vendredi 29 octobre 2010

Ambiguïté réglementaire?

Une amie m’a récemment passé la réflexion suivante : «Comment ça se fait qu’il y a encore du monde, dans le métro, qui s’immobilise du côté gauche de l’escalier mobile et qui bloque le passage? Y’a pas une règle ‘‘implicite’’ comme quoi on monte à gauche et on reste immobile à droite? Pourquoi la STM [Société de transport de Montréal] n’écrit-elle pas ce règlement quelque part?»

Et tout à coup, je me suis rappelé avoir déjà lu quelque part (dans la page Info-STM du journal Métro, si ma mémoire est bonne), il y a quelques années déjà, que la STM ne pouvait pas ‘‘instaurer ou appliquer ce règlement’’, puisqu’il existait justement un règlement à l’effet qu’on doive rester immobile dans un escalier mobile.

Étrangement, j’ai eu beau chercher ce règlement, je ne l’ai pas trouvé. Ce que j’ai trouvé qui s’approche d’une interdiction est ceci : «Dans ou sur un immeuble ou du matériel roulant*, […] il est interdit à toute personne : de désobéir à une directive ou un pictogramme, affiché par la Société.»(1) Pour l’instant, donc, rien de clair quand à l’interdiction de se déplacer dans un escalier mobile.

En continuant mes recherches, je suis aussi tombée sur un article racontant qu’une dame s’était fait donner, en mai 2009, une contravention pour n’avoir pas tenu la main courante de l’escalier mobile, dans le métro. Dans cet article, on clame que «le règlement oblige [les usagers] à garder en tout temps une main sur la rampe lorsqu'ils utilisent les escaliers roulants»(2). Plus loin, on ajoute l’information suivante : «Les policiers lui ont remis une contravention de 100$ pour avoir ‘‘désobéi à une directive ou à un pictogramme’’»(2).

Ainsi donc, c’est le pictogramme qui fait ici foi de règlement. Pourtant, pour avoir utilisé le métro pendant de nombreuses années de façon quotidienne, je ne me souviens pas avoir vu un pictogramme qui dit explicitement qu’il est obligatoire de tenir la main courante.

Intriguée, j’ai moi-même été photographier ledit pictogramme, que voici :


Oui, le pictogramme dit bien : «Tenir la main courante». Mais, sans vouloir être de mauvaise foi, j’ai toujours honnêtement cru qu’il s’agissait là d’une recommandation plutôt que d’un règlement. Pas vous? L’écriteau est jaune, et c’est probablement de là que me vient cette impression. À l’inverse, l’interdiction d’utiliser une poussette dans les escaliers mobiles est, elle, sans équivoque.

Qu’en pensez-vous? Ne trouvez-vous pas que le pictogramme est vaguement ambigu quant à son caractère obligatoire? L’écriteau ne devrait-il pas plutôt afficher un rond vert autour du pictogramme, pour indiquer le caractère obligatoire du comportement illustré et décrit?

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* On entend par «matériel roulant» : «un autobus, un minibus, une voiture de métro ou tout autre véhicule utilisé pour le transport de personnes, par ou pour la Société, y compris tout véhicule utilisé par un préposé de la Société»(1). Les escaliers mobiles ne sont donc pas considérés comme du «matériel roulant», même si certains d’entre nous les appelons des «escaliers roulants». :) Mais ça ne change rien au reste de l’anecdote.

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(1) Règlement R-036 de la STM
(2) Cyberpresse

jeudi 28 octobre 2010

La faute du jeudi – catégories ‘anglicisme’ et ‘grammaire’

→ «tous vehicule non authorise sera remorqué» ←

FAUTE 1 : «authorise»

AUTORISÉ
«1. Admis. SYN. Approuvé.»(1)
«Authorized. Simple past tense of authorize(2)

Le h vient donc ici du mot anglais, puisque authoriser n’existe tout simplement pas en français.

FAUTE 2 : «tous vehicule»

TOUT, TOUS
«ADJECTIF INDÉFINI
1. Tous, toutes. Sans exception.
2. Tous, toutes. Chaque.
3. Tout, toute + nom sans article. N’importe quel.
NOTE. En ce sens, le nom et l’adjectif indéfini sont au singulier.»(1)

Ici, on pourrait aussi bien dire «tout véhicule non autorisé sera remorqué» que «tous véhicules non autorisés seront remorqués» (bien qu’en fait, «tous les véhicules non authorisés seront remorqués» sonnerait mieux à l’oreille…). Le problème qui nous occupe est que tous est pluriel alors que véhicule est singulier.

FAUTE 3 : «vehicule» et «authorise»

ACCENTS AIGUS
Je n’aurais pas pris la peine de considérer le manque d’accents aigus comme une faute, puisqu’on utilise ici des majuscules, si je n’en avais tout à coup aperçu un sur la dernière lettre, dans le mot remorqué. Sérieux manque d’uniformité ici. En plus du reste.

CORRECTION
Tout véhicule non autorisé sera remorqué à vos frais, même le* samedi et dimanche**

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* Noter la double espace sur le panneau (où peut-être y avait-il un s auparavant?)
** Idéalement, il vaudrait mieux dire «même le samedi et le dimanche» ou «même les samedis et dimanches»

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) Wiktionary

mercredi 27 octobre 2010

Cours : Vestiments 101

De retour de France, j’ai pu me régaler de nuances linguistiques. Le billet suivant est ainsi inspiré d’un moment cocasse qui m’est arrivé là-bas.

Je discutais avec deux amies pour savoir comment on allait organiser notre soirée, lorsqu’il a été question qu’on sorte dans un bar après le souper. J’ai alors dit : «Ah, dans ce cas, j’irai me changer avant de sortir pour mettre une camisole, pcq je risque d’avoir trop chaud avec mon chandail à manches longues!» C’est alors qu’une de mes interlocutrices me dit : «Une camisole?» en rigolant. Et c’est là que j’ai découvert que ce que j’appelle une camisole (soit un haut à bretelles porté directement sur le corps) est pour nos amis français un débardeur, et qu’une camisole est pour eux synonyme de camisole de force.

Essayons d’y voir plus clair.

CAMISOLE
«1. VIEILLI. Vêtement court, à manches, porté sur la chemise. → brassière, caraco, casaquin, gilet.
2. Camisole de force : chemise à manches fermées garnies de liens paralysant les mouvements, utililsée pour maîtriser les malades mentaux.»(1)
«QUÉBEC. Maillot court à manches.*
NOTE. Ce nom s’emploie toujours au Québec, mais il est vieilli dans le reste de la francophonie.»(2)

DÉBARDEUR
«2. Tricot court, collant, sans col ni manches et très échancré, porté à même la peau(1)
«Tricot sans manches et à large encolure.»(2)

GILET
«1. Vêtement d’homme, court, sans manches, ne couvrant que le torse, qui se porte par-dessus la chemise et sous le veston.
2. Vêtement court, avec ou sans manches, se portant sur la peau ou sur la chemise. → maillot, tricot.
3. Tricot à manches longues fermé devant. → cache-cœur, cardigan(1)
«1. Veste masculine sans manches qui se porte sous le veston.
2. Tricot à manches longues qui s’ouvre sur le devant.»(2)

VESTE
«1. ANCIENNT Vêtement couvrant le torse, ouvert devant.
2. MOD. Vêtement court (à la taille ou aux hanches), avec manches, ouvert devant et qui se porte sur la chemise, le gilet.»(1)
«Vêtement court comportant des manches, ouvert à l’avant et qui se porte sur une chemise, un tricot.
NOTE. Le vêtement court sans manches et ouvert à l’avant se nomme gilet(2)

CARDIGAN
«Veste de tricot à manches longues, et boutonnée devant jusqu’au cou.»(1)
«Veste de laine à manches longues et boutonnée.»(2)


QUÉBEC CONTRE FRANCE

C’est à s’y perdre, toute cette terminologie! Mais en bref, je crois comprendre que les termes québécois suivants correspondent aux termes français suivants :

camisole de force = camisole
camisole = débardeur
débardeur = gilet
gilet = veste
veste = cardigan

Revenue à Montréal, donc, j’ai été curieuse et me suis mise à fouiller sur certains sites Web de boutiques de vêtements (canadiennes) pour voir quelle terminologie on utilisait. J’avais souvenir d’avoir fréquemment vu le terme cami utilisé sur ces sites. D’ailleurs, instinctivement, j’aurais même pensé que le diminutif cami, pour camisole, en était un qui provenait de France, puisque nos amis français sont reconnus pour aimer les diminutifs (alu, cata, dico, facho, imper, manif, occaze, réglo, etc.).

J’ai été étonnée de constater que le site d’American Apparel (Canada, français) n’utilisait que le terme débardeur(3). Le site canadien de Gap (en français), quant à lui, utilise de façon aléatoire les termes camisole et débardeur, pour des vêtements similaires(4) (on ne note pas de nuance systématique entre, par exemple, l’utilisation du terme camisole pour les bretelles fines et débardeur pour les bretelles plus larges, par exemple; ou vice versa). Smart Set, pour sa part, utilise le terme cami(5), ainsi que veste sans manches(6) (plutôt que le terme gilet qu’on a trouvé plus haut, qui conviendrait ici), et utilise enfin le terme cardigan, qui lui, est peu utilisé dans le vocabulaire oral québécois (on dit plutôt veste). En fait, cardigan semble adopté par tous les sites de vêtements que j’ai consultés ici, probablement puisqu’il s’agit, dans le domaine du vêtement, d’un terme plus «exact» que le simple terme veste.

Beau méli-mélo langagier et culturel, n’est-ce pas? Ce qui m’intrigue le plus dans tout ça est le fait que, pour ma part, j’ai des frontières conceptuelles très précises dans ma tête de ce que je considère être une camisole ou un débardeur ou une veste, mais que mes concepts ne correspondent pas à ce que je retrouve dans les dictionnaires! À se demander où j’ai bien pu les apprendre…

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* Je ne comprends absolument pas pour qui, au Québec, le terme camisole signifie «Maillot court à manches.»! Je suis profondément intriguée par cette définition…

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(1) [Le nouveau Petit Robert, édition 2004. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) Site Web d’American Apparel (cliquer sur «Français»)
(4) Site Web de Gap (Canada) (cliquer sur «Français» en bas à gauche)
(5) Site Web de Smart Set, section «Mode Smart», sous-section «T-shirts et camis»
(6) Site Web de Smart Set, section «Mode Smart», section «Mode Smart», sous-section «Pulls, cardigans châles et tuniques»

lundi 25 octobre 2010

Fenêtre aveugles – prise 2

Vous souvenez la photo que j’avais prise près de mon bureau, de fenêtres dessinées sur le mur d’un bâtiment et qui imitaient d’autres fenêtres un peu plus haut? Il semble que Montréal ne soit pas la seule à avoir la créativité de peindre pareilles fenêtres pour embellir un peu ses murs. Toulouse le fait aussi, et si vous voulez mon avis, d’encore bien plus jolie façon!



J’ai pris cette photo lors de mon récent voyage à Toulouse, alors que je visitais la ville avec une amie qui y habite. Devant ce mur, on a tenu à peu près cette conversation :

– Regarde. Ils ont peint de fausses fenêtres sur ce mur, me dit-elle.
– Oui. C’est vraiment joli.
– Je ne me souviens plus comment on appelle ça déjà, ajouta-t-elle, en profonde réflexion.
– Je sais moi : on appelle ça des dessins!, répliqué-je d’un ton narquois.
– Maaaais noooon, me répondit-elle, hilare. Il y a un nom spécifique pour ça.
– Oui oui! Des DESSINS, répondis-je avec mon plus grand sourire.

Et s’ensuivit une sincère rigolade.

N’empêche qu’elle avait raison : on les appelle des trompe-l’œil. :)

vendredi 22 octobre 2010

Bonne fête CHOM!


CHOM, 97,7 fm a fêté ses 40 ans ce mardi 19 octobre. 40 ans! Pas mal pour une station de radio.

Adepte de rock, je ne peux que souhaiter longue vie à CHOM! :)

jeudi 21 octobre 2010

La faute [française] du jeudi – catégorie ‘orthographe’

→ «transport de fond» ←

FOND
«1. Le plus bas niveau.
2. Partie inférieure de quelque chose.
3. Partie la plus éloignée de l’entrée.
4. (FIG.) Point extrême.
5. Substance, contenu.»(1)

FONDS
«1. Bien, immeuble, terrain sur lequel on bâtit.
2. Capital de financement.
3. (FIG.) Ensemble de ressources.
4. (AU PLUR.) Argent disponible.
NOTE. En ce sens, le nom ne s’emploie qu’au pluriel.»(1)

Contexte où la pancarte à été aperçue : devant une banque. Le panneau indique une interdiction de stationner devant la banque, sauf pour des «transporteurs de fond».

CORRECTION
Interdit sauf transport de fonds*

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* Notez que cette fois encore, ce n’est pas par manque d’espace que le s est absent ni parce que quelqu'un l’aurait arraché : on voit bien que le mot fond est centré avec le reste du texte, sur le panneau.
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 20 octobre 2010

Expliquer pour saisir la nuance, afin de bien l’appliquer

Une connaissance m’a récemment posé une question portant sur la langue française, et sa question en a reveillé une que je me posais déjà et sur laquelle je voulais investiguer davantage : «Y a-t-il une différence de sens ou d’usage entre afin et pour

AFIN DE
«loc. prép.
En vue de. Elle m’a appelé afin de m’informer de sa venue. SYN. dans le but de; pour.
NOTE. Cette locution prépositive qui se construit avec l’infinitif ne s’emploie que lorsque le sujet de la proposition principale est également le sujet de l’infinitive. Dans les autres cas, on emploie plutôt la locution conjonctive afin que suivie du subjonctif.»(1)

AFIN QUE
«loc. conj.
Pour que. Nous avons choisi ce quartier afin que les enfants puissent aller au collège à pied.
NOTE. Cette locution conjonctive se construit avec le subjonctif.»(1)

POUR
«PRÉPOSITION
2. En vue de, afin de. Pour réussir, il faut travailler.
6. Afin de. Faire de l’exercice pour être en forme.
NOTE. Pour marquer l’intention, la préposition se construit avec l’infinitif.»(1)

À consulter ces définitions, il semble qu’afin et pour soient complètement interchangeables. Sceptique quant à cette information, j’ai eu envie de reprendre les mêmes exemples pour voir à quel point l’interchangement est réellement possible :

1a) Elle m’a appelé afin de m’informer de sa venue.
1b) Elle m’a appelé pour m’informer de sa venue.

2a) Nous avons choisi ce quartier afin que les enfants puissent aller au collège à pied.
2b) Nous avons choisi ce quartier pour que les enfants puissent aller au collège à pied.

3a) Pour réussir, il faut travailler.
3b) Afin de réussir, il faut travailler.

4a) Faire de l’exercice pour être en forme.
4b) Faire de l’exercice afin d’ être en forme.

Est-ce que ces phrases sont toutes correctes de la même façon? Grammaticalement, il semble que oui. Mais sémantiquement, suis-je la seule à percevoir une nuance?

À mon avis, seule la phrase 2 peut utiliser de façon interchangeable afin et pour. Et si l’on remarque bien, c’est la seule des quatre phrases à utiliser afin que et non afin de.

La phrase 1b) n’est pas incorrecte ou étrange, seulement la 1a) apparaît plus appropriée.

Les phrases 3b) et 4b), quant à elles, me semblent cette fois plus dérangeantes, et je crois que c’est ce qui me permettra de tirer ici un début de conclusion ou de généralisation. Ce qui est probablement problématique avec ces phrases, c’est qu’on appose la locution prépositive afin de comme complément d’une proposition complète. En 1b), on l’appose plutôt à un verbe. À mon avis, c’est en cela que diffère l’utilisation d’afin et de pour.

«CONCLUSION»
D’après mes observations, il semblerait que la locution conjonctive afin que soit, elle, en effet interchangeable avec pour que. Au contraire, la locution prépositive afin de ne doit être utilisée que pour introduire un complément de verbe, alors que la préposition pour s’utilise principalement pour amener un complément de proposition, bien qu’on puisse aussi l’utiliser pour introduire un complément de verbe.

Ça vous semble cohérent comme analyse? Y a-t-il des objections? Des compléments d’information?

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

lundi 18 octobre 2010

Damier céleste


Ou échiquier céleste?

Parce que je n’ai pas vu souvent pareil ciel, et que j’ai trouvé ça joli.

vendredi 15 octobre 2010

Crémeuse ou traditionnelle?

Une réforme complète et totale de l’orthographe du français, ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de cette idée. Êtes-vous pour? Êtes-vous contre?

L’idée qu’une langue soit d’abord un outil de communication oral sur lequel on bâtit ensuite l’écrit (il existe des langues à tradition orale SANS tradition écrite, alors que l’inverse ne semble vraisemblablement pas exister) semble un argument intéressant pour élaborer une orthographe phonologique (faire correspondre l’écrit aux sons). Par contre, de nombreux problèmes surviendraient, à mon avis.

D’abord, sur l’oral de qui se baserait-on? Celui de Montréal? Du Saguenay? De Gaspésie? Des Acadiens? Des Français?

Ensuite, toute langue évolue au fil du temps, et ce qu’on réformerait aujourd’hui serait forcément encore à réformer dans 100, 200 ans, etc. Est-ce à dire qu’il faudrait systématiquement retranscrire les écrits anciens en «nouvelle orthographe» chaque fois qu’on voudrait «réaligner l’écrit sur l’oral»? Fastidieux, n’est-ce pas? Ça pourrait toutefois être un sacré coup de marketing, par contre! Mais réapprendre à tous un nouveau système orthographique serait aussi passablement compliqué pour les gens qui auraient appris le système précédent.

Pourtant, certains semblent vouloir mettre de l’avant un tel projet : www.ortograf.net.

En ne m’attardant encore qu’à la page d’accueil (lisez d’abord en mode «français conservateur», si vous voulez y comprendre quelque chose), j’ai immédiatement constaté un manque flagrant d’uniformité (et ce, avant même d’aller consulter les «règles»). On écrit standar pour standard, mais enten pour entends. Pourquoi l’alternance an/en? Qu’est-ce qui la motive? Audiblement, rien!

Après consultation des règles, je suis encore plus mêlée qu’en n’ayant consulté que la page d’accueil. On nous y présente certains règles «obligatoires», d’autres «facultatives», et enfin des règles «provisioires». Difficile de s’y retrouver. Mon avis est qu’adopter l’alphabet phonétique international serait véritablement plus simple, si vraiment on désire faire correspondre l’écrit à la prononciation (une fois qu’on s’est entendu sur la norme parlée à utiliser comme base).

Finalement, qu’on soit pour ou contre une «ortograf altèrnativ», c’est une sujet qui demeure fondamentalement intéressant, non? Et sur lequel chacun a son opinion.

jeudi 14 octobre 2010

La faute [française] du jeudi – catégorie ‘anglicisme’

→ «guide digital» ←

DIGITAL
«Qui se rapporte aux doigts. Des empreintes digitales.
FORME FAUTIVE
*digital. Anglicisme au sens de (affichage) numérique(1)

CORRECTION
Le guide numérique officiel de la Tour Eiffel

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 13 octobre 2010

Le dico, ou comment ruiner une intuition

Récemment, j’ai entendu à plusieurs reprises, à la télé, des phrases telles : «Il a complètement ruiné ma robe en renversant son verre de vin dessus.» Agacée par cet usage de ruiner où je subodorais, sans conviction absolue, l’anglicisme («to ruin something»), j’ai voulu, fidèle à mon habitude, aller vérifier.

RUINER
«1. VIEILLI Réduire à l’état de ruines. → dégrader, délabrer, démanteler, détruire.
2. LITTÉR. Endommager gravement. → désoler, dévaster, gâter, ravager.
3. Causer la ruine, la perte de. → anéantir, détruire, perdre.
4. COUR. Faire perdre la fortune, la prospérité à.»(1)

«VERBE TRANSITIF
1. Ravager. Cet orage violent a ruiné les framboisiers. SYN. détruire; dévaster.
2. Causer la perte de la fortune.»(2)

Il semble donc que j’aie cette fois eu tort. Il est ainsi correct d’utiliser le verbe ruiner pour exprimer l’idée de «dégradation» ou de «destruction» d’un objet.

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(1) [Le nouveau Petit Robert, édition 1994. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

lundi 11 octobre 2010

Cadavre abandonné


Ce qu’il reste d’un vélo, au centre-ville, après qu’on l’eut pillé... et après que son propriétaire l’eut abandonné.

vendredi 8 octobre 2010

Le koro : nouvelle langue indienne

Un ami m'a parlé de cet article, et comme ça concerne la découverte d'une nouvelle langue, j'ai eu envie de partager l'information ici.

Comme quoi même en 2010, on peut encore découvrir des langues dont on ne soupçonnait pas encore l'existence. Des heures et des heures de plaisir d'analyse en perspective pour mes «amis» linguistes!

jeudi 7 octobre 2010

La faute [française] du jeudi – catégorie ‘grammaire’

→ «quelque soit» ←

FAUTE 1 : «quelque»

QUELQUE

«Quelque, dans l’expression quelque … que, s’écrit en un mot :
1º Devant un nom, il est adjectif et variable.
2º Devant un simple adjectif, il est adverbe et invariable.
3º Devant un adverbe, il est lui-même adverbe et invariable.
4º Devant un adjectif suivi d’un nom, il est adverbe et invariable quand le nom est attribut (le verbe de la subordonnée est alors être ou un verbe similaire).
Sinon, il est adjectif et variable.

Quelque, en dehors de l’expression quelque … que, est adjectif et variable quand il se rapporte à un nom. Il est adverbe et invariable quand, devant un nom de nombre, il signifie «environ», ou encore dans l’expression quelque peu(1)

QUEL QUE / QUELLE QUE

«Quel que s’écrit en deux mots quand il est suivi du verbe être ou d’un verbe similaire (parfois précédés de devoir, pouvoir), soit immédiatement, soit avec l’intermédiaire d’un pronom; quel est alors attribut et s’accorde avec le sujet du verbe.»(1)

«Déterminant relatif placé immédiatement devant le verbe être au subjonctif exprimant une idée de concession, d’opposition. Quelles que soient vos préoccupations, il vous faut agir rapidement.»(2)

FAUTE 2 : «soit»

Quel est ici le sujet de soit? Le modèle ET l'état. Le verbe devrait donc être au pluriel.

CORRECTION
...et vous rachète votre ancien mobile quels que soient le modèle et l’état*

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* En allant jeter un coup d'œil sur le site Web de la compagnie, j'ai pu constater qu'elle avait corrigé ses fautes. C'est une bonne nouvelle.

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(1) [GREVISSE, M. (1990). Précis de grammaire française, 29e édition. Éditions Ducolot, Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 6 octobre 2010

Morphologie adjectivale

Ne me demandez pas d’où m’est venue cette réflexion, je ne saurais le dire. Mais je me suis demandé ce qu’avaient de particulier les verbes dire, lire, rire et voir pour que leurs adjectifs respectifs se terminent par le suffixe -ible plutôt que -able, comme la plupart des autres verbes.

Voici quelques exemples :
aimer – aimable
battre – battable
boire – buvable
faire – faisable
haïr – haïssable
jeter – jetable
joindre – joignable
manger – mangeable
mettre – mettable
prendre – prenable
recevoir – recevable
tenir – intenable
valoir – valable

Alors pourquoi :
admettre – admissible
dire – indicible
élire – éligible
lire – lisible
prédire – prédictible
rire – risible
voir – visible

Complètement intriguée (et un peu paniquée, je dois avouer) devant ce manque flagrant de contexte identifiable, j’ai continué à chercher d’autres exemples (mon côté linguiste cherche en ce moment désespérément à trouver des indices observables de régularité, pour en tirer une règle cohérente et productive).

J’ai alors choisi de trier les verbes par groupe, d’après la simple (mais logique) intuition que la variation d’un suffixe verbal (ici -able ou -ible, au sens de ‘que l’on peut X’, ‘capable de X’, où X est le verbe initial) était sûrement influencé par la terminaison du verbe.

-ABLE

1er groupe
aimer – aimable
apprécier – appréciable
assiéger – assiégeable
broyer – broyable
céder – cédable
créer – créable
envoyer – envoyable
jeter – jetable
manger – mangeable
modeler – modelable
payer – payable
placer – plaçable

2e groupe
finir – finissable
haïr – haïssable

3e groupe
aller – allable
coudre – cousable
couvrir – couvrable
faire – faisable
servir – servable
vivre – vivable

-IBLE

1er groupe
accéder – accessible
corriger – corrigible
diviser – divisible
résister – irrésistible
submerger – submersible

2e groupe
convertir – convertible

3e groupe
admettre – admissible
comprendre – compréhensible
croire – crédible
détruire – destructible
percevoir – perceptible
permettre – permissible
percevoir – perceptible
transmettre – transmissible
vaincre – invincible

*soupir*

Toujours rien à tirer comme conclusion. Comment diantre peut-on alors, avec le simple verbe infinitif, décider de la forme de son suffixe?

