TVA nouvelles
(2) Le Devoir.com
(3) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française
(4) BERTRAND, Guy. Le français au micro.

mardi 17 avril 2012

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
«Quant au texte, ou prétexte, il fait nettement allusion à des pratiques agrestes qui avaient encore cours aux XVe et XVIe siècles[.]»(1)

AGRESTE
«adj. (LITT.) Champêtre.»(2)

«adj. VX ou LITTÉR. Champêtre, rustique.»(3)

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(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 80.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 16 avril 2012

Five rosesMD


Petit coup d’œil sur un des symboles de Montréal. …Et parce que j’ai toujours eu un failble pour les photos de nuit, en longue exposition.

samedi 14 avril 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
«Elle couvrait jadis le lit la nuit, mais pendant le jour les femmes la plaçaient sur leurs genoux, à l’ouvroir, afin de protéger de la saleté les pièces délicates qu’elles brodaient.»(1)

OUVROIR
«n. m. Lieu où l’on fait des travaux d’aiguille destinés aux indigents(a)(2)

«n. m. VIEILLI 1. Lieu réservé aux ouvrages de couture, de broderie…, dans une communauté de femmes, un couvent. 2. Atelier de charité où des personnes bénévoles faisaient des ‘‘ouvrages de dames’’ pour les indigents(a) ou des ornements d’église.»(3)

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(a) INDIGENT, ENTE
«adj. et n. m. et f. Pauvre.»(2)
«adj. 1. VIEILLI Qui manque des choses les plus nécessaires à la vie. ⇒ malheureux, misérable, nécessiteux, pauvre. – SUBST. Personne sans ressources. 2. FIG. et MOD. ⇒ pauvre, rare. ◊ CONTR. Fortuné, riche.»(3)
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(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 91.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 13 avril 2012

Faire la grève, les pieds dans le sable?

Parce que la grève étudiante tient bon (au Québec), je me suis laissée inspirer à fouiller dans l’étymologie dudit mot.
GRÈVE
1) (populaire) XIIe «gravier, lieu sablonneux», XIXe «cessation de travail», les ouvriers parisiens en attente de travail ayant l’habitude de se réunir sur la place de Grève (aujourd’hui place de l’Hôtel-de-Ville) ainsi appelée parce qu’elle bordait la grève de la Seine : pré-latin et sans doute préceltique *grava «sable, gravier»; gréviste XIXe.
2) gravelle (populaire) XIIe «gravier», XVIe «calcul de la vessie»; graveleux XIIIe «qui contient du gravier», XVIe «relatif à la maladie appelée gravelle», XVIIIe «licencieux», d’après gravelure XVIIIe «propos obscène qui irrite l’esprit comme un gravier».
3) gravois (populaire) XIIe, gravats XVIIe par substitution de suffixe.
4) gravier (populaire) XIIe; gravillon XVIe, gravillonage XXe.(1)
D’abord, j’aime beaucoup l’image d’où est tiré le mot gravelure, qui signifie «Propos, discours licencieux.»(2)

Et en ce qui concerne la grève, voilà donc une action qui tire son nom d’en endroit, qui lui-même tirait son nom d’un type de sol; penser que la grève, «[c]essation d’activité comme moyen de pression politique»(3), est issue du sable, c’en devient poétique, vous ne trouvez pas?

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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) Wiktionnaire
(3) Wiktionnaire

jeudi 12 avril 2012

Les fautes du jeudi – catégorie ‘grammaire’

→ «Si vous avez reçu ce notice…» ←
→ «Désabonné-vous» ←

FAUTE 1

NOTICE
«n. f. »(1)

ACCORD DU DÉTERMINANT
«Le déterminant démonstratif détermine le nom en indiquant la situation dans l’espace […] de l’être ou de la chose désignés, ou en les situant dans le temps ou le contexte […].
[…]
Avec un nom masculin singulier, ce[…], [a]vec un nom féminin singulier, cette[.]»(2a)

«Le déterminant s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il détermine[.]»(2b)

→ On doit donc parler de cette notice, ici.

FAUTE 2

IMPÉRATIF
Par la phrase injonctive, on demande la réalisation ou la non-réalisation d’un acte à un être animé (ou à une chose que l’on personnifie). Elle concerne aussi bien l’ordre que la demande, le conseil, la prière. […]La forme la plus ordinaire [de la phrase injonctive] est l’impératif sans sujet[.] L’impératif n’existe qu’à trois des six personnes verbales : La 2e personne du singulier, par laquelle on s’adresse à l’interlocuteur; – la 1re personne du pluriel, par laquelle le locuteur s’associe […] à un ou à des interlocuteurs; – la 2e personne du pluriel, par laquelle on s’adresse à plusieurs interlocuteurs, ou à un interlocuteur qu’on vouvoie[.](2c)

CONSTRUCTION SYNTAXIQUE DE VERBE À L’IMPÉRATIF
[…]
Verbe à l’impératif + pronom personnel :
- complément direct du verbe. Regarde-toi.
- complément indirect du verbe. Raconte-lui.
NOTE SYNTAXIQUE Le verbe à l’impératif se joint par un trait d’union au pronom personnel complément direct ou indirect qui le suit.(3)
→ Ici, la phrase indicative serait, puisque, selon le contexte, on s’adresse soit à plusieurs interlocuteurs, soit à un interlocuteur qu’on vouvoie : Vous vous désabonnez, qu’on construirait ainsi à l’impératif : Désabonnez-vous.


CORRECTIONS
Si vous avez reçu cette notice…
Désabonnez-vous

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [GREVISSE, Maurice et André GOOSSE (2011). Le bon usage, 15e édition. Éditions De Boeck Université, Paris.]
(a) p. 833
(b) p. 777
(c) p. 536
(3) [DE VILLERS, Marie-Éva (2003). La nouvelle grammaire en tableaux, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc., p. 85.]

mercredi 11 avril 2012

Peut-on réconcilier l’inconciliable?

Inspirée des informations trouvées concernant conduire et reconduire pour mon billet d’il y a deux semaines, je suis tombée sur une nuance de sens importante entre les mots irréconciliable et inconciliable.
Il ne faut pas confondre […] l’adjectif irréconciliable, dérivé du verbe réconcilier, et l’adjectif inconciliable, dérivé du verbe concilier.

[Ex. :] Les intérêts des parties en présence semblent inconciliables. (et non pas irréconciliables; mais : Ils sont maintenant devenus des adversaires irréconciliables.)(1)
Certes, le premier est construit sur réconcilier et le second sur concilier, mais réconcilier semble bien construit sur concilier, non?
On confond parfois les adjectifs inconciliable et irréconciliable, qui appartiennent à la même famille de mots mais qui diffèrent quant à leur signification.

La différence sémantique qui existe entre ces deux adjectifs s’explique par le sens des préfixes ayant servi à leur formation. Ces éléments viennent modifier la signification de la base de mot commune conciliable, «qui peut aller ensemble, s’harmoniser», et confèrent à inconciliable et à irréconciliable des sens bien distincts.

Inconciliable signifie «que l’on ne peut concilier, rendre compatibles, rapprocher» lorsque l’on parle de choses et, beaucoup plus rarement, «qui ne peuvent s’entendre, être d’accord» lorsque l’on parle de personnes. Le préfixe in- vient modifier le sens de conciliable en lui ajoutant une valeur de négation.

[…]

Pour sa part, l’adjectif irréconciliable a le sens «qu’on ne peut réconcilier, remettre en harmonie», en parlant surtout de personnes, et «qui refuse de s’apaiser», en parlant de personnes et de sentiments. Le mot est formé du préfixe ir-, qui indique aussi la négation puisqu’il s’agit d’une variante de in-, et du préfixe ré- qui exprime le retour à une situation initiale et implique par conséquent un état contraire à celui de conciliable. En effet, réconcilier, à la différence de concilier, présuppose l’idée d’un désaccord.(2)
Voilà qui est plus clair, maintenant qu’on a bien décortiqué les préfixes qui composaient les deux mots dont il est questions :
→ inconciliable = in + conciliable = «qu’on ne peut mettre en harmonie»
→ irréconciliable = in + re + conciliable = «qu’on ne peut mettre en harmonie de nouveau» (ou «remettre en harmonie»)

Limpide! :)

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(1) [GUILLOTON, Noëlle et Hélène CAJOLET-LAGANIÈRE (2005). Le français au bureau, 6e édition. Les publications du Québec, p. 365-366.]
(2) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française

mardi 10 avril 2012

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
«La Cour supérieure a déclaré ‘‘plaideur quérulent’’ un résident de Sainte-Euphémie, près de Montmagny. Il réclamait la propriété de la Terre, la Lune, Mercure, Vénus, Jupiter, Saturne, Uranus, ainsi que les quatre lunes de Jupiter.» Dans l’article Il réclame la propriété de la Lune et est déclaré plaideur quérulent, publié sur le site Cyberpresse.ca, le 29 février 2012.

