samedi 30 juin 2012

Le mot nouveau du samedi : aménité

Contexte :
«Mais voici un nouveau ‘‘rendu à César’’ avec l’histoire du mot beauf, cette abréviation familière de ‘‘beau-frère’’ illustrée par le dessinateur Cabu qui en fit un ‘‘type’’ – celui d’un Français mesquin, enfermé dans ses certitudes, passablement phallocrate et sans aménité pour la jeunesse.»(1)

AMÉNITÉ
«n. f. 1. Amabilité, affabilité. SYN. courtoisie. 2. (AU PLUR.) (PLAISANT.) Paroles désagréables, blessantes.»(2)

«n. f. 1. VX Agrément (d’un lieu). 2. Amabilité pleine de charme. ⇒ affabilité. ◊ AU PLUR. IRON. Paroles blessantes ou injurieuses.»(3)

-----
(1) [DUNETON, Claude (2005). Au plaisir des mots. Éditions Denoël, Paris, p. 104.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(3) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mardi 26 juin 2012

Le mot nouveau du mardi : ébarbage

Contexte :
Entendu dans un épisode de Comment c’est fait, diffusé le 2 janvier 2012 sur les ondes de Ztélé, à propos de la fabrication des casques de football. «Les coquilles se mettent en place pour l’ébarbage : l’excédent de plastique laissé par le moulage est coupé.»

ÉBARBAGE
«n. m. TECHN. Action d’ébarber.»(1)

ÉBARBER
«v. tr. 1. TECHN. Débarasser des barbes(a), aspérités, bavures, etc. (l’orge, une surface ou pièce mécanique, des feuilles de papier, etc.). ⇒ limer, rogner. 2. Couper les barbes(a), les nageoires de (un poisson) avant la cuisson.»(1)

«v. t. 1. Enlever les barbes(a), les saillies d’une surface métallique, d’une planche de cuivre, etc. 2. AGRIC. Enlever les barbes, les arêtes des enveloppes des graines de certaines plantes telles que l’orge. 3. REL. Couper les bords irréguliers des feuillets d’un livre afin de les égaliser. 4. CUIS. Préparer un poisson en lui enlevant ses nageoires, les rayons qui les soutiennent et la queue.»(2)

---
(a) BARBE
«n. f. […] 6. PLUR. TECHN. Petites irrégularités au bord d’une pièce de métal qui vient d’être découpée. ⇒ barbille(b). ◊ Irrégularités au bord d’une page coupée.»(1)
«n. f. […] 5. Filament (en partic., filament métallique) qui reste attaché au bord d’une découpure peu franche. […]»(2)
(b) BARBILLE
«n. f. TECHN. Filament qui reste parfois au flan des monnaies.»(1)
-----
(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

samedi 23 juin 2012

Le mot nouveau du samedi : s’engrener

Contexte :
Entendu à l’émission Comment c’est fait du 30 décembre 2011, diffusée sur les ondes de Ztélé, dans un reportage sur la fabrication des locomotives. «Les éléments dentés de l’assemblage s’engrènent* avec ceux du moteur de traction.»

ENGRENER
«v. tr. I. TECHN. Emplir de grain. II. Faire entrer les dents d’une roue dans les espaces séparant les dents d’une autre roue, d’un pignon, de manière à réaliser un engrenage. PRONOM. Roues qui s’engrènent. ◊ RARE Entraîner dans un engrenage.»(1)

«v. tr. MÉCAN. INDUSTR. Mettre en prise un élément d’un engrenage dans un autre élément. ♦ v. i. Être en prise, en parlant des éléments d’un engrenage.»(2)

--
* Lorsque j’ai entendu le mot, je me doutais bien du lien qu’il entretenait avec le nom engrenage. Toutefois, je doutais de l’existence de ce verbe, que je n’avais encore jamais entendu, et ai suspecté une invention ponctuelle et saugrenue. Encore une fois, j’avais tort. :)
-----
(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

mardi 19 juin 2012

Le mot nouveau du mardi : tracter

Contexte :
Entendu à l’émission Comment c’est fait du 30 décembre 2011, diffusée sur les ondes de Ztélé, dans un reportage sur la fabrication des locomotives. «Toutes les soudures sont d’une épaisseur exceptionnelle pour permettre au châssis d’être suffisamment solide pour tracter* 454 tonnes métriques.»

