mercredi 17 novembre 2010

Le mystère de la validation de titres de transport en commun, dans la belle région de Montréal

Un ami et collègue, avec qui je prends quotidiennement le train, a voulu me raconter ce qui suit, alors qu’on discutait des bizarreries qu’on pouvait entendre prononcées par des gens autour de nous, dans diverses situations. Il commença :

– J’étais à la billeterie, et une dame devant moi voulait savoir où faire valider son billet. Sais-tu ce qu’elle a demandé?
– Où elle pouvait le faire composter?
– …

Silence et air complètement interloqué de mon interlocuteur, qui lui, n’avait encore jamais entendu le terme composter autrement que pour définir l’action de faire du compost. Il est vrai que le terme n’est pratiquement pas utilisé au Québec.

COMPOSTER
«1. Améliorer un sol avec du compost.
2. Perforer au composteur.»(1)

COMPOSTEUR
«Appareil servant à perforer et à dater des documents, des billets (de métro, de train, etc.).»(1)

Par contre, nous avons tous deux continué de nous questionner sur les termes qui ‘devraient’ être utilisés au Québec, puisque personne n’utilise vraisemblablement composter. Lui a suggéré oblitérer, dans l’optique où il s’agit d’un sceau qui rend le billet ou le timbre utilisable qu’une seule fois, alors que pour ma part, je me suis demandé si le terme n’était pas réservé qu’aux timbres-poste.

OBLITÉRER
«Recouvrir un timbre d’un cachet afin d’empêcher qu’il serve à nouveau.»(1)

Enfin, dans le même ordre d’idées, je me suis finalement questionnée à savoir si le terme étamper serait approprié, pressentant que son usage devait lui aussi être limité aux étampes. J’étais toutefois loin de me douter du véritable sens d’étampe.

ÉTAMPER
«Travailler une pièce métallique à l’étampe.
FORME FAUTIVE
*étamper un document. Anglicisme au sens de marquer, apposer un tampon, un timbre sur un document, timbrer un document(1)

ÉTAMPE
«Outil servant à produire des empreintes sur des pièces métallique.
FORME FAUTIVE
*étampe. Anglicisme au sens de cachet, timbre, tampon encreur(1)

Ainsi, on se retrouve devant une situation fort intéressante. Aucun des termes définis précédemment ne rend adéquatement compte de la réalité montréalaise qui consiste à faire valider son billet de façon électronique. À l’ère du numérique, le compostage est impropre, puisqu’on ne perfore plus les billets. L’oblitération est impropre aussi, puisqu’elle se limite aux services postaux. Enfin, il n’est pas non plus question d’étampe ni même de cachet, de timbre ou de tampon.

Réfléchissons… Que fait la machine électronique lorsqu’elle valide notre billet? Hmmm… Ah! Elle y inscrit la date et l’heure. Eurêka!

HORODATEUR
«Appareil imprimant la date et l’heure.»(1)

Voilà! La dame du début de notre anecdote aurait ainsi plutôt dû demander : «Où puis-je faire horodater mon billet s’il-vous-plaît?»

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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

1 commentaire:

  1. Ah ben calvasse, que le grand crique me croque, ou que le grand horodateur m'oblitère le compost!

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