vendredi 1 juin 2012

Des négociations oisives?

Inspirée par les récents événements concernant les négociations entre les représentants étudiants et le gouvernement du Québec, j’ai eu une intéressante surprise en allant consulter, dans mon dictionnaire étymologique, la racine du mot négotiation et en constatant de quel mot il était issu.
OISEUX famille du latin otium «loisir», d’où otiosus «qui n’est pris par aucune affaire» : s’oppose à négotium «occupation, affaire», d’où negotiari «faire du commerce», 1er élément → NON.
1) oiseux (populaire) XIIe; ositius.
2) oisif (populaire) XIIIe : réfection, d’après oiseux, de l’ancien français oisdif XIIe «id.», peut-être issu de la contamination de oiseus et de voisdie «prudence» (dérivé de voisous «prudent», du latin vitiosus → VICE); oisiveté XIVe.
3) négoce XIIe «affaires», XVIIe «commerce» (savant) : negotium; négocier XIVe : negotiari; négociateur, négociation XIVe : negociator, negotiatio; négociant XVIe : latin negotians, -antis, part. présent de negotiari, peut-être par l’italien negoziante; négociable XVIIe.(1)
Eh bien voilà qui est plus clair : négociation serait construit du préfixe neg-, «non», et de la racine otiatio, qui aurait pour sens «loisir, libre», et de laquelle on tire aujourd’hui l’adjectif oisif. On peut donc penser que des négociations requièrent, intrinsèquement, beaucoup de travail, si on se fie à la racine du mot… L’auriez-vous cru? Et surtout, y croyez-vous toujours…?

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(1) [PICOCHE, Jacqueline (2008). Dictionnaire étymologique du français. Dictionnaires Le Robert, Paris.]

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