TRACTER
«v. tr. Tirer au moyen d’un véhicule.»(1)

«v. tr. Tirer au moyen d’un véhicule (tracteur, auto, camion) ou d’un procédé mécanique (remonte-pente). ⇒ remorquer(2)

--
* Lorsque j’ai entendu le mot, je me doutais bien du lien qu’il entretenait avec le sens «tirer» ou la forme traction. Toutefois, je doutais de l’existence de ce verbe et ai suspecté une impropriété ou une invention. …À tort, comme nous venons de le constater. :)
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 18 juin 2012

I’ve got a crush…



…a crushed CrushTM. :)

samedi 16 juin 2012

Le mot nouveau du samedi : tourillon

Contexte :
Entendu à l’émission Comment c’est fait du 30 décembre 2011, diffusée sur les ondes de Ztélé, dans un reportage sur la fabrication des locomotives. «Le châssis est alors soulevé et tourné à l’aide d’énormes tourillons pour que les axes pointent vers le haut.»

TOURILLON
«n. m. TECHN. 1. Pièce cylindrique servant d’axe; SPÉCIALT Partie d’un axe qui tourne dans un support. – Gros pivot. 2. Cheville de bois rainurée servant à assembler des pièces de menuiserie.»(1)

«n. m. TECHN. 1. Partie d’un arbre qui permet à ce dernier de tourner dans son palier support. 2. Chacun des pivots fixés de part et d’autre du tube d’un canon, grâce auxquels il repose sur l’affût(a) et peut se déplacer sur un plan vertical. 3. Cheville cylindrique servant à assembler des pièces de bois, des panneaux.»(2)

---
(a) AFFÛT
«n. m. 1. Support du canon d’une bouche à feu, qui sert à le pointer, à le déplacer (par oppos. à tube). […]»(2)
-----
(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

vendredi 15 juin 2012

Une preuve est une preuve et est bonne parce qu'elle a été prouvée!

Inspirée de mon titre professionnel officiel, soit correctrice d’épreuves, j’ai été voir qui faisait partie de la famille étymologique du mot épreuve.
PROUVER mot latin comportant un 2e élément -bus, issu de -bhos, peut-être apparenté à la racine *bheu «croître» […]
1) probus, issu de *pro-bhos, littéralement «qui pousse bien droit», latin classique «de bonne qualité» et «honnête, loyal», d’où a) probitas «honnêteté» et les antonymes improbus et improbitas b) probare, approbare «approuver» et «faire approuver»; improbare, reprobare «désapprouver, rejeter»; probatio «épreuve, essai»; probabilis «digne d’approbation», «vraisemblable»
2) superbus, issu de *superbhos, littéralement «qui croît au-dessus des autres», latin classique «orgueilleux», d’où superbia «orgueil»[…].