En farfouillant sur le Web, je suis tombée sur l’explication suivante, sur un forum langagier, qui, si véridique et fondée, expliquerait ce beau méli-mélo :

«Le suffixe -able peut se rajouter à des radicaux verbaux de la conjugaison française et former des mots non directement dérivés du latin :
recevoir, recevable
joindre, joignable
(ils joignent)
prendre, prenable (nous prenons)
connaître, connaissable…(ils connaissent)
Il permet encore de créer des mots nouveaux :
cliquer, cliquable
[…]

Le suffixe -ible s'ajoute le plus souvent directement à des radicaux verbaux latins, et ne sert pas de nos jours à former de nouveau mots.
voir, visible (supin latin visum)
parfaire, perfectible (supin latin perfectum)
ouïr, audible (infinitif latin audire)
comprendre, compréhensible (supin latin comprehensum)

Noter un cas intéressant :
croire, croyable (mot de formation populaire)
croire, crédible (mot savant; latin credere)

Mais en règle générale, pour un verbe donné, même s'ils ont le même sens, on ne peut utiliser qu'un seul des deux suffixes. Comme on t'a conseillé, voir le dictionnaire...»(1)

Pour les plus curieux d’entre vous, j’ai aussi trouvé un article(2) qui traite plus généralement du suffixe -ble. Mais attention : il s’agit-là d’une analyse linguistique plutôt poussée. La section 2.1.1 (en page 36) et la conclusion (en page 42) traitent plus spécifiquement de l’alternance -able/-ible.

Il semble finalement que mon petit questionnemment anodin ne l’était pas et que j’ai plutôt ouvert une boîte de pandore. Mais j’adore les boîtes de pandores qui parfont ma culture.

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(1) Forum du site études-littéraires.com
(2) Site persee.fr

lundi 4 octobre 2010

Objets animés

Parce que ça m’amuse de prendre en photo des objets qui arborent «une face de bonhomme»...

Verrou des portes automatiques, dans le train de banlieue.



Boîte (complètement désuète!) pour insérer une carte, pour faire ouvrir la porte d’un garage (commercial).

vendredi 1 octobre 2010

Montée de lait contre les égocentriques

Chaque matin, pour me rendre au travail, je prends ma voiture et me rends à un stationnement incitatif, pour ensuite prendre le train jusqu’à Montréal. J’ai récemment découvert le train de banlieue comme moyen de transport et sans blague, on y développe vite une dépendance. Mais là n’est pas l’objet de mon billet.

Les trains de banlieue, dans la région métropolitaine, sont un moyen de transport relativement récent qui continue de se développer et de gagner en popularité. À preuve, l’Agence métropolitaine de transport (AMT) a, en février 2010, remplacé ses anciens wagons à un étage (sur la ligne Saint-Hilaire – Bonaventure, du moins) pour des nouveaux wagons à deux étages, signe que la compagnie cherche l’essor de son service.

Amis lecteurs, j’arrive tout doucement vers ma montée de lait…

Il semble toutefois qu’à la gare où je me rends quotidiennement, le train soit déjà passablement populaire. Du moins, si on compare le nombre de places offertes dans le stationnement incitatif (320) et le nombre de voitures qui tentent de s’y stationner (plus de 320!) chaque matin. Moi-même, qui préférais commencer à travailler à 9h et devais prendre le train de 8h35, j’ai dû faire un choix et plutôt commencer à travailler à 8h30 et prendre le train de 8h05. Pourquoi? Tout simplement parce qu’à 8h35, à la gare, il n’y a déjà plus de places disponibles pour se stationner (dans les rues avoisinnantes non plus).

Ainsi (le lait monte, le lait monte!), quand j’aperçois ceci, je ressens tout à coup une violente envie (que je réfrène, rassurez-vous) de vandaliser la voiture :


Je hais profondément ces gens qui placent leur petit nombril (et leur voiture!) avant le reste de la terre. Ils sont nombreux, vous me direz, et c’est bien vrai. Mais pour le cas qui m’occupe ici, je rêve du jour où j’apercevrai une contravention (salée, fantasmé-je!) coincée sous l’essuie-glace d’une voiture qui se sera stationnée de cette façon. J’ignore encore si la ville où se trouve la gare serait en droit d’octroyer une contravention à pareil imbécile, mais j’ai de plus en plus envie de me renseigner.