mercredi 30 novembre 2011

Courir à sa perte?

Aujourd’hui, je vous parlerai d’un mot qui est régulièrement utilisé de façon incorrecte lors de discours à caractère financier, et qu’on entend aussi dans d’autres contextes, parfois correctement, parfois incorrectement : le verbe encourir. Par exemple, si vous écoutez les nouvelles et qu’on dit d’un criminel que sa peine encourue est de deux ans, mais qu’on dit ensuite au sujet du gouvernement qu’il doit justifier les dépenses encourues, quelle(s) utilisation(s) est (sont) correcte(s), à votre avis?

ENCOURIR
«v. tr. LITTÉR. Se mettre dans le cas de subir (qqch. de fâcheux). → mériter (cf. s’exposer à). Encourir une amende, des peines très sévères.»(1)

«v. tr. (LITT.) S’exposer à (quelque chose de fâcheux). Encourir une amende, un châtiment.
FORMES FAUTIVES
*encourir. Anglicisme au sens de engager (une dépense).
*encourir. Anglicisme au sens de contracter (une dette).
*encourir. Anglicisme au sens de subir (une perte).»(2)

Ainsi, on constate qu’il est incorrect d’utiliser le verbe encourir au sens de «contracter une dette», «engager une dépense» ou «subir une perte». Ce qu’il faut retenir, ce que lorsqu’on utilise le verbe encourir, il doit y avoir l’idée de s’exposer à quelque chose aux conséquences désagréables, ou risquer un danger, une peine. La dépense, la dette ou la perte sont certes des événements fâcheux, mais ce sont plutôt leurs conséquences qui amèneront des désagréments.

On pourrait ainsi dire :
La perte que j’ai subie m’a fait encourir le blâme de mes pairs.
J’ai encouru la honte de ma famille après leur avoir avoué l’énorme dette que j’avais contractée
.

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(1) [ROBERT, Paul (2004). Le nouveau Petit Robert. Paris.]
(2) [DE VILLERS, Marie-Éva (2007). Multidictionnaire de la langue française, 4e édition. Éditions Québec Amérique inc.]

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