- prouver (probare), prouvable, éprouver
- preuve, épreuve (dérivés de prouver et approuver, avec la voyelle eu des formes accentuées sur le radical)
- réprouver (reprobare)
- approuver (approbare)
- probable, probabilité (probabilis, probabilitas)
- probation, probatoire, probant (probatio, probans)
- approbation (approbatio)
- réprobation (reprobatio)
- superbe («orgueilleux», «grandiose», «très beau», superbus)(1)
Prouver, éprouver, approuver, réprouver. Probation, approbation, réprobation. Foncièrement, tous liés par le sens de «croître», mais de croître «droit», «de façon honnête», donc «correcte».
Probus est à l’origine du français probe, synonyme d’«honnête».
Probare, verbe dérivé de probus, signifiait «vérifier la bonne qualité, l’authenticité». Il a donné en français […]prouver.
Du nom dérivé proba est issu preuve : ce qui sert à établir qu’une chose est vraie.
Probabilis, adjectif dérivé de probare, signifiait «que l’on pourrait prouver», donc «vraisemblable». C’est l’origine du français probable.
[…]
Éprouver ne vient pas directement du latin. Il fut forgé en ancien français, sous la forme esprover, composée de prover et du préfixe -er, issu du latin -ex. Il signifiait d’abord «mettre à l’épreuve, vérifier». Il en fut dérivé esprove, devenu épreuve, au sens de «ce qui permet de vérifier la valeur d’un homme». Le sens d’éprouver s’élargit : de «mettre à l’épreuve», on passe à «faire l’essai de», puis «faire l’expérience de, tâter de»; c’est l’acception la plus commune aujourd’hui : «éprouver de la peine, de la joie, etc.».(2)
Après ces explications probantes, qu’est-il probable qu’il nous reste à prouver, cette fois? Peu importe les réprobations de gens peu probes; une fois la superbe épreuve réussie, on éprouve enfin de la fierté.

Pour conclure enfin et revenir sur le titre de ce billet, je vous enverrai (ré-)entendre la savoureuse preuve de Jean Chrétien. Même en anglais, c’est [presque...] limpide! :)

--
* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
-----
(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]

jeudi 14 juin 2012

La faute du jeudi – catégorie ‘coquille’

«Tendre poitrine de poulet matrinée* avec sauce crémeuse…»

MARINÉ, ÉE
«adj. Trempé, conservé dans la saumure ou dans une marinade.»(1)

MARINER
«v. tr., intr. VERBE TRANSITIF Faire macérer (de la viande, des poissons, etc.) dans une marinade. VERBE INTRANSITIF Baigner dans une marinade, en parlant d’un aliment.»(2)

CORRECTION
Tendre poitrine de poulet marinée avec sauce crémeuse…

--
* Matrinée, c’est sûrement pour les marinades matinales… :)
-----
(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

mercredi 13 juin 2012

Légère comme l’herte*? Ou légerte comme l’air?

[Mise à jour, 14 juin 2012, 23h27]

Cette semaine, je sors la linguiste en moi et tente de trouver une explication plausible au phénomène suivant : l’usage, un peu trop répandu, de l’adjectif légerte [sic] comme féminin de léger.

Qu’est-ce qui peut bien motiver pareille faute? Tentons de tirer des généralisations, pour voir si, un peu comme le font les enfants qui disent sontaient, ouvri ou tiendre, [triple sic] (à ne pas confondre avec Triple sec…!), il n’y aurait pas une règle générale, implicite, qu’on construirait en se basant sur la formation d’autres mots similaires, pour former avec -erte le féminin des adjectifs masculins en -er.

D’abord, qu’a-t-on comme adjectifs féminins finissant en -erte :
- verte (vert)
- ouverte (ouvert)
- couverte (couvert)
- inerte (invariable)
- alerte (invariable)

Ensuite, trouvons des adjectifs féminins finissant en -ère :
- première (premier)
- côtière (côtier)
- droitière (droitier)
- minière (minier)
- printanière (printanier)
→ Tous des adjectifs masculins qui se terminent par -ier.

- délétère (invariable)
- lanifère (invariable) [«qui porte de la laine»]
- laticifère (invariable) [«qui contient du latex»]
→ Tous des adjectifs à forme invariable… ce qui ne nous aide pas beaucoup ici.

Mais!
- mensongère (mensonger)
- particulière (particulier)
- potagère (potager)

→ Ah ha! Cette fois on tient quelque chose. On a ici des adjectifs masculins qui se terminent par -er, qui forment leur féminin en -ère. Eurêka!

À partir de ce [certes! (malheureusement pas le féminin de cert [sic]…)] mini-corpus, que peut-on observer?

