vendredi 30 septembre 2011

Rue et rugueux

Trouvez-vous que les rues sont rugueuses, vous? Moi pas…
«Ride» se disait en latin ruga. Le mot français, lui, est dérivé du verbe rider, issu du germanique ridan, «tordre».
Par extension, ruga prit le sens de «sillon», puis de «voie bordée de maisons». Ruga aboutit en français à rue.
Dérivé de ruga, rugosus signifiait «ridé» et, par analogie, «rude au toucher». Ce dernier sens se retrouve dans le français rugueux, issu de rugosus.(1)
rue 1) (populaire) «voie bordée de maisons» : latin rūga, classique «ride», bas latin «chemin»; ruelle «petite rue», «espace entre le lit et le mur», littéraire : diminutif de rue. 2) rugueux (savant) «dévasté», sens moderne : latin rugosus «ridé»; rugosité.(2)
L’analogie du sens «sillon» entre rue, ride et rugueux est à la fois jolie et poétique.

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(1) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]
(2) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 29 septembre 2011

La faute du jeudi – catégorie ‘orthographe’

→«POUTINE De Porc Éfiloché»←

EFFILOCHER
«v. tr. pronominal
PRONONCIATION. Le e initial se prononce é (et non *è).
VERBE TRANSITIF
Défaire fil à fil une étoffe. Elle effiloche ce châle.
VERBE PRONOMINAL
Se défaire fil à fil par l’usure. Les poignets de ce chandail se sont effilochés.»(1)
«v. tr. Effiler (des tissus, des chiffons) pour réduire en bourre, en ouate, en charpie. On dit aussi EFFILOQUER. Machine à effilocher (ou effilocheuse n. f.). ◊ PRONOM. Étoffe usée qui s’effiloche. → s’effiler, s’effranger. PAR ANAL. ‘‘Les nuages s’effilochaient’’ (Sartre). […] – SUBST. Un effiloché de raie, de morue. (Gault et Millau, 1989).»(2)

CORRECTION
Poutine de porc effiloché

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mercredi 28 septembre 2011

Mot à usage unique? – no 3

Un peu comme je m’étais déjà posé la question pour escampette et rutilant, je me suis demandé si on pouvait utiliser l’adjectif preux ailleurs que dans l’expression un preux chevalier.

PREUX*
«adj. m. et n. m.
ADJECTIF MASCULIN (VX) Brave.
NOM MASCULIN (VX) Chevalier brave et vaillant. Les preux partirent guerroyer.»(1)
«adj. m. et n. m. VX (langue de la chevalerie) Brave, vaillant. ‘‘Roland est preux et Olivier sage’’ (Bédier; trad. ‘‘Chanson de Roland’’). Un preux chevalier. – N. m. Charlemagne et ses preux.CONTR. Lâche.»(2)

Si on ne fie qu’au contenu lexical des définitions, il semblerait qu’on puisse remplacer brave par preux, du moins en parlant d’un homme. Toutefois, si on prend la peine de regarder les informations relatives à l’usage, la note VX, qui signifie «vieux», nous informera sur le fait qu’il s’agit d’un «mot, sens ou emploi de l’ancienne langue, incompréhensible de nos jours et jamais employé, sauf par effet de style : archaïsme».(2) De plus, le Robert nous indique également que le terme en est un spécifique à la chevalerie.

Ainsi, bien qu’on ait maintenant appris qu’on puisse accoler le terme preux à autre chose qu’au nom chevalier (par exemple comme attribut d’un nom propre), il semble malheureusement qu’on ne puisse décemment l’utiliser dans la langue courante… sauf, bien entendu, pour créer un effet stylistique, ou encore, pour s’exprimer avec emphase lors de loisirs à saveur médiévale.

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* Remarquez comme l’adjectif (tout comme le nom, d’ailleurs) ne semble pas avoir de forme féminine, telle *preuse. Est-ce parce qu’à cette époque, les chevalières n’existaient pas? Ou alors, parce qu’elles étaient par définition même, lâches? Amusant, non?
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mardi 27 septembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Entendu dans un reportage de Denis Gagné lors de l’émission L’épicerie diffusée sur les ondes de Radio-Canada, le 1er juin dernier. «Originaire d’Amérique du Sud, la pomme de terre a bien bourlingué en plus de quatre siècles.»

BOURLINGUER
«v. intr. 1. Avancer péniblement en luttant contre une grosse mer (en parlant d’un navire). 2. Naviguer beaucoup (en parlant d’un marin). Il a bourlingué longtemps. 3. (FIG.) (FAM.) Voyager beaucoup, mener une vie aventureuse.»(1)

«1. MAR. Avancer péniblement contre le vent de mer. → rouler. 2. Naviguer beaucoup. – FIG. et FAM. Voyager beaucoup en menant une vie aventureuse (cf. FAM. Rouler sa bosse).»(2)

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 26 septembre 2011

Pictogrammes orphelins

[photo prise à la Gare Bonaventure]
Quelqu’un devra sérieusement m’expliquer où ils ont bien pu cacher les toilettes des femmes, parce que outre dans la colonne elle-même (ce qui ferait un endroit ma foi fort exigu), je ne vois pas du tout où elles peuvent être, si on se fie à l’emplacement des (trois!) pictogrammes.


[photo prise au Centre Véronneau, dans le Vieux-Longueuil]
Ici cette fois, c’est un peu moins sérieux… Je crois malgré tout que la personne qui aurait besoin de téléphoner serait bien en peine de faire son appel.

samedi 24 septembre 2011

Entendu – no 16

Quand : Le samedi 10 septembre 2011, vers 20h.
Où : À l’épicerie de mon quartier, dans le Vieux-Longueuil.
Contexte : Dans la section des fruits, j’entends près de moi une cliente saluer le commis, et j’en déduis qu’ils parlent de la température qui s’est brusquement rafraîchie (passée des 30º à 18-20º), parce que voici ce que le commis lui répond :

«Ah ouin. L’évanescence de l’été, c’est toujours déprimant.»

En voilà un qui pourrait avoir pris trop au pied de la lettre mes billets Le mot nouveau du mardi, sans porter attention aux marques d’usage…

ÉVANESCENCE
«n. f. (LITT.) Caractère de ce qui est évanescent.»(1)

ÉVANESCENT
«adj. (LITT.) Fugitif, qui s’efface peu à peu.»(1)
«adj. LITTÉR. Qui s’amoindrit et disparaît graduellement. → fugitif.CONTR. Durable.»(2)

En soi, la phrase n’a donc rien de sémantiquement fautif. Ni même grammaticalement. Mais utiliser des termes littéraires pour faire la conversation sur la température dans une allée d’épicerie, ça a quelque chose de vaguement incongru, à mon avis, limite pédant même. Mais bon, ce n’est que mon avis, en somme. Ça m’a finalement foncièrement amusée.

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 23 septembre 2011

L’automne et son équinoxe

Il semble que l’arrivée de l’automne, à 5h05 (heure avancée de l’est), avec son équinoxe, m’aient inspiré le billet d’aujourd’hui.
NUIT famille d’une racine indo-européenne nokt- «nuit», base du nom féminin d’une forme active […] représentée.
En grec par nux, nuktos, «nuit».
En latin par nox, noctis «id.», d’où nocturnus «de la nuit»; noctua «chouette, hibou»; nocti- premier élément de composés, ex. : bas latin noctilucus «qui luit pendant la nuit»; aequinoctium «égalité des jours et des nuits»; noctu adv. «pendant la nuit».

I. MOTS D’ORIGINE LATINE
   1. nuit, minuit, nuitée, nuitamment;
   2. équinoxe, équinoxal;
   3. nocturne, noctiluque, noctambule, noctambulisme, noctuelle.

II. MOTS SAVANTS D’ORIGINE GRECQUE
   1. nyctalope;
   2. nycthémère.(1)
«Francisation du lat[in] class[ique] aequinoctium, composé de aequus ‘‘égal’’ et de nox ‘‘nuit’’, d'abord empr[unté] sous la forme equinoction […].»(2)

Quant à l’étymologie du mot automne :

«AUTOMNE (savant) : latin autumnus(1)
Empr[unt] tardif au lat[in] autumnus, au sens propre […]; peu de netteté de l’automne par rapport à l’été, d’où en fr[ançais] pop[ulaire] et rural l’emploi d’après-août pour automne […]; […] aost s’oppose à esté; en lat[in] impérial, neutre de l’adj[ectif] subst[antif] autumna (tempora) d’où le fr[ançais] a pu directement provenir; le genre masc[ulin] reparaît à partir du XIIIe s[iècle] mais ne l’emporte qu’à l'époque moderne.(3)
Sur ce, je vous souhaiterai donc un bel automne, doux, frais et ensoleillé, même avec, malheureusement, ses nuits qui s’accroîtront jusqu’au solstice de décembre.

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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]
(2) Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL)
(3) CNRTL

jeudi 22 septembre 2011

La faute du jeudi – catégories ‘typographie’ et ‘uniformité’

→«OPÉRATION BON PIED, BON OEIL»,
«PIÉTONS et CONDUCTEURS»,
«AU PASSAGE, ON SE FAIT DE L’ŒIL!»←

ŒIL
«Ligatures en saisie. On doit utiliser œ, sauf dans les mots suivants et leur famille : groenlandais, moelle et moellon, puis tous les mots commençant par le préfixe co suivi d’un e : coefficient, coentraîneur, coentreprise, coercition, coexistence, etc.»(1)

CORRECTION*
«BON PIED, BON ŒIL» et
«AU PASSAGE, ON SE FAIT DE L’ŒIL!»

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* Quand j’ai pris la photo, ce qui m’a d’abord agacée, ce n’était pas tellement la faute du premier œil qui ne présentait pas la ligature, plutôt que le fait qu’on ait écrit deux fois le mot œil, une fois sans et une fois avec ligature, ce qui à mon avis, représentait une faute importante d’uniformité. Si la ligature avait été facultative (ce qui n’est pas le cas, comme on le constate ci-dessus), il aurait minimalement fallu utiliser la même typographie les deux fois.
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NB : Mes excuses concernant la qualité de la photo : elle a été prise à l’aide d’un cellulaire alors que je démarrais à une intersection, et j’ai malheureusement été incapable de retrouver une autre affiche que j’aurais pu mieux rephotographier par la suite. J’apprécie à l’avance votre indulgence. :)
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(1) [RAMAT, Aurel (2008). Le Ramat de la typographie, 9e édition. Aurel Ramat éditeur, Montréal.]

mercredi 21 septembre 2011

Consensus collectif difficile

Aujourd’hui, j’aborderai le sujet épineux de l’accord du verbe qui suit un nom collectif ayant un complément pluriel, accord qui me donne souvent de sérieux mots de tête. «Un nom collectif est un nom singulier qui représente un ensemble d’éléments»(1), c’est-à-dire qu’il «désign[e] sous une forme au singulier un ensemble ou une collection d’êtres ou d’objets [et] a pour complément un substantif au pluriel»(2).

Il semble qu’il y ait une règle de base à appliquer, mais qui n’est pas nécessairement efficace à tous les coups, et qu’on doive plutôt se fier à notre jugement. Les ouvrages de référence nous indiquent ainsi que «[l]e verbe (ou l’adjectif) reste au singulier quand le collectif est précédé de l’article défini ou d’un adjectif démonstratif ou possessif »(3). Le Français au bureau(1) nous énonce la même règle, mais en spécifiant pour sa part que dans pareils cas, «l’accord se fait généralement avec le collectif»(1). Ce généralement est passablement important, comme nous le démontreront les explications qui suivent, puisqu’on avance aussi que «[t]rès souvent le singulier et le pluriel sont possibles : La majorité des députés a ou ont voté la censure.»(2)

Quant à l’accord lorsque le collectif est précédé de un ou une, nos références font plus ou moins consensus. D’un côté on nous dit que «[a]près un collectif précédé de un ou une, l’accord se fait le plus souvent avec le complément»(1), et de l’autre on avance que «l’accord se fait soit avec le collectif (le verbe se met alors au singulier), soit avec le complément (le verbe se met au pluriel), selon que l’un ou l’autre mot frappe ou doit frapper plus l’esprit»(3). On semble ici, encore plus qu’avec l’article défini, avoir le choix.

Ce qui paraît donc important de reternir, c’est que c’est fondamentalement le sens qui appelle l’accord. «Avec l’accord au singulier, on envisage [le collectif] comme un bloc»(2), alors qu’«avec l’accord au pluriel […], on considère la pluralité, l’addition des [individus ou des objets]»(2). Le choix de l’accord pourra donc témoigner «le sens ou l’intention quant à l’état ou à l’action exprimée par le verbe»(1). Si l’on revient à l’exemple utilisé précédemment, La majorité des députés a voté n’aura pas exactement le même sens que La majorité des députés ont voté : les deux phrases sont grammaticalement correctes, toutefois la première met l’accent (et non l’*emphase) sur les députés comme formant une entité, un tout, alors que la deuxième souligne plutôt la pluralité des votes de chacun des députés.

Enfin, certaines expressions appellent toutefois systématiquement soit le singulier, soit le pluriel.
Après la majorité de, la totalité de, le verbe se met généralement au singulier. Après une majorité de, un minorité de, une quantité de, quantité de, l’accord du verbe se fait généralement avec le complément.

Après la majeure partie de ou des, l’accord du verbe se fait avec le complément.

Après les collectif la plupart des, beaucoup de, bien des, une infinité de, trop de, combien de, tant de ou nombre de, l’accord du verbe se fait avec le compléments exprimé ou sous-entendu.

Après d’autres collectifs ou d’autres noms exprimant une quantité (comme dizaine, nombre, pile, tas, etc.) suivis d’un complément, l’accord se fait souvent avec ce complément. Il faut toutefois tenir compte du sens donné aux divers éléments de la phrase. Dans bien des cas, les deux accords sont possibles.

Après un collectif ou une expression exprimant la quantité comme la plupart, un grand nombre, beaucoup, plusieurs, etc., ayant pour complément le pronom nous ou vous, le verbe se met presque toujours à la troisième personne du pluriel. Toutefois, après la plupart d’entre nous, le verbe peut se mettre à la première personne du pluriel pour souligner que la personne qui parle ou écrit s’inclut dans le groupe.(1)
En espérant que, bien que je n’aie pu vous fournir une «recette magique» expliquant de façon non ambiguë dans quelles circonstances l’accord du nom collectif doit être fait soit au singulier, soit au pluriel, que vous ayez toutefois apprécié ces précisions qui devraient vous aider à vous démêler un peu, dorénavant. Sur ce, bons accords!

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(1) [GUILLOTON, Noëlle et Hélène CAJOLET-LAGANIÈRE (2005). Le français au bureau, 6e édition. Les publications du Québec.]
(2) [COLIN, Jean-Paul (2006). Dictionnaire des difficultés du français. Éditions Le Robert, collection Les usuels, Paris.]
(3) [THOMAS, Adolphe V. (2007). Dictionnaire des difficultés de la langue française. Éditions Larousse, Paris.]

mardi 20 septembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Lu dans un article paru le 17 août 2011 sur le site Les nouvelles Sympatico.ca. «Transports Québec prévoit retirer les paralumes installés il y a deux ans dans le tunnel Dorval sur l’autoroute 13, entre les autoroutes 20 et 40.»