QUÉRULENT, E
«adj. et n. Atteint de quérulence.»(1)

QUÉRULENCE
«n. f. (du lat. querulus, qui se plaint). PSYCHIATR. Tendance exagérée à la recherche d’une réparation de dommages imaginaires.»(1)

«n. f. PSYCHIATR. Tendance pathologique à rechercher les querelles et à revendiquer, d’une manière hors de proportion avec la cause, la réparation d’un préjudique subi, réel ou imaginaire (cf. Délire de revendication).»(2)

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(1) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 9 avril 2012

Négociations particulières


«Négocier de bonne foie [sic]», est-ce négocier avec une bière à la main?

samedi 7 avril 2012

Le mot nouveau du samedi

Contexte :
Lu dans un courriel publicitaire à propos des soldes du Black Friday. «Le Black Friday est comme le Boxing Day, mais plus tôt, pour ceux d’entre vous qui ne veulent pas attendre! Connu aux États-Unis comme étant le plus gros jour de soldes de l’année, le Black Friday cause un pandémonium parmi les clients, certains allant jusqu’à camper dehors devant les magasins pour être sûrs d’obtenir les soldes et offres exclusives.»

PANDÉMONIUM
«n. m. Le Pandémonium : capitale imaginaire de l’enfer. ◊  FIG. et LITT. Lieu où règnent la corruption et le désorde. Lieu bruyant.»(1)

«n. m. 1. Litt. Lieu où règnent l’agitation et le désorde propres aux damnés. 2. (Avec une majuscule) Capitale imaginaire de l’enfer.»(2)

«(Figuré) Réunion de mauvais esprits, de gens qui ne s’assemblent que pour comploter et faire le mal.»(3)

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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]
(3) Wiktionnaire

vendredi 6 avril 2012

Mot muet?

Vous seriez-vous douté que les deux mots du titre partageaient la même racine?
MUET famille d’une base *mu- symbolisant un son inarticulé. En latin 1) mūtus «qui ne sait que faire mu», d’abord appliqué aux animaux, puis aux hommes; 2) latin archaïque et bas latin mŭttīre «émettre un son», d’où «parler»; dérivé bas latin mŭttum «son émis».
1) muet (diminutif de l’ancien français mu qu’il a éliminé au XVIe : du latin mūtus)
2) amuïr (latin vulgaire *admūtīre «rendre muet», de mutus)
3) mutisme (dérivé, sur mūtus)
4) mot (populaire mŭttum)
5) motus (latinisation plaisante de mot, d’après des expressions comme pas un mot! ou ne dire, de souffler mot)(1)

Du b[as] lat[in] muttum «son» dér[ivé] régr[essif] de muttire «produire le son mu, grommeler» remontant au rad[ical] onomatopéique (cf. mutmut facere «émettre un son à peine distinct, un chuchotement» […] En b[as] lat[in] muttum est employé dans des phrases négatives, littéralement «ne pas ... un son» et il en est de même dans les 1res attest[ations] du fr[ançais] (ne soner mot, ne tinter mot, ne parler mot […]); par la suite mot s’est employé en dehors de cette tournure négative et a pris le sens de «parole, discours».(2)
Un mot peut certes être muet; mais la parole (ou plus ou moins «anti-mutisme»), elle, peut difficilement se passer de mots

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* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) Trésor de la langue français informatisé, Centre national de ressources textuelles et lexicales.

jeudi 5 avril 2012

Les fautes du jeudi – catégorie ‘grammaire’

→ «AUCUNE exercice» ←

→ «AUCUNE médicament» ←

ACCORD DU DÉTERMINANT
«On range sous la dénomination de déterminants indéfinis des mots variés indiquant, soit une quantité non chiffrée, soit une identification imprécise (quelque, je ne sais quel, etc.) ou même un refus d’identification (certain, tel). […] Déterminants proprement dits : aucun, certain, chaque, différents, divers, maint, nul, plusieurs, quelque, tel, tout(1a)