1) D’abord, les adjectifs non invariables qui se terminent par -erte, bien que peu nombreux, sont tous construits d’après des adjectifs masculins se terminant par -ert, donc, prononcés [Er] (comme ‘air’), et non [e] (comme ‘et’). Ça exclut d’emblée notre léger

2) Ensuite, les adjectifs qui se terminent par -ère sont, quant à eux, souvent formés sur un masculin se terminant par -ier. Encore ici, léger serait en principe exclu. Mais, avec un peu de recherche (et d’aide d’une amie professeure de français! merci Mireille!), on peut constater (les mots en caractères blancs) que quelques adjectifs en -er au masculin forment bien leur féminin en -ère. Le couple léger-légère est donc légitime et «logique», d’une certaine façon.

Ainsi, si l’adjectif légère respecte un patron morphologique régulier (c.-à-d. une façon régulière de former un type de mot dans un contexte précis) propre à d’autres adjectifs similaires, d’où vient cette déformation de légerte [sic]?

Pour ma part, je ne vois pour l’instant qu’une seule explication : le nom légèreté est probablement le grand responsable de cette contamination : léger’télégerte [sic]. Qu’en pensez-vous?

[Pourtant, bien que le nom lié à l’adjectif fier soit fierté, je ne connais personne qui dise fierte [sic] au lieu de fière!]

Évidemment, vous aurez compris que tout ceci n’a rien de scientifique et que je ne fais que réfléchir avec vous à une explication plausible d’un phénomène langagier peu ou pas expliqué. Il est bien possible que je sois complètement dans l’erreur et qu’il y ait une [réelle?] explication à cette erreur courante. Je serais, à vrai dire, la première ravie de la découvrir.

N’hésitez pas à commenter si vous avez des pistes de réflexion ou des références à partager à ce sujet.

En attendant, rappelez-vous simplement d’utiliser légère plutôt que légerte [sic].

--
* Herte : mot inventé, pour l’euphonie du titre.

mardi 12 juin 2012

Le mot nouveau du mardi : extrudeuse

Contexte :
Entendu à l’émission Comment c’est fait, diffusée sur les ondes de Ztélé le 29 décembre 2011, lors d’une capsule sur la fabrication des pneus géants. «Les câbles entrent dans une extrudeuse. Elle broie et chauffe une partie du caoutchouc traité, puis l’applique autour des câbles pour les [en] revêtir.»

EXTRUDEUSE
«n. f. TECHN. Machine de transformation des matières par extrusion(a). ⇒ boudineuse(b)(1)

«n. f. TECHN. Machine servant à l’extrusion(a)(2)

---
(a) EXTRUSION
«n. f. […] 2. TECHN. Fabrication de pièces métalliques par écoulement du métal dans une filière profilée. – Procédé de mise en forme d’un objet, d’un aliment, qui consiste à pousser la matière à fluidifier à travers une filière. (⇒ boudineuse(b), extrudeuse).»(1)
(b) BOUDINEUSE
«n. f. TECHN. Machine servant à mouler des matières malléables. ⇒ extrudeuse(1)
-----
(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [Le petit Larousse illustré 2012, édition limitée, éditions Larousse, Paris.]

lundi 11 juin 2012

Cycliste religieux et assidu



Tous les matins en me rendant au travail, je croise ce «bicyk jaune», garé à une des rampes de la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde, et allez savoir pourquoi, ça me fait sourire.

Peut-être parce que je trouve que ça met de la vie et de la couleur à cette froide devanture esthétique?

Peut-être parce que ça m’attendrit de penser à la personne qui, de si bon matin, enfourche quotidiennement son vélo pour aller se recueillir?

Ou peut-être tout simplement parce que ça me fait penser à la chanson de François Pérusse…?

samedi 9 juin 2012

Le mot nouveau du samedi : malversation

Contexte :
Luc Lapierre, au Téléjournal 18h de Radio-Canada le 2 juin dernier, à propos de la sentence de prison à vie de Moubarak : «Les deux fils Moubarak poursuivis pour malversation ont également été acquittés.»