PARALUME
«nom masculin (de lumière) Écran translucide ou opaque permettant de masquer les lampes à la vue directe, pour un angle déterminé.»(1)

«nom masculin singulier; écran qui atténue la luminosité»(2)

«masculin; écran opaque ou translucide bloquant ou atténuant la lumière directe. La porte-parole du ministère, Caroline Larose, a expliqué que la structure qui est tombée sur la chaussée est un paralume, un écran installé pour éviter que les automobilistes soient aveuglés par le soleil.»(3)

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(1) Site Web Larousse.com
(2) Site Web dictionnaire reverso.net
(3) Site Web wiktionary.org

lundi 19 septembre 2011

L’été s’en vient, l’été s’en va


À quelques jours de l’arrivée de l’automne, un petit souvenir de verdure et de soleil sur fond de rails, pris au premier jour de l’été.

samedi 17 septembre 2011

Entendu – no 15

Quand : Le dimanche 28 août 2011, vers 18h50.
Où : Sur les ondes de Météomédia.
Contexte : Patrick de Bellefeuille commente les conditions météo causées par la tempête tropicale Irène, plus particulièrement les accumulations d’eau sur les routes.

«Il faudra faire attention au risque d’aquaplanning*.»

Nouvelle définition d’aquaplanning : Quand on organise son horaire en fonction de l’eau, de la pluie. :)

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* Patrick de Bellefeuille aura plutôt voulu parler d’aquaplanage** : «Perte d’adhérence d’une automobile sur une chaussée glissante.»(1)
** Zut! Après vérification dans le Multidictionnaire(1), aquaplaning (avec un seul n toutefois) est un synonyme accepté d’aquaplanage. Ça tue mon gag. :( Bah, au moins j’aurai appris un nouveau mot! :) Et vous?
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

vendredi 16 septembre 2011

Chaussure, inculquer et récalcitrant

Qu’ont en commun, selon vous, les mots chaussure, inculquer et récalcitrant? Il semble que la réponse réside dans une partie du corps…

«latin calx, calcis : talon.
Du nom calx était dérivé un nom calceus désignant la chaussure, auquel le latin populaire préféra le féminin calcea, qui aboutit en ancien français à chausse, tandis que le verbe dérivé calceare aboutissait à chausser.
Quand, à la fin de l’Antiquité, on passa de la mode des vêtements drapés à celle des vêtements ajustés, on se servit du nom calcea pour désigner les vêtements ajustés aux jambes. D’où l’ambiguïté du nom chausses qui pouvait aussi bien s’appliquer aux souliers qu’aux bas et aux culottes. Cette ambiguïté fut levée par la création des dérivés chaussettes et chaussures. […]
Également dérivé de calx, le verbe latin calcare signifiait ‘‘fouler à coups de talon’’. Il passa en italien, avec un sens élargi : calcare y signifie ‘‘fouler’’, ‘‘presser’’.
[…]
Un composé du latin calcare, inculcare (in-calcare) signifiait ‘‘renforcer à coups de talon’’. Il connut surtout un emploi métaphorique, avec le sens d’ ‘‘enfoncer dans l’esprit de quelqu’un’’. Notre verbe inculquer, qui connote une certaine contrainte pédagogique, garde le souvenir du temps lointain où l’on ‘‘inculquait’’ à coups de talon.
Enfin, on doit supposer l’existence d’un dérivé calcitrum signifiant ‘‘coup de talon’’, d’où venait un verbe calcitrare, ‘‘lancer des coups de talon’’, et un recalcitrare, ‘‘lancer des coups de talon en arrière’’. Un animal récalcitrant, au lieu de se laisser docilement mener, décoche des coups de sabot à quiconque s’approche de lui par derrière.»(1)

«CHAUSSE famille du latin calx, calcis ‘‘talon’’, d’où 1) calcare ‘‘talonner’’, ‘‘fouler aux pieds’’ 2) inculcare ‘‘faire pénétrer en tassant avec le pied’’, ‘‘inculquer’’ 3) calcitrare ‘‘ruer, regimber’’ (sens propre et fig.) 4) calceus et latin vulgaire calcea ‘‘chaussure’’, d’où calceare ‘‘chausser’’ et en latin vulgaire ‘‘remblayer’’.

I. MOTS POPULAIRES
   1. chausses, haut-de-chausses (désigne plus particulièrement la culotte, par opposition à bas-de-chausses, bientôt abrégé en bas), chaussette, chausson;
   2. chausser, déchausser, déchaux, rechausser, chaussure, chaussepied;
   3. chaussée, rez-de-chaussée;
   4. cocher;
   5. cauchemar;
   6. chausse-trappe.
II. MOTS D’EMPRUNT
   1. caleçon;
   2. calquer, calque, décalquer, décalque, décalcomanie, photocalque.
III. MOTS SAVANTS
   1. inculquer;
   2. récalcitrant.»(2)

En espérant que ces billets étymologiques vous inculquent des connaissances de façon pédagogiquement plus agréable qu’à coups de talon.

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(1) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]
(2) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 15 septembre 2011

La faute du jeudi – catégorie ‘orthographe’

→«Votre courriel sera alors ajouté ou effacé
de notre liste d’envoie.»←

ENVOI
«n. m. 1. Action d’envoyer. 2. Chose envoyée. SYN. colis; courrier; paquet.»(1)
«n. m. Action d’envoyer. Envoi d’une lettre, d’un message par la poste; envoi de marchandises.expédition. FIG. action, opération par laquelle un plan, un programme est déclenché, inauguré. ◊ Ce qui est envoyé. Un envoi recommandé. J’ai reçu votre envoi le 18 courant.colis.»(2)

CORRECTION
«Votre courriel sera alors ajouté ou effacé de notre liste d’envoi
Ou, mieux encore, à mon avis :
«Votre courriel sera alors ajouté ou effacé de notre liste d’envois.» (une liste comprenant habituellement plus d’un élément, donc, plus d’un envoi, ici)

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mercredi 14 septembre 2011

Insécurité lexicale

La sécurité est une préoccupation quotidienne et répandue, et ce, à toutes sortes de points de vue : la sécurité personelle, la sécurité Internet, la sécurité nationale, etc. Il semble toutefois qu’on ne sache malheureusement pas en parler d’une façon linguistiquement correcte. J’entendais récemment, soit le 24 août dernier, le journaliste Jean-François Bélanger, sur les ondes du Téléjournal de Radio-Canada, à 18h20, prononcer la phrase suivante, à propos de la recherche de Kadhafi en Libye : «La capitale est tout sauf sécure

«L’adjectif sécure n’existe pas en français. On évitera donc d’employer cet emprunt à l’anglais secure; on lui préférera les adjectifs sécuritaire, solide, stable, sûr, assuré ou sécurisé, les expressions en sûreté, en sécurité, à l’abri, en lieu sûr ou encore d’autres tournures, en s’inspirant des exemples suivants.

Exemples fautifs :
- Te sens-tu à l’aise? Tu n’as pas l’air sécure.
- Je me sens sécure ici.
- Est-ce que l’endroit est sécure? Je ne veux pas courir de risques.
- Es-tu certain que le nœud est sécure?
- Nous vous offrons un accès sécure pour votre magasinage en ligne.

On écrira plutôt, par exemple :
- Te sens-tu à l’aise? Tu n’as pas l’air tranquille.
- Je me sens en sécurité ici.
- Est-ce que l’endroit est sûr? Je ne veux pas prendre de risques.
- Es-tu certain que le nœud est bien solide?
- Nous vous offrons un accès sécurisé pour votre magasinage en ligne.»(1)

De la même façon, insécure n’est pas davantage un terme accepté en français, bien qu’on l’entende passablement souvent pour décrire des personnes.

«L’adjectif insécure n’existe pas en français, malgré sa ressemblance avec le nom insécurité. On évitera donc d’employer cet emprunt à l’anglais insecure, auquel on préférera des expressions comme anxieux, inquiet, peu sûr, dangereux, vulnérable, précaire, fragile, etc.

Exemples fautifs :
- Comment te sens-tu? Tu sembles insécure.
- Je suis très insécure depuis cet étrange accident.
- J’ai hâte de partir, car cet endroit me semble insécure.
- Ton nouvel emploi me semble bien insécure.
- Je n’aurais pas cru qu’un site Internet pouvait être aussi insécure.

On écrira plutôt, par exemple :
- Comment te sens-tu? Tu sembles anxieuse.
- Je suis très inquiet depuis cet étrange accident.
- J’ai hâte de partir, car cet endroit me semble dangereux.
- Ton nouvel emploi me semble bien précaire.
- Je n’aurais pas cru qu’un site Internet pouvait être aussi vulnérable(2)

Ainsi, n’est-il pas beau et agréable de constater la diversité lexicale que nous offre notre belle langue française pour bien rendre compte de nos idées? N’en tient plus qu’à vous d’appliquer à bon escient cette kyrielle de synonymes.

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(1) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française (OQLF)
(2) Banque de dépannage de l’OQLF

mardi 13 septembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Contexte :
Lu dans Un taxi la nuit, tome II, de Pierre-Léon Lalonde, en page 111. «Quinze ans à bord de ce mirador roulant à observer vivre mes contemporains.» L’auteur fait ici référence à son taxi.

MIRADOR*
«n. m. Point d’observation, de surveillance d’un camp de détention.»(1)

«n. m. 1. Belvédère au sommet d’un bâtiment, balcon ou loge vitrée en encorbellement(a). 2. Poste d’observation et de guet, et SPÉCIALT Construction surélevée servant de poste de surveillance dans un camp de prisonniers.»(2)

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* Je trouvais amusant de présenter ce mot aujourd’hui particulièrement, d’abord parce que je l’ai lu la semaine dernière, mais surtout parce que le téléroman Mirador commence officiellement ce soir à Radio-Canada. Je ne sais pas vous, mais pour ma part, je croyais jusqu’à aujourd’hui qu’il s’agissait simplement d’un nom propre.
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(a) ENCORBELLEMENT
«Position d’une construction (balcon, corniche, tourelle) en saillie sur un mur, soutenu par des corbeaux, des consoles; cette construction elle-même.»(2)
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 12 septembre 2011

Tribus automobiles

Saviez-vous que les voitures aimaient à se tenir en groupe, avec d’autres autos de même couleur?

Que ce soit au centre d’achats du quartier :

À l’épicerie :

Ou en zone résidentielle :

On pourrait presque dire qu’elles ont l’esprit grégaire...
:)

samedi 10 septembre 2011

Entendu – no 14

Quand : Le 24 février 2011, en soirée.
Où : À l’émission Fidèles au poste, à TVA.
Contexte : À titre d'invitée, Ginette Reno raconte ses nombreuses participations à l’émission Jeunesse d’aujourd’hui.

«Si y’avait une…, mettons, une chanteuse qui pouvait pas euh… elle était… entk, elle était malade, bon; y v’naient m’chercher au Café provincial sur…, dans c’temps-là c’tait Dorchester et Saint-Hubert, pis y v’naient pis euh…, j’chantais moi, tusuite, à brûle sur point

Éric Salvail (l’animateur) a toutefois repris ses mots, en prenant soin de dire «à brûle-pourpoint».

BRÛLE-POURPOINT (À)
«loc. adv. Brusquement. SYN. abruptement; tout à coup.»(1)
«1. VX À bout portant. 2. FIG. et MOD. Sans préparation, brusquement. → abruptement(2)

Merci Éric.

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 9 septembre 2011

Défunt et fonctionnaire

Ici, je sens que bien des mauvaises blagues fuseront. Toutefois, il est quand même inusité de découvrir que les mots défunt et fonctionnaire sont issus d’une même racine.

«latin functus : qui a accompli son devoir.
Dérivé de functus, le nom functio signifiait ‘‘accomplissement’’. En est issu le français fonction. Fonctionnaire, dérivé de fonction, désigne à l’origine celui qui s’acquitte de la tâche administrative qui lui est attribuée. Le composé fato defunctus (fato est l’ablatif de fatum, ‘‘destin’’) signifiait littéralement ‘‘qui s’est acquitté de son destin’’; c’était donc un synonyme de ‘‘mort’’. L’expression fut abrégée en defunctus, d’où est issu le français défunt(1)

«DÉFUNT famille du latin fungi, functus ‘‘s’acquitter de’’, ‘‘accomplir’’ d’où functio, -onis ‘‘accomplissement’’ et defungi ‘‘s’acquitte entièrement’’, part. passé defunctus ‘‘qui s’est acquitté de la vie’’, ‘‘mort’’.
1. défunt (savant);
2. fonction (savant) ‘‘rôle d’un élément dans son ensemble’’, ‘‘profession’’, ‘‘service public’’, fonctionner, fonctionnement;
3. fonctionnaire, fonctionnarisme, fonctionnariser;
4. fonctionnel ‘‘relatif aux fonctions des organes’’, ‘‘bien adapté à sa destination’’, fonctionnellement;
5. fongible ‘‘qui se consomme par l’usage et ne peut être restitué’’, fongibilité.»(2)

Aurez-vous plus d’estime pour nos amis les fonctionnaires, maintenant que vous savez que leur titre signifie «qui a accompli son devoir»?

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(1) [GARRUS, René (2005). Les étymologies surprises. Éditions Belin, Paris.]
(2) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 8 septembre 2011

La faute du jeudi – catégorie ‘orthographe’

→«Lybie: un jeune Canadien
parmi les rebelles meurt»←

LIBYE
«État d’Afrique du Nord. Superficie : 1 760 000 km2. Population : 5,4 millions d’habitants. Capitale : Tripoli.»(1)
«Nom propre féminin. Pays du nord de l’Afrique, situé entre l’Algérie et l’Égypte.»(2)

CORRECTION
Libye
: un jeune Canadien parmi les rebelles meurt

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(1) Site Web L’internaute
(2) Site Web Wiktionary

mercredi 7 septembre 2011

Quand vos soucis d’argent vous causent des soucis langagiaires (sic)

Si vous avez des soucis financiers, pouvez-vous aussi parler de soucis pécuniers?

PÉCUNIAIRE
«forme Adjectif à forme unique, auquel il est inutile de substituer un *pécunier, pécunière, formes fantaisistes. ♦ sens Il renvoie à la notion d’ ‘‘argent monnayé’’.»(1)

«Emprunté au latin pecuniarius (par l’intermédiaire de pecunia, pécune, argent), pecuniaire a pour ancêtre pecus, le troupeau, celui-ci symbolisant dans l’ancienne Rome la richesse. L’orthographe pécunier, qui se rencontre parfois, avec pour féminin pécunière […], est signalée par Littré avec une citation […]. Cette orthographe, qui est une faute eu égard à l’étymologie, n’est plus acceptée aujourd’hui. Au masculin comme au féminin, il faut dire (et écrire) pécuniaire […].»(2)

«On utilise parfois à tort le mot pécunier pour pécuniaire. En effet, la forme pécunier n’existe pas et constitue un barbarisme*.

Le mot pécuniaire vient du latin pecuniarius, de pecunia ‘‘argent’’. En français, l’adjectif pécuniaire signifie ‘‘qui a rapport à l’argent’’ ou ‘‘qui est en argent’’. Cet adjectif est soit masculin (un intérêt pécuniaire, soit féminin (une difficulté pécuniaire).

Exemples :
- Ce poste comporte de nombreux avantages pécuniaires. (et non : pécuniers)
- Ces étudiants bénéficient de l’appui pécuniaire de leurs parents. (et non : pécunier)
- L’État fournit une aide pécuniaire aux pays africains. (et non : pécunière)
- Le plaignant a accepté un dédommagement pécuniaire. (et non : pécunier)

L’emploi fautif des adjectifs pécunier et pécunière pour pécuniaire peut s’expliquer par le fait que la finale en -iaire (que l’on prononce -ière) attribuée à un adjectif masculin, a pu paraître incongrue et l’usage populaire lui a naturellement substitué par erreur la finale en -ier.

Cette faute d’orthographe et de prononciation, que l’on trouve même chez certains grands auteurs, est peut-être causée par le rapprochement que l’on fait avec financier et financière. On évitera cette erreur en associant plutôt l’adjectif pécuniaire à l’adjectif monétaire, deux adjectifs qui sont aussi liés par leur sens.»(3)

«Il y a un intérêt pécunier évident.
L'adjectif est pécuniaire et non pécunier / pécunière. De même, on écrit bénéficiaire, auxiliaire, domiciliaire, pénitentiaire, judiciaire, fiduciaire et tertiaire, et non bénéficier / bénéficière, auxilier / auxilière, etc. En cas de doute, on peut remplacer pécuniaire par financier dans de nombreux contextes. Ici, on aurait pu dire : Il y a un intérêt pécuniaire évident ou Il y a un intérêt financier évident.»(4)

Sans les soucis langagiers, vos soucis pécuniaires deviendront peut-être un peu moins lourds à porter que vos anciens soucis pécuniers (sic).

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* BARBARISME
«n. m. Faute grossière de langage, emploi de mots forgés ou déformés, utilisation d’un mot dans un sens qu’il n’a pas. → impropriété, incorrection, solécisme**.»(5)
** SOLÉCISME
«Emploi syntaxique fautif, de formes existant par ailleurs dans la langue (ex. je suis été).»(5)
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(1) [COLIN, Jean-Paul (2006). Dictionnaire des difficultés du français. Éditions Le Robert, collection Les usuels, Paris.]
(2) [THOMAS, Adolphe V. (2007). Dictionnaire des difficultés de la langue française. Éditions Larousse, Paris.]
(3) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française
(4) BERTRAND, Guy. Le français au micro
(5) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

mardi 6 septembre 2011

Le mot nouveau du mardi

Lors d’une conversation avec ma mère le 2 juillet dernier, elle parlait de la femme du Prince William, Kate, en disant d’elle qu’elle était une simple roturière.

ROTURIER, IÈRE
«adj. et n. m. et f. Qui n’est pas noble. ANT. aristocrate.»(1)

«DICACT. ou LITTÉR. 1. Qui n’est pas noble, qui est de condition inférieure, dans la société féodale et sous l’Ancien Régime. → plébéien(a). 2. n. Personne qui n’est pas née noble et n’a pas été anoblie. → plébéien; manant(b), serf(c), vilain; bourgeois. ◊ CONTR. Aristocrate, gentilhomme, noble, patricien(d)(2)

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(a) PLÉBÉIEN
«n. et adj. 1. ANTIQ. Romain, Romaine de la plèbe. 2. VEILLI Homme, femme du peuple.»(2)
(b) MANANT
«n. m. 1. Au Moyen Âge, Habitant d’un bourg ou d’un village, et SPÉCIALT Roturier assujetti à la justice seigneuriale. → vilain. 2. PÉJ. et VEILLIpaysan. 3. FIG. et VXrustre. ◊ CONTR. Gentilhomme.»(2)
(c) SERF, SERVE
«n. HIST. Sous la féodalité, Personne qui n’avait pas de liberté personnelle complète, était attachée à une terre, frappée de diverses incapacités et assujetties à certaines obligations et redevances. → servage(2)
(d) PATRICIEN
«n. et adj. 1. HIST. ROM. Personne qui appartenait, de par se naissance, à la classe supérieure des citoyens romains, et jouissait de nombreuses prérogatives. → noble. 2. LITTÉR. Aristocrate, noble. ◊ CONTR. Plébéien, populaire, prolétaire(e), prolétarien.»(2)
(e) PROLÉTAIRE
«n. ANTIQ. Citoyen de la dernière classe du peuple, exempt d’impôt, et ne pouvant être utile à l’État que par sa descendance. 2. MOD. Personne qui ne possède pour vivre que les revenus de son travail (salaire), qui exerce un métier manuel ou mécanique et à un niveau de vie relativement bas dans l’ensemble du groupe social (opposé à capitaliste, bourgeois).»(2)
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

lundi 5 septembre 2011

Apparente contradiction (ou ‘bien connaître la signification des panneaux routiers’)


Trouvez pas qu’il y a quelque chose d’un peu incongru, voire contradictoire ici?

Initialement, je croyais qu’il s’agissait d’une erreur. Comment peut-on à la fois respecter le panneau de prescrition qui oblige à aller tout droit ou à tourner à droite, ET respecter celui qui oblige à tourner à gauche si on se tient dans la voie de gauche?

Eh bien la réponse se trouve dans le fait que le panneau jaune orangé n’est qu’un avertissement de la signalisation à venir, pour l’intersection suivante, et ne s’applique pas à l’intersection photographiée. Aaaah!

Il faut croire que je n’ai pas dû être la seule que ça a mêlée à première vue, puisque depuis la photo (prise en mai 2010 à l’intersection des rues Beaver Hall et Viger [on aperçoit la tour de la Bourse en arrière plan], sur Beaver Hall, en direction sud), la signalisation a été modifiée.

samedi 3 septembre 2011

Entendu – no 13

Quand : En mai dernier.
Où : À Tout le monde en parle, les meilleurs moments, à Radio-Canada.
Contexte : Lise Dion parle de son récent livre racontant l’histoire de sa mère adoptive qui a vécu en France pendant la deuxième guerre mondiale.

«Je pense pas que les dirigeantes pensaient que les Canadiennes se feraient arrêter juste parce qu’elles étaient des sujets britanniques, t’sais. C’est ça l’aberrance. C’est qu’elle a perdu six ans de sa vie : cinq ans en camp de concentration, un an à l’hôpital, sans procès, juste parce qu’elle était sujet britannique.»

J’ai cherché aberrance dans le dictionnaire :

ABERRANCE
«n. f. Propriété d’une valeur qui s’écarte considérablement de la moyenne. NOTE. Ne pas confondre avec aberration, déviation du bon sens.»(1)
«SC. Dans un ensemble d’observations, Caractère d’une grandeur qui s’écarte beaucoup de la valeur moyenne.»(2)

Nos artistes ne semblent plus savoir s’exprimer. Une vraie aberrance (sic)!

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

vendredi 2 septembre 2011

Temps et température

Je dédie ce billet à une très bonne amie à moi, Annie B., qui avait, à l’époque pas si lointaine de nos études secondaires et collégiales où l’on s’écrivait beaucoup, rédigé un passage où elle s’interrogeait sur la pertinence ou l’utilité de la lettre s à la fin du mot temps. Son questionnement se résumait à peu près à ceci (de mémoire) : «Pourquoi est-ce qu’on met on s à temps? On ne dit pas tempssssss que je sache!? Pas plus qu’on ne dit tempsérature!?» Chère Annie, et chers lecteurs, c’est aujourd’hui que nous éclaicirons ce mystère.

«TEMPS famille du latin tempus, -oris (anciennement tempes, -eris) ‘‘temps’’ et ‘‘saison, époque de l’année’’, d’où latin impérial primum tempus ‘‘printemps’’ – Dérivés anciens formés sur la base tempes- : a) tempestas, -atis, à l’origine ‘‘temps’’, puis classique ‘‘temps qu’il fait’’, ‘‘état de l’atmosphère’’ et plus particulièrement ‘‘mauvais temps’’ b) tempestus et tempestivus ‘‘qui vient à temps’’, ‘‘opportun’’, et l’antonyme intempestivus. – Dérivés récents formés sur la base de tempor- : temporalis ‘‘temporel’’ et ‘‘temporaire’’; latin impérial temporarius et bas latin temporaneus ‘‘id.’’ d’où contemporaneus ‘‘de la même époque’’. On a émis l’hypothèse que tempus se rattacherait à la racine tem- ‘‘couper’’ → TEMPLE et que son sens premier serait ‘‘division du temps’’. Ainsi pourrait s’expliquer le rapport, très clair morphologiquement, de tempus et de temperare ‘‘mélanger’’, ‘‘adoucir’’, en admettant que ce mot présente la même métaphore que le français ‘‘couper le vin’’ (→ TREMPER).

I. MOTS POPULAIRES OU EMPRUNTÉS
   1. temps, longtemps, quatretemps, contretemps;
   2. printemps, printanier;
   3. tempête, tempêter, tempétueux;
   4. tempo.
II. MOTS SAVANTS
   A. BASE -tempor-
      1. temporel, temporalité;
      2. temporiser, temporisateur, temporisation;
      3. contemporain, contemporanéité;
      4. temporaire.
   B. BASE -tempes-
      intempestif.»(1)

«TREMPER famille du latin temperare ‘‘mélanger’’ et ‘‘modérer’’, peut-être fondé sur la racine tem- ‘‘couper’’ → TEMPS et TEMPLE; d’où obtemperare ‘‘se modérer devant quelqu’un’’; temperatura ‘‘composition bien équilibrée’’ et, avec ou sans coeli ‘‘du ciel’’, ‘‘température’’; temperies ‘‘alliage, juste proportion’’ et ‘‘température’’; intemperies ‘‘état déréglé’’ et ‘‘inclémence de l’atmosphère’’.»(1)

Chère Annie, et chers lecteurs, vous constatez donc comme moi que les mots temps et température n’ont pas directement la même racine, le premier provenant de tempus («temps, saison») et le second provenant de temperare («mélanger, modérer»), bien que les deux pourraient avoir comme racine commune tem- («couper»).

Une bien bonne raison de ne pas dire (ou écrire) tempsérature (sic), mais qui ne nous empêcherait sûrement pas non plus d’écrire temp (sic) ou même ten (sic). :)

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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

jeudi 1 septembre 2011

La faute du jeudi – catégorie ‘orthographe’

→ «Un ajustement de point de vu s’imposera, …» ←

POINT DE VUE
«3. (FIG.) Perspective, aspect sous lequel on envisage une question. Le point de vue économique. SYN. angle; optique.»(1)
«2. (ABSTRAIT) Manière particulière dont une question peut être considérée. → aspect, côté, optique, perspective. 3.Opinion particulière.»(2)

CORRECTION
Un ajustement de point de vue s’imposera, …

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]