mercredi 28 septembre 2011

Mot à usage unique? – no 3

Un peu comme je m’étais déjà posé la question pour escampette et rutilant, je me suis demandé si on pouvait utiliser l’adjectif preux ailleurs que dans l’expression un preux chevalier.

PREUX*
«adj. m. et n. m.
ADJECTIF MASCULIN (VX) Brave.
NOM MASCULIN (VX) Chevalier brave et vaillant. Les preux partirent guerroyer.»(1)
«adj. m. et n. m. VX (langue de la chevalerie) Brave, vaillant. ‘‘Roland est preux et Olivier sage’’ (Bédier; trad. ‘‘Chanson de Roland’’). Un preux chevalier. – N. m. Charlemagne et ses preux.CONTR. Lâche.»(2)

Si on ne fie qu’au contenu lexical des définitions, il semblerait qu’on puisse remplacer brave par preux, du moins en parlant d’un homme. Toutefois, si on prend la peine de regarder les informations relatives à l’usage, la note VX, qui signifie «vieux», nous informera sur le fait qu’il s’agit d’un «mot, sens ou emploi de l’ancienne langue, incompréhensible de nos jours et jamais employé, sauf par effet de style : archaïsme».(2) De plus, le Robert nous indique également que le terme en est un spécifique à la chevalerie.

Ainsi, bien qu’on ait maintenant appris qu’on puisse accoler le terme preux à autre chose qu’au nom chevalier (par exemple comme attribut d’un nom propre), il semble malheureusement qu’on ne puisse décemment l’utiliser dans la langue courante… sauf, bien entendu, pour créer un effet stylistique, ou encore, pour s’exprimer avec emphase lors de loisirs à saveur médiévale.

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* Remarquez comme l’adjectif (tout comme le nom, d’ailleurs) ne semble pas avoir de forme féminine, telle *preuse. Est-ce parce qu’à cette époque, les chevalières n’existaient pas? Ou alors, parce qu’elles étaient par définition même, lâches? Amusant, non?
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(1) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]
(2) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]

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