MALVERSATION
«n. f. Détournement de fonds.»(1)

«n. f. DIDACT. ou LITTÉR. Faute grave, consistant souvent en détournement de fonds, en gains occultes, commise dans l’exercice d’une charge, d’un mandat. ⇒ concussion(a), corruption, détournement, exaction(b), prévarication(c), trafic (d’influence).»(2)

---
(a) CONCUSSION
«n. f. DR. et DIDACT. Perception illicite par un agent public de sommes qu’il sait ne pas être dues. ⇒ exaction(b), malversation, péculat(d)(2)
(b) EXACTION
«n. f. 1. DIDACT., ADMIN. Action d’exiger ce qui n’est pas dû ou plus qu’il n’est dû (SPÉCIALT en parlant d’un agent public). ⇒ extorsion, malversation, rançonnement. 2. PAR EXT., AU PLUR. Mauvais traitements, sévices. ⇒ excès(2)
(c) PRÉVARICATION
«n. f. LITTÉR. ou DR. Acte de mauvaise foi commis dans une gestion. – SPÉCIALT Grave manquement d’un fonctionnaire, d’un homme d’État aux devoirs de sa charge. ⇒ malversation, forfaiture(e)(2)
(d) PÉCULAT
«n. m. ADMIN. Détournement des deniers publics. ⇒ concussion(2)
(e) FORFAITURE
«n. f. 1. FÉOD. Violation du serment de foi et hommage. ⇒ félonie(f), trahison. – LITTÉR. Manque de loyauté. 2. DR. Crime dont un fonctionnaire public se rend coupable en commettant certaines graves infractions dans l’exercice de ses fonctions. (⇒ prévarification). ◊ CONTR. Fidélité, foi, loyauté.»(2)
(f) FÉLONIE
«n. f. FÉOD. Déloyauté du vassal envers son suzerain. ⇒ forfaiture, trahison. ◊ LITTÉR. Acte déloyal.»(2)
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 8 juin 2012

Voyageriez-vous avec un voyou dans votre voiture sans l’invectiver?

Inspirée par le Grand Prix de Formule 1 (de Montréal) de cette fin de semaine, j’ai commencé par penser consulter l’étymologie du mot automobile. Mais déjà, auto + mobile me laissaient facilement entrevoir l’idée de «se mouvoir par soi-même». J’ai donc plutôt opté pour le terme voiture, qui, comme vous le contstaterez, fait partie d’une famille étymologique nombreuse et élargie, et fort intéressante.
VOIE famille d’une racine indo-européenne *wegh- «aller en char, transporter sur un char».
En latin
1) vehere, vectus «transporter», d’où
…a) vehiculum «moyen de transport»
…b) vectura «transport»; vector «qui transporte»
…c) invehi, invectus «être transporté (par la colère)», d’où invectivus «outrageant» […]
2) via issu de *weghya «route pour les chars», d’où
…a) viaticus «de voyage» […]
…b) -vius 2e élément de composés, dans devius, sur de via «hors de la route, écarté, détourné»; obvius, sur ob viam «qui se trouve sur le passage»; bivius, trivius «qui se partage en deux, trois routes» […]; trivialis «de carrefour», «banal» […]
…c) latin impérial viare «voyager», d’où bas latin inviare «marcher sur»; obviare «aller au-devant de», «barrer le passage»; deviare «s’écarter du droit chemin» […].
En germanique
1) allemand Weg, anglais way «route, chemin»
2) moyen haut allemand, moyen bas allemand, néerlandais wagen «chariot».(1)
Voici quelques mots issus de cette racine :
- voie «conduite à suivre», latin vĭa; voiture vectura
- voyou, dérivé de voie, «qui traîne dans les rues»
- voyage «passage» puis «pèlerinage»; viātĭcum
- envoyer inviāre «parcourir», renvoi
- convoyer *conviāre «voyager avec»
- dévier deviare
- trivial trivialis
- viabilité du bas latin viabilis «où une voiture peut passer»
- viaduc adaptation d’après aqueduc […] de via et ductus «conduire»
- véhicule vehiculum
- invective invectiva
- vecteur «transporteur» vector
- wagon anglais waggon «chariot», du néerlandais wagen «chariot»(1)
Ainsi on constate que la «voie» s’est insinuée dans plusieurs mots, parfois par son sens concret, comme dans dévier, envoyer, voiture, voyage, voyou, et d’autres fois par son sens plus métaphorique, comme dans invective, trivial et viabilité. Car, comme on le sait, la viabilité n’a plus simplement le sens de «où une voiture peut passer».

