vendredi 13 avril 2012

Faire la grève, les pieds dans le sable?

Parce que la grève étudiante tient bon (au Québec), je me suis laissée inspirer à fouiller dans l’étymologie dudit mot.
GRÈVE
1) (populaire) XIIe «gravier, lieu sablonneux», XIXe «cessation de travail», les ouvriers parisiens en attente de travail ayant l’habitude de se réunir sur la place de Grève (aujourd’hui place de l’Hôtel-de-Ville) ainsi appelée parce qu’elle bordait la grève de la Seine : pré-latin et sans doute préceltique *grava «sable, gravier»; gréviste XIXe.
2) gravelle (populaire) XIIe «gravier», XVIe «calcul de la vessie»; graveleux XIIIe «qui contient du gravier», XVIe «relatif à la maladie appelée gravelle», XVIIIe «licencieux», d’après gravelure XVIIIe «propos obscène qui irrite l’esprit comme un gravier».
3) gravois (populaire) XIIe, gravats XVIIe par substitution de suffixe.
4) gravier (populaire) XIIe; gravillon XVIe, gravillonage XXe.(1)
D’abord, j’aime beaucoup l’image d’où est tiré le mot gravelure, qui signifie «Propos, discours licencieux.»(2)

Et en ce qui concerne la grève, voilà donc une action qui tire son nom d’en endroit, qui lui-même tirait son nom d’un type de sol; penser que la grève, «[c]essation d’activité comme moyen de pression politique»(3), est issue du sable, c’en devient poétique, vous ne trouvez pas?

--
* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
-----
(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) Wiktionnaire
(3) Wiktionnaire

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire