mercredi 31 août 2011

Le bon moment : le moment-um!

Certains termes sont tellement «passés dans l’usage» qu’on ne se doute à peu près pas qu’ils sont fautifs. La phrase suivante, entendue dans le téléroman Les sœurs Elliot (1re saison, 2e épisode) : «On va rater le momentum» en est ici un bel exemple.

MOMENTUM
«Anglisicme pour impulsion, circonstances (favorables), lancée. Il faut profiter des circonstances (et non du *momentum).»(1)

«Momentum est un mot latin qui tente depuis peu de se faufiler en français par l’intermédiaire de l’anglais; c’est un terme à la mode dont on use et abuse depuis quelque temps, notamment dans le langage journalistique. Plusieurs équivalents français peuvent lui être substitués selon le contexte : élan, impulsion, lancée, force, essor, allure, vitesse (de croisière), rythme, dynamisme, vigueur, énergie, conjoncture (favorable) ou conditions (favorables), etc.

Le mot est souvent employé dans des expressions telles que profiter du momentum, créer un momentum, avoir le momentum, garder le momentum, qui pourraient être rendues par des tours comme profiter de l’impulsion du moment, de circonstances favorables, ou encore créer une dynamique, avoir le vent en poupe, continuer sur sa lancée, garder le rythme, être porté par, etc. On parle également souvent d’un momentum favorable pour dire que le temps, la situation, la conjoncture se prête bien, ou est propice, à une action quelconque.

Il ressort qu’avec autant d’équivalents pouvant rendre la même notion, et permettant même de subtiles nuances, la langue française n’a aucun besoin de cet anglicisme.

Exemples fautifs :
- Une victoire dans le débat donnerait un momentum à la campagne du candidat.
- En politique, les plus expérimentés savent profiter du momentum.
- Cette conférence internationale devrait permettre de créer le momentum politique indispensable à la relance du processus de paix.
- Après avoir facilement remporté la première manche, le favori a perdu son momentum et a finalement dû s’incliner devant son adversaire.

On dira plutôt :
- Une victoire dans le débat donnerait une avance (ou assurerait une longueur d’avance) au candidat dans la campagne.
- En politique, les plus expérimentés savent profiter de l’impulsion du moment.
- Cette conférence internationale devrait permettre de créer une dynamique indispensable (ou une conjoncture favorable) à la relance du processus de paix.
- Après avoir facilement remporté la première manche, le favori a perdu son élan (ou n’a pas su garder le rythme) et a finalement dû s’incliner devant son adversaire.»(2)

Les trois sœurs Elliot auraient ainsi mieux fait de dire «On va rater les circonstances favorables», ou encore «On va rater l’occasion, le moment clé»… Ce qui, bien évidemment, ne les aurait pas empêchées de rater ledit moment, de toute façon.

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française

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