--
* Les formes précédées par un astérisque sont des formes reconstituées (non attestées dans les textes).
-----
(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 7 juin 2012

La faute du jeudi – catégorie ‘grammaire’

«… des bonhommes sourires …»

BONHOMME
«[F]ait au pluriel bonshommes, avec s intercalaire et prononciation bon-z-hommes(1)

«Plur. : des bonshommes. Tendance très fréquente à oublier le s dans l’orthographe et dans la prononciation.»(2)

«Les composés [noms] dont les éléments sont soudés dans l’écriture forment leur pluriel comme les noms ordinaires : Des bonjourS. Des gendarmeS. Des entresolS. Des pourboireS. Des portemanteauX. […] EXCEPTIONS. Dans bonhomme, gentilhomme, madame, mademoiselle, monseigneur et monsieur, les deux éléments varient au pluriel phonétiquement et graphiquement; bonShommeS, gentilShommeS, MESdameS, MESdemoiselleS, MESseigneurS ou NOSseigneurS, MESsieurS.»(3)

CORRECTION
… des bonshommes sourires …

-----
(1) [THOMAS, Adolphe V. (2007). Dictionnaire des difficultés de la langue française. Éditions Larousse, Paris.]
(2) [COLIN, Jean-Paul (2006). Dictionnaire des difficultés du français. Éditions Le Robert, collection Les usuels, Paris.]
(3) [GREVISSE, Maurice et André GOOSSE (2011). Le bon usage, 15e édition. Éditions De Boeck Université, Paris, p. 728.]

mercredi 6 juin 2012

Allumettes en vente ou vente de feu?



Lors de changements de saison, les boutiques cherchent à écouler leurs stocks et nous annoncent alors des promotions toutes plus alléchantes les unes que les autres. Mais en quoi un article en vente devrait-il être plus ou moins attrayant qu’un article en solde, dites-moi?

VENTE
«n. f. 1. Convention entre deux personnes par laquelle l’une (le vendeur) s’oblige à livrer une chose à l’autre (l’acquéreur), à la payer. 2. Action de vendre.
LOCUTION
- En vente. Se dit d’un bien destiné à être vendu. NOTE Contrairement à l’anglais où le mot ‘‘sale’’ comporte deux sens distincts : ‘‘vente’’ et ‘‘vente au rabais’’, le nom français ne signifie que l’action de vendre. Pour désigner une vente où le prix des articles a été réduit, on emploiera plutôt vente au rabais, solde(1)
En français, le substantif vente désigne l’action de vendre, le fait de céder un bien contre une somme d’argent ou la mise en vente de marchandises.