«Le déterminant est un mot qui varie en genre et en nombre, genre et nombre qu’il reçoit, par le phénomène de l’accord, du nom auquel il se rapporte.»(1b)

«Aucun […]; fém. aucune […].»(1c)

EXERCICE
«n. m.»(2)

MÉDICAMENT
«n. m.»(2)

CORRECTION
AUCUN
exercice, AUCUN médicament

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(1) [GREVISSE, Maurice et André GOOSSE (2011). Le bon usage, 15e édition. Éditions De Boeck Université, Paris.]
(1a) [p. 842]
(1b) [p. 773]
(1c) [p. 848]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 4 avril 2012

À chaque jour suffit sa peine

Aujourd’hui, je m’intéresse à une tournure utilisée possiblement à chaque jour; si courante qu’on ne soupçonne peut être même pas son caractère fautif…
Pour exprimer la périodicité, on a souvent recours à l’adjectif indéfini chaque suivi d’un nom singulier, ou aux adjectifs indéfinis tous ou toutes suivis de l’article les et d'un nom pluriel. Les compléments qui expriment la périodicité se construisent généralement sans préposition. Bien qu’on les trouve chez de grands écrivains, les constructions à chaque, à tous et à toutes sont considérées comme vieillies ou littéraires dans les ouvrages de référence. Ces usages sont toutefois encore courants au Québec.

Exemples :
- Chaque matin, il part à 7 heures. (plutôt que à chaque matin)
- Cet événement réunit chaque année la crème des écrivains. (plutôt que à chaque année)
- Il essaie de la charmer chaque fois qu'il la rencontre. (plutôt que à chaque fois)
- Il quitte le bureau très tard tous les soirs. (plutôt que à tous les soirs)
- Pierre joue au badminton tous les mercredis. (plutôt que à tous les mercredis)

On constate toutefois que l’emploi de la préposition à est d’un usage courant, voire obligatoire, dans les expressions à chaque instant, à chaque moment, à tout instant et à tout moment.

Exemples :
- Je pense à toi à chaque instant.
- N’hésite pas à m’appeler à tout moment du jour ou de la nuit.

L’emploi de chaque suivi d’un adjectif numéral et d’un nom au pluriel est également critiqué. Bien que certains auteurs acceptent ce tour en affirmant qu’une indication numérique au pluriel peut être traitée comme un ensemble singulier, la majorité s’entend pour dire que cette tournure est fautive. On emploiera plutôt tous les ou toutes les pour exprimer la périodicité avec un nom pluriel.

Exemples :
- Chloé se lave les cheveux tous les deux jours. (plutôt que chaque deux jours)
- Elle s’achète de nouveaux vêtements toutes les deux semaines. (plutôt que chaque deux semaines)

On peut toutefois employer chaque suivi d’un adjectif numéral ordinal et d’un nom.

Exemple :
- Chaque deuxième année de vie de couple, il remet tout en question.(1)
Vous aurez évidemment compris que la faute dans mon introduction (à chaque jour) était délibérée… L’aviez-vous repérée?
À tous les deux ou trois ans, on remet ça sur le tapis.

On ne devrait pas faire précéder une expression de périodicité (seconde, minute, heure, jour, semaine, mois, année) des locutions à tous les, à toutes les et à chaque. Il aurait été préférable de dire : Tous les deux ou trois ans, on remet ça sur le tapis.(2)
Doit-on en conclure que le proverbial À chaque jour suffit sa peine, tiré du Nouveau testament, est fautif? Bien sûr que non. Ici, la préposition à est requise à cause du verbe suffire (on suffit à qqch.), puisqu’on a affaire à une inversion : Sa peine suffit à chaque jour.

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(1) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française
(2) BERTRAND, Guy. Le français au micro.

mardi 3 avril 2012

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
«On imagine fort bien la Jeanneton de la chansonnette en une longue pendarde déguingandée…»(1)

PENDARD, ARDE
«n. VX Coquin, fripon.»(2)

«n. Fam., vieilli. Vaurien.»(3)

«(Littéralement) Qui mérite d’être pendu, vaurien.»(4)

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(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 80.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(3) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]
(4) Wiktionnaire

lundi 2 avril 2012

Changement de vocation sur fond de ciel bleu et de clocher


«Injection, freins et lubrification» prennent tout à coup une allure artistique, ici…