Contrairement à l’anglais sale, qui peut avoir le sens de «vente à prix réduit», vente ne signifie pas «aubaine, promotion, rabais, réclame, solde», ni «liquidation». Son emploi en ce sens constitue un anglicisme. Ainsi, c’est un anglicisme de dire qu’on a acheté un article en vente : on l’a plutôt acheté en solde, en promotion, en réclame, à prix réduit ou au rabais.
[…]
Par ailleurs, on évitera ces autres calques de l’anglais que constituent vente d’eau et vente de feu (flood sale et fire sale), auxquels on préférera par exemple liquidation après sinistre ou encore solde après incendie. Si l’expression est utilisée au sens figuré et qu’il n’y a pas eu réellement sinistre, on peut employer par exemple braderie ou vente au rabais.(2)
Ainsi, tout article que l’on peut se procurer en échange d’un paiement est dit en vente. D’un point de vue pécuniaire, cette appellation devient tout à coup beaucoup moins alléchante, n’est-ce pas? Sur ce, bonnes aubaines!

--
N. B. Pour des exemples d’utilisations fautives et d’utilisations correctes, consultez le lien (2), ci-dessous.
-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française

mardi 5 juin 2012

Le mot nouveau du mardi : potentat

Contexte :
Claude Deschênes, au Téléjournal 18h de Radio-Canada, le 11 mai dernier, à propos du film Dictateur : «Et les potentats de ce monde en prennent pour leur grade, comme dans cette scène, où le général Aladine s’organise des jeux olympiques et élimine ses adversaires pour gagner.»

POTENTAT
«n. m. 1. Personne qui exerce un pouvoir absolu dans un grand État. SYN. despote; tyran. 2. (FIG.) (PÉJ.) Personnage important qui possède un pouvoir excessif du fait de sa richesse, de son pouvoir, de sa réussite.»(1)

«n. m. 1. Celui qui a la souveraineté absolue dans un grand État. ⇒ monarque, souverain, tyran. 2. Homme qui possède un pouvoir excessif, absolu.»(2)

-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 4 juin 2012

Ciel embrasé


Un coucher de soleil, tout simple, tout printanier, aperçu entre deux bâtiments, alors que je sortais d’un centre d’achats, le 18 mai dernier vers 20h20.

samedi 2 juin 2012

Le mot nouveau du samedi : jaspiner

Contexte :
Mot utilisé par une de mes collègues. Exemples d’utilisation : «Arrête de jaspiner!» ou «Quand ça se met à jaspiner autour, on ne s’entend plus penser.»

JASPINER
«v. intr. (FAM.) Bavarder, bougonner. NOTE Ce verbe a une connotation préjorative.»(1)

«v. intr. crois. de jaser et du v. dial. japiner «japper» ♦ FAM. et PÉJ. Bavarder, causer.»(2)

-----
(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 1 juin 2012

Des négociations oisives?

Inspirée par les récents événements concernant les négociations entre les représentants étudiants et le gouvernement du Québec, j’ai eu une intéressante surprise en allant consulter, dans mon dictionnaire étymologique, la racine du mot négotiation et en constatant de quel mot il était issu.
OISEUX famille du latin otium «loisir», d’où otiosus «qui n’est pris par aucune affaire» : s’oppose à négotium «occupation, affaire», d’où negotiari «faire du commerce», 1er élément → NON.
1) oiseux (populaire) XIIe; ositius.
2) oisif (populaire) XIIIe : réfection, d’après oiseux, de l’ancien français oisdif XIIe «id.», peut-être issu de la contamination de oiseus et de voisdie «prudence» (dérivé de voisous «prudent», du latin vitiosus → VICE); oisiveté XIVe.
3) négoce XIIe «affaires», XVIIe «commerce» (savant) : negotium; négocier XIVe : negotiari; négociateur, négociation XIVe : negociator, negotiatio; négociant XVIe : latin negotians, -antis, part. présent de negotiari, peut-être par l’italien negoziante; négociable XVIIe.(1)
Eh bien voilà qui est plus clair : négociation serait construit du préfixe neg-, «non», et de la racine otiatio, qui aurait pour sens «loisir, libre», et de laquelle on tire aujourd’hui l’adjectif oisif. On peut donc penser que des négociations requièrent, intrinsèquement, beaucoup de travail, si on se fie à la racine du mot… L’auriez-vous cru? Et surtout, y croyez-vous toujours…?

-----
(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]